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FISHER, PETER, marchand et historien, né le 9 juin 1782 dans l’île Staten (New York); décédé le 15 août 1848 à Fredericton.
Peter Fisher est reconnu comme « le premier historien du Nouveau-Brunswick ». Fils d’un soldat et fermier loyaliste, il a laissé deux brefs tableaux de la vie provinciale qui, outre de marquer le début d’une tradition littéraire néo-brunswickoise, ont le mérite d’éclairer les valeurs et les aspirations d’un simple colon loyaliste de la deuxième génération.
Même s’il n’est pas né au Nouveau-Brunswick, Fisher n’avait que 16 mois à son arrivée dans cette colonie ; il ne vécut jamais ailleurs par la suite, et sa carrière fut tout entière façonnée par l’histoire et la conjoncture matérielle de la province. Troisième enfant de Lewis Fisher, membre des New Jersey Volunteers depuis 1776, il naquit au moment où l’île Staten était sur le point de passer des Britanniques aux rebelles américains. De sa mère, nommée Mary Barbra Till, on sait peu de chose, sinon qu’elle est probablement née de parents anglais. Son père, quant à lui, était d’origine hollandaise ; on le prénommait aussi bien Ludovic, Ludwig et Lodewick. Comme beaucoup de colons hollandais d’Amérique, c’était un fidèle partisan du régime britannique. Prisonnier pendant quelque temps au début de la guerre d’Indépendance, il servit ensuite à New York et dans les environs. En septembre 1783, en compagnie de nombreux compagnons d’armes, il s’embarqua à New York sur l’Esther avec sa jeune famille pour s’exiler plus au nord, dans la vallée de la rivière Saint-Jean.
Les Fisher s’installèrent à la pointe St Anne, sur des terres réservées aux régiments loyalistes. Cet endroit, qui serait bientôt rebaptisé Fredericton, deviendrait la capitale de la nouvelle province du Nouveau-Brunswick, mais en 1783 c’était un lieu sauvage, inhospitalier et froid. À la fin du xixe siècle, William Odber Raymond* a raconté la première année de peuplement en s’inspirant des souvenirs de la mère de Peter, consignés dans un document qui appartenait à la famille Fisher. Ce récit, d’une valeur inestimable, décrit de manière vivante les épreuves de l’hiver de 1783–1784. Les familles loyalistes vivaient dans des tentes sans fond et n’avaient que des foyers de pierre. « Beaucoup de femmes et d’enfants, et quelques hommes, moururent de froid. » Les survivants, « à la manière des Indiens », tiraient leur subsistance de la nature : « Les hommes prenaient du poisson et chassaient l’orignal quand ils le pouvaient. Au printemps, rappelle Mme Fisher, nous avons fait du sucre d’érable. Pour apaiser les douleurs de la faim, nous mangions des crosses de fougère, des raisins et même des feuilles d’arbre. » L’arrivée de bateaux de ravitaillement, au printemps, pallia les besoins les plus criants, mais les colons, obligés de construire des abris, de défricher la terre et d’ensemencer, étaient contraints à une vie continuelle de dur labeur, sans avoir grand-chose à se mettre sous la dent : « Pendant des années, il n’y eut pas de bêtes de trait [...] L’hiver, [les] gens devaient parfois traîner eux-mêmes leurs provisions sur une distance de cinquante ou cent milles, sur la glace ou à travers bois. L’été, elles arrivaient dans de lents voiliers. » Bien que l’on n’ait à peu près aucun détail précis sur l’enfance de Peter, il est certain qu’elle fut dominée par ces souffrances et ces périls, qui le marquèrent profondément. Dans ses écrits, il rend un hommage bien senti aux fondateurs loyalistes du Nouveau-Brunswick, qui « s’usèrent par le travail et la pauvreté et qui, par leur infatigable labeur, domestiquèrent une contrée sauvage et la couvrirent d’habitations, de villages et de villes ».
Vivre à Fredericton présentait néanmoins des avantages. L’instruction élémentaire était accessible et l’activité gouvernementale stimulait l’intérêt pour le développement de l’ensemble de la province. L’instituteur de Fisher était Bealing Stephen Williams, maître d’école anglais et ancien commis dans la marine, qui enseigna à Fredericton pendant près de 40 ans. Fisher apprit à lire, à écrire, à compter, et acquit un vif intérêt pour l’étude méthodique de la nature et de l’histoire. Le 15 août 1807, devant le ministre anglican George Pidgeon, il épousa Susannah Stephens Williams, fort probablement la fille de son mentor. Le couple allait avoir sept fils et quatre filles, dont plusieurs se distingueraient sur la scène néo-brunswickoise. Quant à Peter lui-même, on sait malheureusement peu de chose sur ses occupations. Plusieurs documents le qualifient d’important marchand de bois, quelques-uns de forgeron et de marchand général. Sans doute était-il aussi fermier, puisqu’il était normal à l’époque d’exercer deux métiers. Ses contemporains admiraient ce liseur curieux de tout et ce promeneur infatigable, qualités qui expliquent en partie sa connaissance remarquablement précise des diverses régions du Nouveau-Brunswick. En 1892, le sénateur John Glasier* se remémorait un voyage fait dans sa jeunesse avec Fisher, homme déterminé comme on le verra.
En 1829, j’ai fait vers le haut de la rivière un voyage extraordinaire avec le regretté Peter Fisher et un solide nègre appelé Jacques. Nous avons remonté en voilier la partie droite du cours d’eau [Long Reach] puis fait le reste du chemin à pied, franchi le Devil’s Back pour arriver le soir, à Oromoncto. Nous n’avions pour nous nourrir tous les trois qu’une miche de pain et une pinte de lait, et nous avons marché de huit heures du matin à dix heures du soir. J’avais passablement mal aux pieds quand nous sommes arrivés à Oromoncto, mais M. Fisher, frais comme une rose, voulait continuer jusqu’à Fredericton après le souper. Or [il] avait alors près de soixante ans. Il a obtenu une chopine de rhum et en a partagé une portion avec moi, mais je ne supportais pas bien cette boisson. M. Fisher a pris le reste du rhum pour baigner sa jambe et son pied. Quand je me suis réveillé, au matin, on m’a dit que le vieil homme était déjà en route pour Fredericton. J’étais alors dans ma vingtième année.
Seuls les écrits de Fisher renseignent véritablement sur sa personnalité. Le style n’en est pas remarquable, mais ils révèlent de grands dons d’observateur et un intérêt intense pour le développement progressif et systématique du Nouveau-Brunswick. Son premier ouvrage connu, signé Un habitant de la province, fut imprimé en 1825 sur les presses de Henry Chubb* et de James Sears à Saint-Jean. Le titre complet en était : Sketches of New-Brunswick ; containing an account of the first settlement of the province, with a brief description of the country, climate, productions, inhabitants, government, rivers, towns, settlements, public institutions, trade, revenue, population, &c. Selon une annonce parue dans la Royal Gazette du 10 février 1824, Fisher avait publié plus tôt une version simplifiée de cet ouvrage sous le titre The Fredericton primer. Destinée aux enfants, elle contenait des exercices de lecture et d’épellation ainsi que de la géographie et une courte histoire de la province. Jusqu’à ce jour, personne n’a trouvé d’exemplaire de ce livre. Le deuxième ouvrage de Fisher, qui existe encore, Notitia of New-Brunswick, for 1836, and extending into 1837 ; comprising historical, geographical, statistical, and commercial notices of the province, est une version revue et augmentée du premier. Paru sans mention d’auteur en 1838, il fut aussi imprimé par Chubb. En refusant de s’identifier, Fisher a engendré une confusion considérable. Au xixe siècle, c’est à Alexander Wedderburn qu’on a parfois attribué Notitia plutôt qu’à lui. Au xxe siècle, on lui a quelquefois prêté un troisième ouvrage, The lay of the wilderness […], poème épique sur la période loyaliste paru à Saint-Jean en 1833. Cependant, à la lecture de ce poème, on relève des indices qui donnent à penser qu’il ne peut pas en être l’auteur, et aujourd’hui les spécialistes concluent que seuls Sketches et Notitia peuvent lui être attribués.
