LEGARDEUR DE SAINT-PIERRE, JEAN-PAUL, officier, traiteur, interprète, seigneur, fils de Jean-Baptiste Legardeur de Repentigny et de Marguerite Nicollet, né à Québec le 3 octobre 1661, mort durant l’hiver de 1722–1723, probablement à Chagouamigon (Chequamegon Bay, lac Supérieur). On l’a souvent confondu avec ses frères et ses cousins ; il était habituellement désigné sous le nom de Saint-Pierre ou de sieur de Saint-Pierre.
En 1688, Saint-Pierre reçut le grade d’enseigne et durant toute sa vie il allait être un homme éminent dans les affaires militaires. Après 1690 sa carrière se déroula presque entièrement dans les territoires de l’Ouest. Toutefois, il était au fort Frontenac en 1689 et prit part à un coup de main contre les Iroquois près de la rivière des Prairies en 1695. Callière, Frontenac [Buade*] et Vaudreuil [Rigaud] s’accordèrent à faire son éloge et lui confièrent des missions difficiles dans l’Ouest.
Saint-Pierre joua un rôle important dans l’affaire Le Pesant à Détroit en 1706–1707. Après avoir provoqué une bagarre entre les Outaouais et les Miamis à Détroit, Le Pesant s’était enfui à Michillimakinac. Chargé par Vaudreuil de l’arrêter, Saint-Pierre n’y parvint qu’après plusieurs voyages entre Montréal, Détroit et Michillimakinac, de nombreux conseils avec les Indiens et bien des démêlés avec Cadillac [Laumet]. Ce dernier accusait Saint-Pierre de comploter contre Détroit pour avantager Michillimakinac mais les rapports de Vaudreuil prouvent que c’était invraisemblable. À vrai dire, Cadillac avait de bonnes raisons d’en vouloir à Saint-Pierre, qui l’avait accusé d’exercer un monopole sur la traite de l’eau-de-vie à Détroit. Au mois de mars 1711, Saint-Pierre fut envoyé à Michillimakinac et à la baie des Puants (Green Bay) pour servir d’escorte aux Indiens qui se rendaient à un conseil à Montréal et, à l’automne de 1714, il fut de nouveau envoyé à Michillimakinac où il prêta main-forte à Le Marchand de Lignery qui préparait une attaque contre les Renards pour le printemps suivant. Il servit d’interprète à La Porte de Louvigny dans la guerre des Renards en 1716 ; à l’automne de la même année il se rendit à l’extrémité ouest du lac Supérieur pour inviter les Sauteux à venir prendre part à un conseil à Montréal.
Saint-Pierre et les Sauteux rencontrèrent Vaudreuil en juillet 1718. Craignant que la guerre entre les Renards et les Sauteux ne nuisît au commerce des fourrures, Vaudreuil ordonna à Saint-Pierre, qui était désormais capitaine, de rétablir le poste à Chagouamigon. Vaudreuil écrivait en 1719 que « Le sieur de Saint-Pierre [...] a si bien trouvé le moyen de les [Sauteux] tranquiliser qu’ils ne pensent plus qu’à entretenir la paix ».
Saint-Pierre et Charlevoix* se rencontrèrent à Michillimakinac en 1721 ; Legardeur se rendit probablement plusieurs fois à Montréal avant sa mort. Sans doute est-il mort à son poste au cours de l’hiver 1722–1723. Il avait été pendant 30 ans un officier digne de confiance et avait fait preuve de beaucoup d’intelligence et de diplomatie dans les pays de l’Ouest. Mais il fut à son meilleur comme commandant du fort de Chagouamigon. En effet, grâce à sa compétence dans le domaine militaire et aux excellentes relations qu’il avait su nouer avec les Indiens, ce centre de traite d’une importance vitale allait connaître plusieurs années de paix.
Le 15 septembre 1692, il avait épousé Marie-Josette Leneuf de La Vallière, fille de Michel Leneuf de La Vallière père, dont il eut cinq enfants. Un des fils, Jacques*, allait devenir plus célèbre que son père.
AN, Col., C11A, 26, ff.75, 138.— AQ, Coll. P.–G. Roy, Legardeur.— Charlevoix, History (Shea), V : 190, 237n.— Correspondance de Frontenac (1689–1699), RAPQ, 1927–28 : 19, 26, 58.— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1939–40 : 389.— Découvertes et établissements des Français (Margry), VI.— Michigan Pioneer Coll., XXXIII, 342–350, 354–358, 366s., 582s., 588s.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), IX.— Wis. State Hist. Soc. Coll., XVI : 304s., 311s., 377, 380s. ; XVII : 165s.— E.–Z. Massicotte, Congés et permis déposés ou enregistrés à Montréal sous le régime français, RAPQ, 1921–22 : 193, 195, 196, 199, 201, 203.— Répertoire des engagements pour l’Ouest, RAPQ, 1929–30 : 202, 225.— P.–G. Roy, La famille Legardeur de Repentigny, BRH, LIII (1947) : 195–216.— E. M. Sheldon, Early history of Michigan, 271–275.
Donald Chaput, « LEGARDEUR DE SAINT-PIERRE, JEAN-PAUL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/legardeur_de_saint_pierre_jean_paul_2F.html.
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Auteur de l'article: | Donald Chaput |
Titre de l'article: | LEGARDEUR DE SAINT-PIERRE, JEAN-PAUL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |