GALE, SAMUEL, avocat et juge, né en 1783 à St Augustine, en Floride, fils de Samuel Gale, assistant « paie-maître » des troupes anglaises en Amérique du Nord, et de Mlle Wells originaire de Brattleboro, Vermont, décédé à Montréal, le 15 avril 1865.

Samuel Gale vint au Canada avec ses parents, des Loyalistes fervents qui avaient quitté les États-Unis après la guerre d’Indépendance. Il reçut sa première éducation à Québec alors que son père était secrétaire du gouverneur Robert Prescott*. Il étudia le droit à Montréal et fut reçu avocat le 8 mars 1807.

Adversaire du gouverneur sir George Prevost*, dont il critiqua les actes pendant la guerre de 1812, il formula contre lui d’autres attaques déguisées dans des lettres publiées par le Montreal Herald et qui furent réunies ensuite, en 1814, dans une brochure intitulée Nerva, or a collection of papers published in the Montreal Herald. Au moment où James Stuart* et les députés de la majorité canadienne-française attaquaient les juges anglais, plus particulièrement le juge Jonathan Sewell*, et cherchaient à faire destituer ce dernier, Nerva [...] rappelait les événements qui s’étaient déroulés naguère en Irlande de façon à ce que les lecteurs puissent les transposer dans le Bas-Canada. Reprochant, à tort d’ailleurs, à Prevost de céder aux « séditieux » (factious), Gale demandait aux autorités d’adopter une attitude plus ferme.

Il fut l’avocat de lord Selkirk [Douglas*], le fondateur de la colonie de la Rivière-Rouge, dans ses difficultés avec la North West Company et, en 1815, il se rendit dans l’Ouest pour y défendre les intérêts de son client. En 1817, il publia, à Montréal, Notices on the claims of the Hudson’s Bay Company and the conduct of its adversaries [...].

Au printemps de 1828, Gale se rendit à Londres où, en mai et en juin, il témoigna à trois reprises devant le comité de la chambre des Communes qui enquêtait sur le gouvernement du Canada. Il y représenta surtout les intérêts des habitants des Cantons de l’Est qui se prétendaient lésés du fait que les Canadiens français étaient en majorité à la chambre d’Assemblée. En leur nom, il réclama de meilleures routes et demanda que les tribunaux appliquent dans la région le droit anglais, surtout dans le domaine de la tenure des terres. Il demanda aussi que les Cantons de l’Est soient mieux représentés à l’Assemblée et qu’on y favorise l’immigration anglaise. Enfin, il se prononça en faveur de l’union du Haut et du Bas-Canada.

Le 23 août 1834, Samuel Gale était nommé par lord Aylmer [Whitworth-Aylmer*] juge de la Cour du banc du roi, à Montréal, pour remplacer Norman Fitzgerald Uniacke* démissionnaire. En 1835, il siégea temporairement à Trois-Rivières. Les membres du parti patriote à l’Assemblée protestèrent contre la nomination de l’homme qui avait témoigné en qualité de représentant du parti bureaucrate devant le comité de la chambre des Communes, en 1828, et le secrétaire aux Colonies lui-même, M. Spring-Rice, ne put s’empêcher d’écrire au gouverneur : « Je crois qu’il est de la plus grande importance en tout temps et surtout dans le moment actuel, de ne placer sur le banc du Bas-Canada aucune personne qui puisse être considérée comme un partisan politique violent [...]. Lorsque je considère la conduite de M. Gale devant le comité de 1828 et la part qu’il a prise aux mesures d’alors, je crains beaucoup qu’une partie considérable de la population au Canada ne regarde ce monsieur qu’avec méfiance [...]. Dans ces circonstances, [...] je ne suis pas disposé, d’après les informations que j’ai, de recommander sa nomination. » Lord Aylmer s’entêta, et Gale demeura juge malgré de nouvelles protestations des membres de l’Assemblée. En 1837, dans un jugement élaboré, Gale maintint le droit de la couronne d’établir la loi martiale et de suspendre l’habeas corpus.

Comme avocat et comme juge, même s’il eut des adversaires, Samuel Gale jouit du respect et de l’admiration de ses collègues. À cause de sa mauvaise santé, il prit sa retraite le 25 avril 1848 et décéda à Montréal le 15 avril 1865.

J.-C. Bonenfant

[Samuel Gale], Nerva, or a collection of papers published in the Montreal Herald (Montréal, 1814) ; Notices on the claims of the Hudson’s Bay Company and the conduct of its adversaries [...] (Montréal, 1817) ; une seconde édition parut à Londres sous le titre suivant : Notices on the claims of the Hudson’s Bay Company : to which is added a copy of their royal charter (Londres, 1819).

B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1835–1836, app.E.— Montreal Gazette, 17 avril 1865.— P.-G. Roy, Les juges de la prov. de Québec, 233.

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J.-C. Bonenfant, « GALE, SAMUEL (1783-1865) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/gale_samuel_1783_1865_9F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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