La préface de Sketches annonce que l’auteur entend « brosser un portrait global du pays », avec autant d’exactitude et d’impartialité que le permettent sa courte histoire et l’insuffisance des documents. Fisher est un écrivain influencé par le Siècle des lumières : il croit en la connaissance scientifique et se préoccupe du progrès social. Son livre est essentiellement un catalogue des caractéristiques physiques et humaines du Nouveau-Brunswick. Il y décrit et y classe tout : le climat, la topographie, les cultures, le poisson et le gibier, les arbres et les minéraux, les formes de gouvernement, les Églises et leurs fidèles, les groupes ethniques et leur mode de vie, les villes et leurs activités, les importations, les exportations, l’architecture, les écoles, les degrés de capital investi, les phénomènes naturels (incendies, crues, tremblements de terre), le tempérament des habitants. Une bonne partie de Sketches se lit comme un rapport technique : le livre abonde en détails concrets, et Fisher ne se laisse aller qu’à l’occasion à une brève notation descriptive, pour parler d’« un noble cours d’eau » ou de l’« allure sublime et terrifiante » d’une chute.
Pourtant, Fisher ne s’intéresse pas qu’aux faits. Son texte est ponctué de clairs énoncés d’objectifs et de commentaires hautement critiques qui, tous, s’inspirent d’un profond désir de voir sa province se développer. C’est donc un patriote fervent, mais jamais exalté. En bon loyaliste, il considère que le Nouveau-Brunswick devrait d’abord et avant tout être une société agricole, dotée d’une solide classe de francs-tenanciers, et compter, pour le reste, sur la prospérité du commerce du bois et l’expansion des secteurs commercial et industriel. Comme les fondateurs de la province, il croit que le mode de vie agricole est non seulement un gage d’autosuffisance matérielle mais aussi d’ordre, de respect de la propriété et d’indépendance personnelle. Dans Sketches, il évalue l’ensemble des groupes ethniques, des activités et des institutions de la province en fonction de leur contribution à cet idéal. Aux leaders loyalistes fondateurs et au premier gouverneur, le « paternel » Thomas Carleton*, il attribue le mérite d’avoir instauré de sains principes de colonisation dans « une région désolée ». Avec un grand souci d’objectivité, il juge les groupes religieux et ethniques selon leur apport à la société. D’après Fisher, les immigrants anglais du Yorkshire et leurs descendants forment « la classe la plus prospère de colons » : le souci qu’ils ont manifesté pour la culture et l’élevage a donné d’abondantes récoltes et du bétail de première qualité. Il admire également l’autosuffisance des Acadiens et la paix qui règne parmi eux ; d’« une race différente de celle des Anglais », ils sont « pleins d’entrain et hospitaliers, mais très négligents dans leur cuisine et la tenue de leurs maisons ». Ils représentent des éléments pacifiques et constructifs de la communauté néo-brunswickoise. Par contre, Fisher déplore que les Noirs et les Indiens n’arrivent pas à devenir des colons utiles. Il est conscient des origines culturelles de leurs difficultés et remarquablement sensible aux langues indiennes, « hardies et métaphoriques », mais il prédit avec pessimisme que, faute de s’adapter au mode de vie des colons, les deux groupes déclineront et tomberont dans la dépendance. Tout au long du texte, l’idéal de Fisher est le pionnier, l’homme des bois, « qui n’a que sa hache et quelques outils simples, [...] se sent parfaitement chez lui dans les profondeurs de la forêt » et peut satisfaire lui-même ses besoins. Avec ferveur et lyrisme, il affirme que « le génie de ces gens diffère beaucoup de celui des Européens – dans les pays neufs, l’esprit humain, laissé à lui-même, déploie toute son énergie ». Comme ils réussissent à se débrouiller seuls, loin de tout, ils acquièrent « confiance en soi et indépendance » ; « leurs manières [ont] une grande liberté naturelle [... qui], alliée à leur vénération pour leur roi, fait d’eux de loyaux sujets et de bons citoyens, dépourvus de passivité aveugle et liés, par l’affection, au gouvernement sous lequel ils ont vu le jour ».
Si Fisher place ses plus grands espoirs dans les capacités des pionniers, les dérèglements du commerce du bois lui inspirent les plus vives appréhensions. Son expérience personnelle dans ce secteur, à titre de marchand, donne à ses remarques une crédibilité particulière. Il critique sans ménagement ceux qui cèdent à la tentation de spéculer sur le bois, ce qui amène la surexploitation de la forêt et un mode de vie dissolu. Ces gens, ce sont d’abord les spéculateurs américains qui, les premiers, sont venus exploiter cette richesse naturelle. Même si, en 1825, de nouveaux règlements ont limité l’octroi de permis de coupe aux sujets britanniques, ils n’ont nullement, selon Fisher, empêché les étrangers assoiffés de profit de se livrer à un véritable pillage. Ces aventuriers, dit-il, « ne se préoccupaient pas du bien du pays ; ils n’ont fait qu’occuper un lieu pour en tirer le plus vite possible tout ce qu’ils pouvaient ». Le nord-est du Nouveau-Brunswick, surtout, a été privé du bénéfice que ses grandes forêts auraient dû lui rapporter : « La richesse qu’il a engendrée s’est envolée vers les États-Unis [...] les forêts sont dépouillées sans que rien ne soit prévu pour les remplacer », ni grandes villes, ni belles routes, ni ce genre de splendides et somptueux édifices publics qui « témoignent avec éloquence, quoique silencieusement, de l’esprit collectif, du goût et de la grandeur d’un pays ».
Ces réserves mises à part, Sketches donne du Nouveau-Brunswick un portrait extrêmement optimiste. Vigoureux et sain, le peuple – Fisher n’en doute pas – parviendra à exploiter les richesses de la terre et du sous-sol, à faire progresser le commerce, à créer des communautés policées. Bien sûr, la jeune province a encore un long chemin à parcourir, et il fait des propositions réfléchies, pratiques, au sujet des besoins les plus pressants. Il faut des données précises sur le climat et les sols pour améliorer l’agriculture ; un réservoir de capitaux et de main-d’œuvre à bon marché pour intensifier le commerce et faire de l’exploration minière ; de meilleures routes et un canal ; une architecture plus somptueuse pour l’édification de tous. Et surtout, il faut réorganiser les terres de la couronne pour lier la mise en valeur des ressources forestières au sort des colons permanents, qui conforment leurs intérêts à ceux de la province. Que le Nouveau-Brunswick présente des faiblesses n’amoindrit cependant pas la fierté que Fisher éprouve à son sujet. Il se réjouit en particulier de ce que « le savoir [soit] très florissant dans la province » comme du fait que, grâce au College of New Brunswick, à Fredericton, et aux diverses écoles paroissiales, grammar schools et écoles de Madras, « la plupart des habitants [aient] facilement accès [à l’instruction], de sorte qu’ils s’efforceront de bénéficier de ce bien collectif ».
Dans l’ensemble, ce premier ouvrage d’histoire donne un aperçu vivant de la mentalité et de la pensée sociale d’un homme du commun et fils de loyaliste. Tout porte à croire qu’un grand nombre de Néo-Brunswickois partageaient les idées de Fisher sur le progrès social, le développement rationnel de la province et l’indépendance personnelle, et que cette prise de position énergique en faveur de la modernisation de la province n’a pas peu contribué à la prospérité que le Nouveau-Brunswick a connue à compter des années 1820 et pendant les trois décennies suivantes.
Parue en 1838, la deuxième édition de l’ouvrage de Fisher, Notitia, permet de réétudier cette mentalité et d’en noter l’évolution. Tout en reprenant la plupart des données publiées dans Sketches, le style est plus concis et plus coloré. Le ton aussi a changé : dix ans de prospérité et de progrès culturel sans précédent ont rendu Fisher plus hâbleur, plus combatif, plus romantique. Il affirme avec audace : « il est peu de régions aux États-Unis où les gens vivent aussi bien [qu’au Nouveau-Brunswick], et peut-être n’existe-t-il aucune contrée où l’ouvrier a un meilleur salaire, où le génie de l’entrepreneur a un plus vaste champ pour se déployer ». En énumérant les sources de richesse d’un ton beaucoup plus confiant, il note en particulier la construction, à Saint-Jean, de belles demeures et d’établissements commerciaux de qualité ainsi que la création d’organismes voués aux « arts d’agrément », des sociétés de floriculture et d’horticulture par exemple. Deux changements sociaux retiennent particulièrement son attention. D’abord, la province accueille un grand nombre d’immigrants irlandais qui, observe-t-il, s’assimilent bien et feront probablement du catholicisme la première religion du Nouveau-Brunswick dans un proche avenir. Ensuite, en 1829, une charte royale a établi le King’s College ; il en décrit le programme avec une immense fierté et souligne qu’aucune restriction ne s’applique à l’âge, à la religion et à la formation préalable des candidats.
Par ailleurs, et cela est nouveau, Notitia contient des remarques politiques faites sur un ton agressif. On a modifié les règlements sur le bois des terres de la couronne à la satisfaction de Fisher en 1837. Les acheteurs doivent désormais payer intégralement ces terres, ce qui favorise le colon et met fin à la spéculation irresponsable. Cependant, les abus politiques qui profitent aux « spéculateurs étrangers » persistent et poussent Fisher à critiquer sévèrement le lieutenant-gouverneur militaire, sir Archibald Campbell, les pouvoirs arbitraires du Conseil exécutif et surtout les émoluments extravagants du commissaire des Terres de la couronne, Thomas Baillie*, et de son beau-père, William Franklin Odell, secrétaire de la province. Là encore, Fisher se fait l’interprète du dégoût qu’éprouve la population devant les pouvoirs du petit family compact de Fredericton, ces gens qui, nommés par le gouvernement impérial, profitent de ce qu’ils échappent à la surveillance populaire pour encourager l’exploitation capitaliste des ressources provinciales. Même s’il ne pouvait pas le savoir, Fisher tenait ces propos au moment même où une délégation de l’Assemblée du Nouveau-Brunswick concluait avec le gouvernement de Grande-Bretagne une entente qui non seulement réglait cette question litigieuse mais faisait de la province la première des colonies d’Amérique du Nord britannique à réaliser une réforme démocratique, puisque la gestion des revenus publics et le choix des conseillers exécutifs étaient désormais soumis à la volonté des élus du peuple. Fisher était à la fois un partisan convaincu du régime populaire et du lien colonial, ce qui reflétait bien la tenace ambivalence des loyalistes, attirés par les principes démocratiques apportés des États-Unis mais fidèles, par tradition, à une structure impériale et hiérarchique. L’histoire n’a pas retenu les opinions de Fisher sur les bouleversements d’après 1837, mais il est significatif que son fils Charles Fisher* ait dirigé le mouvement néo-brunswickois en faveur du gouvernement responsable et joué plus tard un rôle clé dans l’entrée de cette province loyaliste au sein de la Confédération.
Veuf depuis 1836, Fisher se remaria le 30 novembre 1847, donc peu de temps avant sa mort, avec Mme Mary Valentine, de Saint-Jean. En plus de Charles, trois autres de ses fils firent aussi leur marque dans la société néo-brunswickoise. Henry succéda pendant quelque temps à Joseph Marshall* de Brett Maréchal au poste de surintendant de l’Éducation du Nouveau-Brunswick ; William fut surintendant des Affaires indiennes pendant quelques années ; Lewis Peter devint un célèbre avocat et philanthrope de l’éducation. Une de ses filles, Ann, épousa Charles Connell*, député au premier Parlement du Dominion, et l’une de ses petites-filles, Annie Connell Fisher, devint la femme de George Robert Parkin*, éducateur renommé et avocat de l’impérialisme. Ainsi pendant au moins trois générations les Fisher furent parmi les meneurs du mouvement loyaliste, formé de colons et de citoyens de classe moyenne sûrs d’eux-mêmes et travailleurs, qui croyaient au gouvernement populaire tout en demeurant fidèles à l’Empire et prônaient le progrès tout en tenant à ce qu’il se réalise dans la paix et la modération.
Premiers exposés globaux d’un résident permanent sur la situation de la province, les deux ouvrages de Peter Fisher occuperont toujours une place distincte dans l’historiographie du Nouveau-Brunswick. Le lecteur du xxe siècle les considérera davantage comme des recueils de faits que comme des livres d’histoire ; ils étaient cependant conformes aux normes de l’époque, qui dictaient de recueillir systématiquement des données sur le passé et le présent et d’en faire la synthèse pour évaluer les réalisations importantes du peuplement. Les livres de Fisher n’ont ni l’ampleur ni la subtilité de l’ouvrage classique de Thomas Chandler Haliburton*, An historical and statistical account of Nova-Scotia, paru en deux volumes à Halifax en 1829, bien que l’un et l’autre auteur ait été soucieux de la précision des détails concrets et ait cru profondément en la vie civilisée. Cependant, parmi les œuvres des premiers historiens du Nouveau-Brunswick, Sketches surpasse les écrits de Robert Cooney* et de Moses Henry Perley* par son exactitude et sa critique équilibrée. Il fallut attendre la parution à Londres, en 1847, de New Brunswick, with notes for emigrants [...] d’Abraham Gesner* pour avoir une description plus exhaustive et plus complexe de la province. Gesner s’inspirait avec raison des travaux de Fisher et rendait hommage à la contribution de ce pionnier. Les historiens suivants ont continué et continuent de le faire.
On trouve un certain nombre de documents concernant Peter Fisher et ses ancêtres loyalistes aux APNB dans les registres paroissiaux et les dossiers de succession (RG 7, RS75) ainsi que dans les pétitions pour des demandes de terre (RG 10, RS108) pour le comté d’York ; cependant, une recherche dans les dossiers du commerce du bois de cette époque n’a donné aucun renseignement sur les activités commerciales de Fisher. Son ouvrage Sketches a été publié de nouveau avec des notes de William Odber Raymond, à Saint-Jean, N.-B., en 1921 sous le titre de The first history of New Brunswick (réimpr., Woodstock, N.-B., 1980). Sur l’hypothèse voulant que Fisher soit l’auteur du poème épique, il faut consulter The lay of the wilderness by a native of New-Brunswick, T. B. Vincent, édit. (Kingston, Ontario, 1982).
Robert Cooney, A compendious history of the northern part of the province of New Brunswick and of the district of Gaspé, in Lower Canada (Halifax, 1832 ; nouv. éd., Chatham, N.-B., 1896).— M. H. Perley, A hand book of information for emigrants to New-Brunswick (Saint-Jean, 1854).— New-Brunswick Courier, 4 déc. 1847.— Royal Gazette (Fredericton), 10 févr. 1824, 23 août 1848.— Hill, Old Burying Ground.— M. W. Barkley, « The loyalist tradition in New Brunswick : a study in the growth and evolution of an historical myth, 1825–1914 » (thèse de
Ann Gorman Condon, « FISHER, PETER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fisher_peter_7F.html.
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Auteur de l'article: | Ann Gorman Condon |
Titre de l'article: | FISHER, PETER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |