HALE, EDWARD, homme d’affaires, député et conseiller législatif, né à Québec le 6 décembre 1800, second fils de l’honorable John Hale* et d’Elizabeth Frances Amherst*, sœur de lord William Pitt Amherst, décédé à Québec le 26 avril 1875.

Edward Hale est parfois confondu avec son oncle et homonyme, seigneur de Portneuf, qui décéda en 1862 ; son père fit partie des Conseils législatif et exécutif du Bas-Canada et son frère, Jeffery Hale*, joua un rôle considérable à Québec où un hôpital porte encore son nom. Edward Hale poursuivit ses études à Kensington, Angleterre, dans une école privée, où il semble avoir acquis des connaissances équivalentes au niveau actuel de l’école secondaire. Sa volumineuse correspondance fait preuve d’une instruction remarquable : il s’y exprime avec élégance, précision et humour. En 1820, il revint à Québec où il fut nommé secrétaire au bureau de l’auditeur (vérificateur) de la province du Bas-Canada.

De 1823 à 1828, Edward Hale séjourna aux Indes comme secrétaire privé de son oncle, lord Amherst, alors gouverneur général de ce pays. De retour à Québec, il épousait, le 10 mars 1831, Eliza Cecilia Bowen, fille d’Edward Bowen*, juge en chef de la Cour supérieure du Bas-Canada ; ils eurent sept enfants, dont l’un, Edward John, épousa la petite-fille de Jonathan Sewell*.

Le fonctionnarisme ne semble pas avoir beaucoup plu à Edward Hale. Dès l’été de 1833, il songeait à s’établir dans les Cantons de l’Est et prenait des renseignements auprès de compatriotes déjà installés à Drummondville, Sherbrooke et Richmond. Le 18 février 1834, son oncle Edward Hale, de Portneuf, le félicitait d’avoir acheté une ferme à Sherbrooke, lui envoyait des graines de semence et discutait du commerce du bois. Hale bâtit une maison, sur les bords de la rivière Saint-François, tout probablement au cours de l’année 1834. Le 14 octobre de cette même année, Peter McGill* lui demanda des renseignements sur les Cantons de l’Est pour les immigrants qui désiraient acheter des terres de la British American Land Company : Edward Hale deviendra l’un des actionnaires de cette compagnie dont Alexander Tilloch Galt* sera, pendant un certain temps, le secrétaire. Les années qui suivirent furent employées à mettre en valeur ses propriétés.

À l’occasion des troubles de 1837–1838, Edward Hale fit du service « durant quelques semaines » avec les volontaires de Sherbrooke, à titre de secrétaire de son colonel. Considéré comme un citoyen important des Cantons de l’Est, Edward Hale fut nommé au Conseil spécial, comme le lui annonçait, le 27 août 1839, Thomas Leigh Goldie ; le 2 septembre, il signifiait son acceptation. Le 13 novembre suivant, il votait en faveur des résolutions relatives à l’union du Haut et du Bas-Canada.

Le 6 août 1840, le gouverneur général lord Sydenham [Thomson*] divisait le Bas-Canada en 22 districts municipaux et nommait des préfets pour chacun d’eux : Edward Hale fut choisi pour présider le conseil de district de Sherbrooke. Il en résulta pour les nouveaux titulaires des responsabilités importantes au double point de vue municipal et scolaire. La correspondance d’Edward Hale avec le docteur Jean-Baptiste Meilleur, à propos des écoles de son district, montre qu’il s’acquitta très consciencieusement de sa tâche.

Lors des élections pour la constitution d’un nouveau parlement en 1841, on demanda à Edward Hale de se porter candidat à Sherbrooke. Son adversaire fut le colonel Batholomew Conrad Augustus Gugy, qui avait déjà représenté cette circonscription à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada de 1831 à 1838. Ce dernier écrivit même à Hale, le 21 mars 1841, pour le prier de se retirer de la lutte électorale mais Edward Hale refusa de le faire. Battu, Gugy contesta l’élection et perdit en appel.

Edward Hale assista très régulièrement aux sessions du parlement, soit à Kingston, soit à Montréal. Sa correspondance avec son épouse nous le montre très assidu aux séances de la chambre et fort intéressé aux différentes questions qu’on y débattait. Mais ces fonctions nuisaient à ses affaires et, le 17 novembre 1847, il faisait connaître à William Badgley*, qui venait d’être nommé procureur général pour le Bas-Canada, son intention de ne pas se représenter aux prochaines élections. Son successeur, comme député de Sherbrooke, fut le colonel Gugy. En 1867, lors de la constitution de la province de Québec, Edward Hale accepta de siéger au Conseil législatif pour la division de Wellington, et il en resta membre jusqu’à son décès.

Edward Hale fut un homme d’affaires important : dans les trois cantons de Shipton, d’Eaton et de Simpson seulement, il était propriétaire de près de 4 000 acres de terre ; dans celui de Brompton, il possédait sept lots « en bon état ». Sa correspondance le montre très occupé par la vente des terres, les hypothèques, les prêts, les intérêts, les travaux de la ferme ; les colons écrivent pour emprunter de l’argent, pour acheter des lots, pour payer leurs intérêts ou pour solliciter des délais. Edward Hale fut souvent pressé d’établir une succursale de la Banque de Montréal à Sherbrooke, mais celle-ci ne fut ouverte dans cette ville qu’en 1908. Il plaça des fonds dans la Banque des Townships de l’Est (Eastern Townships Bank) ; lors de la fusion de cette dernière, en 1912, avec la Banque canadienne de Commerce, la succession Hale y possédait encore $12 000. Il s’intéressa également à la Stanstead and Sherbrooke Mutual Fire Insurance Co., dont il fut le président de 1865 jusqu’à son décès. Il porta aussi un très grand intérêt à la Société d’agriculture de Sherbrooke. Enfin, Hale s’associa au projet, mis de l’avant en 1843 par Alexander Tilloch Galt, pour la construction d’un chemin de fer devant relier Montréal à Boston, en passant par les Cantons de l’Est ; il fit partie du sous-comité chargé de préparer les plans nécessaires. En 1845, le chemin à lisses du Saint-Laurent et de l’Atlantique reçut une charte, le terminus choisi étant plutôt Portland (Maine) que Boston [V. Poor]. Hale fut membre du comité provisoire constitué pour surveiller la réalisation de cette entreprise.

Edward Hale fut nommé chancelier de l’University of Bishop’s College en 1866 en reconnaissance de ses services à l’Église d’Angleterre dans les Cantons de l’Est. Il mourut à la résidence de son fils, à Québec, et fut inhumé à Sherbrooke.

Louis-Philippe Audet

ANQ, Famille Hale.— APC, FM 23, G 11, 18 (Papiers John Hale).— Bishop’s University Archives (Lennoxville, Qué.), Minutes of the corporation, 1866–1875.— Holy Trinity Cathedral (Québec), registre des mariages, 1831.— McCord Museum (McGill University, Montréal), Hale Family papers.— St Peter’s Church (Sherbrooke, Qué.), registre des sépultures, 29 avril 1875.— Stanstead and Sherbrooke Insurance Company (Sherbrooke, Qué.), Minutes, 1865–1875.— Cyclopædia of Can. biog. (Rose, 1888), 518–520.— Turcotte, Conseil législatif de Québec, 9, 298. Chapais, Histoire du Canada, V.— O. D. Skelton, The life and times of Sir Alexander Tilloch Galt (Toronto, 1920).— L.-P. Audet, La surintendance de l’éducation et la loi scolaire de 1841, Cahiers des Dix XXV (1960) : 147–169.

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Louis-Philippe Audet, « HALE, EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hale_edward_10F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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