DIXON, GEORGE, officier de marine et trafiquant de fourrures, circa 1776–1791.
George Dixon, armurier dans la marine royale, par brevet daté du 16 avril 1776, rejoignit le Discovery le même jour. En juillet, il fit voile vers le Pacifique lors du troisième voyage d’exploration du capitaine Cook. En tant qu’armurier, Dixon était un mécanicien expérimenté, officier marinier de première classe qui avait pour tâche d’aider le canonnier à maintenir les armes du navire en bon état. Le Discovery fit escale à la baie de King George (baie de Nootka, Colombie-Britannique), en mars et en avril 1778, et à d’autres endroits le long de la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord, avant de revenir en Angleterre en 1780. Ce voyage dut déclencher chez Dixon un intérêt pour la découverte car, en août 1784, dans une lettre à sir Joseph Banks*, président de la Royal Society de Londres, il suggérait d’organiser une expédition par voie de terre, dont il serait lui-même l’ « astronome », pour traverser l’Amérique du Nord en passant par la province de Québec et les Grands Lacs. Rien n’en résulta, peut-être – selon sa propre observation – à cause de l’ « état agité » de l’Amérique.
Le voyage de Cook avait amorcé avec la Chine le commerce des fourrures, consistant en peaux de loutre marine. En 1785, Dixon et Nathaniel Portlock*, un compagnon de bord sur le Discovery, s’associèrent à la Richard Cadman Etches and Company, appelée ordinairement la King George’s Sound Company, l’une des quelques associations mises sur pied pour exercer ce commerce. Cette année-là, la compagnie équipa deux navires, le King George et le Queen Charlotte, et acheta un permis de commerce sur la côte nord-ouest à la South Sea Company qui détenait le monopole pour la côte du Pacifique. Portlock reçut le commandement du King George et de l’expédition, et Dixon le commandement du Queen Charlotte. William Beresford, le trafiquant désigné pour l’expédition, écrivit que Dixon et Portlock avaient été choisis parce qu’ils étaient de bons navigateurs, qu’ils connaissaient bien les Indiens de même que les meilleures stations de commerce et parce qu’ils étaient des « hommes sensibles et humains, et portaient une attention toute particulière à la santé de leurs équipages, détail de la plus haute conséquence lors d’un voyage d’une telle durée ».
Les navires quittèrent Londres le 29 août 1785 et arrivèrent à la rivière Cook (inlet de Cook, Alaska) en juillet de l’année suivante. Ils y firent du commerce avec les Indiens avant de faire voile à destination des îles Sandwich (Hawaii) pour hiverner. Au printemps de 1787, ils repartirent pour le détroit du Prince-Guillaume (Alaska) où ils rencontrèrent un autre trafiquant britannique, John Meares*, dont le bateau avait été pris dans les glaces. Une grande confusion régnait parmi l’équipage de Meares, soit à cause du scorbut, comme le prétendait celui-ci, soit à cause du « recours immodéré aux spiritueux », suivant l’accusation ultérieure de Beresford. Dixon et Portlock vinrent à son aide mais exigèrent de Meares, qui faisait un trafic illégal dans les limites du monopole de la South Sea Company, qu’il s’engageât par écrit à ne pas faire de commerce sur la côte.
Comme prévu, Dixon se sépara de Portlock puis, à partir du détroit du Prince-Guillaume, fit voile en direction du sud pour faire le commerce. Il rencontra sur son chemin un grand archipel qu’il appela les îles de la Reine-Charlotte (Colombie-Britannique). Le capitaine Robert Gray* du sloop américain Lady Washington allait, en 1789, leur donner le nom de son propre navire mais, la côte étant possession britannique, l’on maintint l’appellation de Dixon. Celui-ci longea les côtes occidentales des îles, appelées cap St James et remonta leurs côtes orientales jusqu’à Skidegate. En cours de route, il acheta aux Haïdas une grande quantité de peaux de loutre marine et trafiqua à un certain moment avec le village du chef Koyah. Dixon atteignit la baie de Nootka à la mi-août mais ce fut pour découvrir que les capitaines James Colnett* et Charles Duncan l’y avaient précédé et avaient cueilli la plupart des fourrures. Portlock ne s’étant pas présenté à la baie de Nootka, Dixon mit le cap sur les îles Sandwich et sur la Chine. Il y vendit ses fourrures puis revint en Angleterre en septembre 1788.
Bien qu’aucun document ne précise que Dixon retournât jamais sur mer, il continua cependant à s’intéresser à l’exploration de la côte nord-ouest et à la recherche du passage du Nord-Ouest. En 1789, il rencontra l’hydrographe Alexander Dalrymple et Evan Nepean, un membre influent du gouvernement, et, en juillet, pressa ce dernier de réaliser le projet de Dalrymple de mettre sur pied un établissement sur la côte nord-ouest pour empêcher les Russes, les Américains ou les Espagnols de s’y établir. Dixon craignait, si le gouvernement ne faisait rien, que la côte et son commerce ne fussent perdus pour la Grande-Bretagne, « et en conséquence de cette perte, les trafiquants de la baie d’Hudson comme du Canada se trouveraient dans un mauvais voisinage ». En octobre, il écrivit à Banks au sujet de l’expédition que l’on préparait sous le commandement du capitaine Henry Roberts et de Vancouver : il offrait des suggestions quant au type de navires qu’il faudrait utiliser et aux meilleurs endroits où installer un établissement sur la côte nord-ouest. Malgré les opinions contraires de Christopher Middleton* et de Cook, Dalrymple croyait encore qu’un passage du Nord-Ouest existait ; il persuada la Hudson’s Bay Company d’explorer une fois de plus la côte ouest de la baie d’Hudson. En mai 1790, la compagnie confia cette expédition à Charles Duncan. Dixon, qui devait l’accompagner, reçut instruction de mener l’expédition à l’intérieur des terres à partir des lacs Dubawnt et Yathkyed (Territoires du Nord-Ouest) jusqu’au Pacifique, en passant par le Grand lac des Esclaves. Pour une raison quelconque, la partie du voyage que Dixon devait faire fut annulée par la suite et il n’accompagna pas Duncan.
Dixon avait publié A voyage round the world ; but more particularly to the north-west coast of America [...], à Londres en 1789. Il avait rédigé l’introduction et l’annexe mais la partie principale du texte comportait une série de lettres écrites par Beresford. Lorsque Meares publia une relation de ses voyages de 1788 et de 1789, Dixon écrivit un factum relevant les nombreuses inexactitudes du récit ; il s’ensuivit entre les deux hommes une petite guerre pamphlétaire dont Dixon sortit vainqueur.
On a avancé que Dixon avait enseigné la navigation à Gosport et rédigé The navigator’s assistant [...], publié en 1791. Il n’est fait nulle mention de Dixon après cette date. Bon navigateur et trafiquant dont le commerce fut lucratif, Dixon sortit de l’obscurité pour devenir une grande figure de l’histoire de la côte nord-ouest.
Les brochures de George Dixon : Remarks on the voyages of John Meares, esq., in a letter to that gentleman (Londres, 1790) et Further remarks on the voyages of John Meares, esq. [...] (Londres, 1791), ont été reproduites dans The Dixon-Meares controversy [...], édité par F W. Howay (Toronto et New York, 1929 ; réimpr., Amsterdam et New York, 1969). Dixon est probablement l’auteur également de The navigator’s assistant ; or, a new and methodised system of naval mathematics [...] (Londres, 1791). Certaines de ses lettres ont été publiées : « Letters of Captain George Dixon in the Banks collection », R. H. Dillon, édit., British Columbia Hist. Quarterly (Victoria), XIV (1950) : 167–171. [b. m. g.]
APC Report, 1889, 29.— The Banks letters ; a calendar of the manuscript correspondence of Sir Joseph Banks [...], W. R. Dawson, édit. (Londres, 1958).— [William Beresford], A voyage round the world ; but more particularly to the north-west coast of America [...], George Dixon, édit. (Londres, 1789 ; réimpr., Amsterdam et New York, 1968).— Nathaniel Portlock, A voyage round the world ; but more particularly to the north-west coast of America [...] (Londres, 1789 ; réimpr., Amsterdam et New York, 1968).— DNB.— Walbran, B.C. coast names.— Cook, Flood tide of empire.— H. T. Fry, Alexander Dalrymple (1737–1808) and the expansion of British trade (Buffalo, N.Y., et Toronto, 1970).— Glyndwr Williams, The British search for the northwest passage in the eighteenth century (Londres et Toronto, 1962).
Barry M. Gough, « DIXON, GEORGE (circa 1776-1791) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/dixon_george_1776_1791_4F.html.
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Auteur de l'article: | Barry M. Gough |
Titre de l'article: | DIXON, GEORGE (circa 1776-1791) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |