GRAY, ROBERT, fonctionnaire, homme politique, juge, officier dans l’armée et dans la milice, né vers 1747 près de Glasgow, Écosse ; après 1793, il épousa Mary Burns, fille de George Burns, un des premiers propriétaires fonciers de l’Île-du-Prince-Édouard, et ils eurent six enfants, dont John Hamilton Gray* ; décédé le 12 février 1828 à Charlottetown.

Comme beaucoup d’Écossais de Glasgow, Robert Gray travailla dans le commerce du tabac américain et, en 1771, il se rendit en Virginie à titre de garde-magasin et de représentant d’un marchand de tabac de Glasgow. Comme on pouvait s’y attendre, quand la rébellion contre la Grande-Bretagne éclata en1775, Gray appuya la mère patrie et se joignit à un corps de volontaires levé par le gouverneur lord Dunmore. En 1777, il fut nommé capitaine dans le King’s American Regiment du colonel Edmund Fanning* et fut responsable des ouvrages de défense dans l’île Goat, durant le siège du Rhode Island par les rebelles en 1778. Par la suite, il participa à la féroce guérilla qui se déroula dans les Carolines, et il commandait la garnison britannique de Georgetown, en Caroline du Sud, lorsque les hostilités cessèrent. Gray prit alors sa retraite avec une demi-solde de £86 par an et se rendit à Shelburne, en Nouvelle-Écosse, comme membre d’une commission chargée d’aider à la démobilisation des soldats loyalistes dans cette colonie. Fanning, son commandant durant la guerre, fut nommé lieutenant-gouverneur de l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard) en 1786 et, peu après, il invita Gray, qu’il considérait comme « un gentleman d’une valeur et d’un mérite exceptionnels », à devenir son secrétaire privé et son « homme d’affaires » contre un salaire annuel de £60. Gray arriva dans l’île en 1787. Fanning le nomma au Conseil de l’Île-du-Prince-Édouard, le fit trésorier de la province et lui donna le poste non rémunéré de juge suppléant de la Cour suprême. On lui accorda deux lots de ville ainsi que deux lots de pâturage de 12 acres.

En 1790, Fanning envoya Gray à Londres faire des pressions auprès du gouvernement afin de conclure de nouveaux arrangements avec les propriétaires absentéistes de l’île et pour qu’il obtienne le poste de receveur général des redevances. John Stewart, qui désirait occuper cette fonction, aurait offert £80 par an à Gray si celui-ci voulait retirer sa candidature, bien que le traitement rattaché à ce poste n’ait été que de £50. Une telle offre de la part de Stewart était possible, parce que les redevances n’étaient jamais payées au gouvernement mais, comme le capitaine John MacDonald* of Glenaladale le disait, servaient « à permettre à un tas de paresseux de vivre sans travailler, de boire du vin et de débaucher des jeunes filles ». Gray abandonna les démarches pour obtenir ce poste (que Stewart put ainsi occuper), et il se trouvait encore à Londres quand un groupe de propriétaires engagea des poursuites pour malversations contre les principaux fonctionnaires de l’île, dont Fanning [V. John Cambridge]. Gray réussit à assurer au lieutenant-gouverneur l’appui de certains propriétaires et il plaida sa cause avec succès devant le Conseil privé. Après son retour dans l’île en 1793, il cumula graduellement un certain nombre de postes mineurs, comme celui de capitaine dans les compagnies de fencibles de l’île, de colonel de milice, et d’officier payeur des volontaires. Gray continuait d’appuyer publiquement Fanning, mais en privé il se plaignait des étroites relations politiques du lieutenant-gouverneur avec la famille Stewart. Petit à petit, il acquit une réputation de fonctionnaire indépendant et impartial, chose inhabituelle dans la vie politique de l’île. Ses critiques l’accusaient de s’arranger pour rester hors de toutes les factions en ne faisant jamais rien.

Gray contribua activement à la mise sur pied d’une société d’agriculture à Charlottetown en 1803 et il consacra beaucoup de son temps à la lecture et à des travaux littéraires, surtout après la retraite de Fanning en 1804. De novembre 1802 à septembre 1803, puis d’août 1804 à juillet 1807, il siégea à titre de juge en chef par intérim et, durant le reste de sa vie, il chercha à obtenir une rémunération pour cet emploi, de même qu’un salaire régulier comme juge suppléant. De 1806 à 1808, il servit les intérêts de la famille Burns en installant un grand nombre d’immigrants de Guernesey dans l’île.

En dépit du fait qu’il se faisait de moins en moins remarquer, Robert Gray ne put se tenir complètement à l’écart de la controverse politique. En 1811, William Roubel et d’autres membres d’un parti politique naissant, appelé Loyal Electors, lancèrent des accusations contre la Cour suprême qui incitèrent le juge en chef Cæsar Colclough et les juges suppléants à faire appel au lieutenant-gouverneur Joseph Frederick Wallet DesBarres, qui avait en main les déclarations sous serment contenant les accusations. Aucune critique précise n’avait été dirigée contre Gray, mais il se joignit à la délégation et son témoignage sur la réaction du lieutenant-gouverneur à la visite des juges contribua à détruire la crédibilité de DesBarres. Gray n’avait pas de sympathie pour les Loyal Electors qu’il qualifiait de « club institué dans le but avoué de réglementer et de dominer le gouvernement, et dirigé par deux hommes sans principes et sans propriété ». Il siégea à la Cour de la chancellerie qui, en 1816, poursuivit l’un des deux hommes, l’avocat James Bardin Palmer, pour inconduite professionnelle et politique. Sous le mandat de Thomas Tremlett, successeur de Colclough, Gray se retrouva souvent seul quand la cour prenait des décisions partagées et, même s’il défendait son point de vue, il n’allait jamais jusqu’à en faire une question publique. Vers la fin de sa vie, Gray devint presque infirme et, après une longue maladie, il mourut en 1828.

M. Bumsted

APC, MG 23, E5, 2.— PAPEI, Acc. 2702/643 ; 2810/132a ; 2849/116 ; 3355/1–2 ; RG 1, commission books, 72 : 5, 51 ; RG 3, « Memorial & petition of Robert Gray », 28 janv. 1825 ; RG 16, land registry records.— National Library of Ireland (Dublin), Dept. of mss, ms20287(5) (O’Hara papers), J. F. W. DesBarres, printed letters, 25 sept. 1812.— P.E.I. Museum and Heritage Foundation (Charlottetown), File information concerning Robert Gray.— PRO, CO 226/12 ; 226/18 ; 226/31 ; 226/39.— SRO, GD293/2/78/2, 24.— Prince Edward Island Register, 12, 26 févr. 1828.— Royal Gazette and Miscellany of the Island of Saint John (Charlottetown), 3 juin 1793.— J. M. Bumsted, « The Loyal Electors of Prince Edward Island », Island Magazine, no 8 (1980) : 8–14.

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M. Bumsted, « GRAY, ROBERT (d. 1828) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gray_robert_1828_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
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