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HEWETT, EDWARD OSBORNE, officier, ingénieur militaire et commandant d’un collège militaire, né le 25 septembre 1835 dans la paroisse de Llantrisant, près de Pontypridd, pays de Galles, et baptisé le 30 octobre à Portsea, Angleterre, deuxième fils de John Hewett et de Frances Thornewell ; le 4 février 1864, il épousa à Toronto Catherine Mary Biscoe, et ils eurent au moins trois fils et huit filles ; décédé le 3 juin 1897 à Woolwich (Londres) et inhumé à Gillingham, comté de Kent, Angleterre.
John Hewett affirmait être apparenté à deux familles de l’aristocratie terrienne, les Hewett et les Osborne, qui s’étaient alliées à l’époque élisabéthaine par le mariage de la fille de sir William Hewett à sir Edward Osborne, tous deux lords-maires de Londres. Hewett lui-même servit dans la marine royale et les Royal Marines pendant les guerres napoléoniennes et la guerre de 1812 (on cita son nom dans les dépêches pour son rôle à Oswego, dans l’état de New York). À la naissance de son fils Edward Osborne, il était juge de paix, colonel de milice et sous-lieutenant du comté de Glamorgan, au pays de Galles.
Edward Osborne Hewett fit ses études au Cheltenham College et à la Royal Military Academy de Woolwich, où il fut vite promu au sein du groupe des cadets et remporta des prix. Diplômé au bout de trois ans, au lieu de quatre, afin de pouvoir participer à la guerre de Crimée, il fut nommé lieutenant en second dans le génie royal le 15 août 1854 et promu lieutenant le 20 octobre. À cause de la chute de Sébastopol (U.R.S.S) en septembre 1855, on annula l’ordre d’embarquement de son détachement quelques jours avant le départ.
Après avoir suivi des cours de topographie et de génie militaires, Hewett construisit des forts à Douvres et servit au camp d’artillerie de Shorncliffe. Muté aux Antilles en 1857, il y fut ingénieur en chef pendant dix mois. De retour en Angleterre, en poste à Portsmouth et à Chatham, il avait comme fonction, entre autres, la supervision de l’instruction des recrues. Promu capitaine le 1er février 1860, il devint instructeur adjoint à la Royal Military Academy.
Le 18 décembre 1861, Hewett démissionna de son poste à l’académie pour accompagner les renforts envoyés en Amérique du Nord britannique par suite de l’incident du Trent [V. sir Charles Hastings Doyle*]. Comme les glaces rendaient le Saint-Laurent impraticable, il fit le voyage en traîneau avec les troupes, de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, à Montréal. Nommé ingénieur en chef du territoire situé à l’ouest de Hamilton, Hewett commandait la 18th Company, dont le quartier général était à London ; de plus, il devait choisir les positions militaires et diriger les levés faits à des fins de défense.
En 1862, pendant la guerre de Sécession, Hewett eut l’autorisation officielle de prendre deux mois de permission et de visiter les armées en guerre « pour s’informer ». Il passa une semaine à la United States Military Academy de West Point, dans l’état de New York, qu’il trouva « aussi bonne que toutes celles d’Europe » et dont les diplômés étaient « peut-être mieux éduqués que tout autre groupe d’hommes au monde ». En visitant l’armée du Potomac, il fut impressionné par la compétence avec laquelle le général George Brinton McClellan tenait en bride ces « 300 000 hommes qui [avaient] peu de discipline et encore moins d’expérience ». Hewett se rendit sur tous les champs de bataille du Maryland et de la Virginie et assista à la bataille d’Antietam le 17 septembre. Au Kentucky, il observa les manœuvres des années pendant neuf jours et faillit être abattu par des soldats confédérés quand il franchit la ligne de démarcation. Présent à la bataille de Perryville le 8 octobre, il regarda des unités des deux armées manœuvrer autour de Harrisburg, en Pennsylvanie. Hewett écrivit un compte rendu de son voyage à sa mère, qui était clouée au lit. Issu de l’aristocratie britannique, il laisse voir dans son récit son aversion pour les « désordres » qu’engendrait la démocratie et le préjugé d’un militaire de carrière quant à la supériorité de la cavalerie. Mais il éprouve aussi de l’admiration pour le courage et la courtoisie de nombre d’Américains, surtout des sudistes, et pour l’intelligence des hommes de troupe.
En 1863, on affecta Hewett en Nouvelle-Écosse, d’abord à Pictou puis à Halifax, pour travailler à la conception et à la construction de nouvelles fortifications. De retour à Portsmouth, en Angleterre, en 1867, il supervisa la construction à Spithead de quatre forts blindés en eaux à marées à Spithead. Tout en continuant d’exercer ses fonctions militaires, il assura pendant huit ans l’inspection des écoles d’art et de sciences de Grande-Bretagne et, le 5 juillet 1872, on le promut major.
En 1871, on retira du Canada les forces armées de l’Empire et, dans les années qui suivirent, la formation professionnelle des militaires devint un sujet de préoccupation. En 1874, le gouverneur général lord Dufferin [Blackwood*], son secrétaire (le lieutenant-colonel Henry Charles Fletcher*) et l’adjudant général intérimaire de la milice du Canada (le lieutenant-colonel Walker Powell*) recommandèrent de fonder un établissement à cette fin. Quelques mois plus tard, le gouvernement libéral d’Alexander Mackenzie résolut d’ouvrir à Kingston, en Ontario, un collège « qui donnera[it] une formation complète dans toutes les matières que doit connaître un bon soldat – tactique, fortifications, génie et connaissances scientifiques générales – et qui préparera[it] des officiers au commandement et à des fonctions d’état-major ». En 1874–1875, Dufferin et le secrétaire d’État aux Colonies, lord Carnarvon, choisirent Hewett au poste de commandant du collège. Étant donné l’importance de cette nomination pour l’Empire, sir Frederick Edward Chapman, inspecteur général des fortifications, libéra Hewett de son travail à Spithead. Ce dernier ouvrit le collège le 1er juin 1876 avec un état-major de trois officiers de l’armée britannique et un professeur civil canadien ; 18 cadets étaient inscrits.
Même s’il semble que Hewett n’enseigna pas beaucoup, il avait la charge de définir le programme de cet établissement novateur où des cadets devaient acquérir une formation professionnelle sans pour autant être tenus d’entrer dans l’armée régulière. Nombre d’entre eux allaient toutefois se distinguer dans l’armée britannique, et les diplômés constitueraient un noyau de personnes compétentes dans la milice canadienne. Quand les conservateurs reprirent le pouvoir en 1878, ils optèrent pour le maintien du collège plutôt que pour des préparatifs de défense, beaucoup plus coûteux. Cependant, il y aurait toujours des tensions entre la milice et le collège, où des nominations se feraient par favoritisme après le départ de Hewett.
Hewett accéda au grade de lieutenant-colonel le 21 octobre 1877 puis à celui de colonel le 21 octobre 1881. Sa période de service au collège (baptisé Royal Military College of Canada en 1878) fut prolongée en 1880 et en 1885. On le fit compagnon de l’ordre de Saint-Michel et de Saint-Georges en 1883 ; en 1885, on envisagea de le placer à la tête des forces de citoyens en Nouvelle-Zélande. Un an plus tard, à cause de sa nomination au poste d’ingénieur en chef du district de Western, en Angleterre, il quitta le collège et le Canada. En 1886, sir Charles Tupper*, alors haut-commissaire du Canada à Londres, rapporta que selon sir Andrew Clarke, inspecteur général des fortifications impériales, le collège était « l’un des meilleurs du genre au monde [...] Et les Américains eux-mêmes en dis[aient] plus de bien que de West Point. » En 1893, Clarke déclara que les diplômés du collège canadien étaient supérieurs à ceux de la Royal Military Academy de Woolwich. D’après le lieutenant-colonel John Bray Cochrane, qui servit à titre de cadet ou de membre de l’état-major sous tous les commandants du collège jusqu’à la Première Guerre mondiale, Hewett était « de loin le plus compétent et le mieux renseigné de tous ».
En 1890, Edward Osborne Hewett figura parmi les quelques candidats au poste d’officier général commandant de la milice canadienne. Trois ans plus tard, il reçut le commandement de la School of Military Engineering de Chatham. En 1895, il fut promu lieutenant-général et nommé directeur de la Royal Military Academy. C’est là qu’il mourut en 1897, des suites d’une fracture à une jambe subie en jouant au tennis.
Un portrait à l’huile, exécuté après la mort d’Edward Osborne Hewett d’après une photographie, se trouve au Officers’ Mess du Royal Military College of Canada (Kingston, Ontario) ; il est reproduit dans l’ouvrage de l’auteur, Canada’s RMC ; a history of the Royal Military College (Toronto, 1969) et dans son article, « The British influence of RMC », To preserve & defend : essays on Kingston in the nineteenth century, G. [J. J.] Tulchinsky, édit. (Montréal et Londres, 1976), 119–137. On trouve des photographies dans le Canadian Illustrated News (Montréal), 17 juin 1876, l’Illustrated London News (Londres), 12 juin 1897, et The Sapper ; Royal Engineers’ Monthly Journal (Chatham, Angl.), juill. 1897.
AN, MG 26, A, 318 : 32–37 ; MG 27, I, D3, 114, no 11915 ; RG 9, II, A1, 67, 9 avril 1885 ; RG 31, C1, 1881, Kingston : 76.— Hampshire Record Office (Winchester, Angl.), Bishop’s transcripts of Portsea reg. of baptisms, 30 oct. 1835.— Royal Military College of Canada Library, Special Coll. Division, E. O. Hewett à sa mère, 3 déc. 1862.— R. A. Preston, « A letter from a British military observer of the American Civil War », Military Affairs (Washington), 16 (1952) : 49–60.— Royal Engineers Journal (Chatham), 1er févr. 1893, 1er mai 1895, 1er mars, 1er juill. 1897, juin 1916.— Times (Londres), 5 juin 1897.— Burke’s landed gentry (1848–1849), 1 : 566 ; (1871) : 619.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1 :638–639.— Hart’s army list, 1891 : 7.— Who was who (Londres), 1 (1897–1916) : 336.
Richard Arthur Preston, « HEWETT, EDWARD OSBORNE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hewett_edward_osborne_12F.html.
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Auteur de l'article: | Richard Arthur Preston |
Titre de l'article: | HEWETT, EDWARD OSBORNE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
Année de la révision: | 1990 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |