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CLITHEROW, JOHN, officier, homme politique et administrateur colonial, né le 13 décembre 1782 à Essendon, Angleterre, fils aîné de Christopher Clitherow et d’Anne Jodrell ; décédé le 14 octobre 1852 à Boston House, Angleterre.
Descendant de sir Christopher Clitherow, qui fut lord-maire de Londres en 1635, John Clitherow entra dans l’armée britannique le 19 décembre 1799, à titre d’enseigne dans le 3e régiment des Foot Guards, lequel prit le nom de Scots Fusilier Guards en 1831. Il participa à la campagne d’Égypte de 1801, à l’expédition de Hanovre (République fédérale d’Allemagne) en 1805 et à celle de Walcheren, aux Pays-Bas, en 1809, et fut blessé à deux reprises pendant la guerre d’Espagne. Il atteignit le grade de colonel le 25 juillet 1821, celui de major général le 22 juillet 1830, puis fut promu lieutenant général le 23 novembre 1841.
En mars 1838, Clitherow arriva en Amérique du Nord britannique à titre de commandant du district militaire de Montréal. Quatre mois plus tard, lord Durham [Lambton*] lui demanda de siéger au Conseil spécial ; en effet, ce dernier avait révoqué les membres du conseil nommés par sir John Colborne* pour les remplacer par des civils et des militaires de son entourage. À son avis, il était nécessaire que les conseillers n’aient pas de liens de parti, et il forma le nouveau conseil dans l’intention, principalement, de sanctionner les mesures qu’il proposait pour venir à bout des problèmes entraînés par la rébellion de 1837. Comme les quatre autres militaires faisant partie de ce conseil de huit membres, dont le major général James Macdonell, Clitherow éprouvait quelque embarras à participer, même nominalement, au pouvoir législatif civil. Durham soutenait cependant que, si Clitherow ou les autres militaires devaient se retirer, il serait incapable de poursuivre son action ; Clitherow siégea donc au Conseil spécial du 9 juillet au 2 novembre 1838, soit le lendemain du départ de Durham pour l’Angleterre.
Au début de septembre 1838, Clitherow s’alarma de la fréquence et de la nature des rapports du service de renseignements en provenance de la région située près de la frontière des États-Unis, rapports voulant que des troubles se préparent. Il se rendit à l’île aux Noix afin de vérifier lui-même l’exactitude de ces informations et retourna à Montréal convaincu que les rapports étaient grandement exagérés. Ce fut peut-être son appréciation de la situation régnant alors au sud du Saint-Laurent qui conduisit Colborne, commandant en chef des forces armées des Canadas, à sous-estimer la menace d’insurrection.
Après que la deuxième révolte eut éclaté le 3 novembre 1838, Clitherow prit le commandement de l’aile gauche de l’armée composée de 3 000 soldats réguliers qui marchèrent sur le quartier général des rebelles à Napierville. La brigade de Clitherow, formée des 15e et 24e d’infanterie, convergea sur le village le 10 novembre au matin, en même temps qu’une deuxième brigade commandée par Macdonell. Cependant, les rebelles s’étaient dispersés avant l’arrivée des troupes. La brigade de Clitherow continua sa route jusqu’à Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu), en passant par Henryville, tandis que la deuxième brigade retourna à Montréal via Clarenceville, une vaste manœuvre visant à faire comprendre aux réfractaires qu’il était vain de poursuivre la résistance.
Il était davantage dans la nature de Clitherow de diriger ce genre d’opérations purement militaires que d’occuper des charges publiques, et pourtant lorsqu’on lui demanda d’assumer des responsabilités civiles et judiciaires, il le fit sans offenser personne. En tant qu’officier supérieur du district de Montréal, il présida les conseils de guerre généraux convoqués en novembre 1838 pour juger les 108 hommes accusés de trahison relativement à l’insurrection. Même si les audiences se déroulaient en anglais, langue que peu de prisonniers comprenaient, Clitherow semble avoir fait preuve d’impartialité et de bienveillance envers les accusés. À l’époque, ces procès soulevèrent la critique. Quelques loyalistes trouvaient qu’on faisait preuve de trop de clémence envers les insurgés ; d’autres, tel le lieutenant-colonel Charles Grey, critiquaient la manière dont les procès étaient menés. En 1849, au cours des débats sur le projet de loi pour l’indemnisation des pertes subies pendant la rébellion, le procureur général Louis-Hippolyte La Fontaine* contesta la légalité de ces procès. Des ouvrages récents ont aussi mis en doute leur légalité. Et pourtant, dans son étude sur la rébellion, Gérard Filteau considère que « les juges militaires ont accompli leurs devoirs en esprit de justice et même [...] avec bienveillance ».
Clitherow demeura à Montréal jusqu’en juillet 1841. C’est à ce moment qu’il prit le commandement des forces armées du Haut-Canada, dont le quartier général se trouvait à Kingston. En sa qualité d’officier supérieur de l’armée, il fut nommé gouverneur adjoint par lord Sydenham [Thomson*] le 18 septembre 1841 et il prorogea la première session de la première législature de la province du Canada la veille de la mort de Sydenham. Clitherow continua d’exercer les fonctions de gouverneur adjoint pendant six jours, c’est-à-dire jusqu’à la désignation de sir Richard Downes Jackson* à titre d’administrateur.
On sait peu de chose sur les proches parents de Clitherow. En janvier 1809, il épousa Sarah Burton ; John Christie Clitherow, seul enfant né de ce mariage, semble-t-il, s’enrôla dans les Coldstream Guards et servit sous les ordres de son père, comme aide de camp, pendant que ce dernier était en garnison dans les Canadas. Clitherow se remaria en 1825 avec Millicent Pole, du Gloucestershire. Il hérita du domaine familial de Boston House à la mort de son cousin James Clitherow, en octobre 1841, et il retourna en Angleterre en juin 1842. Sir Richard Armstrong lui succéda à titre de commandant des forces armées du Haut-Canada. En janvier 1844, il devint colonel du 67e d’infanterie et le resta jusqu’à sa mort. En 1845, il fut créé chevalier de l’ordre du Croissant.
John Clitherow était avant tout un militaire : il se préoccupait de la direction, de la valeur opérationnelle et de l’image de son commandement, à tel point que les officiers étaient heureux d’emmener leurs régiments au sud du Saint-Laurent pour se soustraire à sa surveillance étroite. Ses fonctions de membre du Conseil spécial de Durham, de président des conseils de guerre généraux et de gouverneur adjoint furent, dans une large mesure, nominales. Pendant qu’ils séjournaient à Montréal, lui et sa femme étaient tenus d’entretenir certaines relations sociales, mais ils firent plus que leur devoir dans ce domaine. Ils assistèrent, par exemple, à un service dans la synagogue Spanish and Portuguese, probablement pour exprimer la reconnaissance des militaires envers la communauté juive de Montréal, laquelle n’avait pas hésité à se rallier à la coalition loyaliste dirigée par Colborne lors des insurrections.
APC, MG 30, Dl, 8.— PRO, WO 17/1542 ; 1544–1546.— G.-B., Army, Report of the state trials, before a general court martial held at Montreal in 1838–9 : exhibiting a complete history of the late rebellion in Lower Canada (2 vol., Montréal, 1839).— Gentleman’s Magazine, janv.–juin 1853 : 200.— [Charles] Grey, Crisis in the Canadas : 1838–1839, the Grey journals and letters, W. G. Ormsby, édit. (Toronto, 1964).— Daniel Lysons, Early reminiscences, with illustrations from the author’s sketches (Londres, 1896).— Montreal Gazette, 13 nov. 1838.— Montreal Transcript, 21, 28 sept. 1841.— Quebec Gazette, 16 mars 1838.— Times (Londres), 16 oct. 1852.— Boase, Modern English biog., 1 : 652.— Desjardins, Guide parl.— DNB.— G.-B., WO, Army list, 1838.— Morgan, Sketches of celebrated Canadians, 406.— Filteau, Hist. des patriotes (1938–1942).— Elinor Kyte Senior, British regulars in Montreal : an imperial garrison, 1832–1854 (Montréal, 1981).— B. G. Sack, History of the Jews in Canada, from the earliest beginnings to the present day, [Ralph Novek, trad.] (Montréal, 1945).— F. M. Greenwood, « l’Insurrection appréhendée et l’Administration de la justice au Canada : le point de vue d’un historien », RHAF, 34 (1980–1981) : 57–93.
Elinor Kyte Senior, « CLITHEROW, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/clitherow_john_8F.html.
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Auteur de l'article: | Elinor Kyte Senior |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |