CHUBB, HENRY, imprimeur, journaliste, éditeur, officier de milice, juge de paix et homme politique, né en 1787 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, fils de John Chubb et d’une prénommée Mary ; le 14 juillet 1816, il épousa Jane Lugrin, sœur de l’imprimeur George Kilman Lugrin*, et ils eurent trois fils et trois filles ; décédé le 20 mai 1855 à Saint-Jean.

Le père et la mère de Henry Chubb quittèrent Philadelphie pour l’Amérique du Nord britannique en 1783. En tant que loyaliste, John Chubb reçut une concession de terre à Parrtown (Saint-Jean), où il travailla comme cordonnier et servit dans la milice. En 1802, Henry Chubb commença son apprentissage dans les bureaux de Jacob S. Mott*, imprimeur du roi et éditeur de la Royal Gazette and New Brunswick Advertiser, de Saint-Jean. Après le décès de Mott en 1814, Chubb assura la direction du journal pour le compte de sa veuve, jusqu’à ce que celle-ci soit forcée d’en interrompre la publication en 1815. Le 2 mai 1811, Chubb avait commencé à publier son propre journal, le New-Brunswick Courier. Il s’associa avec William Durant à un certain moment, mais cette association fut dissoute le 1er juin 1822. Pendant plusieurs années, le contenu du Courier consista en annonces, en nouvelles maritimes et en informations tirées de journaux étrangers. Au moment où les locaux du journal furent détruits par le feu en 1841, sa salle de rédaction, connue sous le nom de Chubb’s News Room, était devenue un lieu de réunion très populaire. En 1842, Chubb s’associa avec son fils aîné, Henry John, et Samuel Seeds. Ce dernier exerça les fonctions de rédacteur en chef du Courier pendant de nombreuses années. En 1846, l’entreprise se transporta dans un nouvel édifice de brique situé à un coin de rue qui est encore connu sous le nom de « Chubb’s Corner ». Depuis la fin des années 1840, des ventes publiques d’actions, de titres et de terres se déroulent en plein air à cet endroit. Les bureaux de Chubb s’imposèrent comme centre de renseignements sur les affaires à Saint-Jean jusque dans les années 1860.

En 1831, Chubb avait engagé George Blatch pour couvrir les débats de la chambre d’Assemblée, et, moins de deux ans plus tard, le Courier était devenu l’« organe d’une opinion populaire qui se cristallisait rapidement en un parti politique avec un objectif précis » : la réforme de la politique agraire de l’Empire britannique et, en particulier, du bureau des Terres de la couronne sous la responsabilité de Thomas Baillie*. De novembre 1832 à avril 1833, le Courier publia une série de lettres satiriques dirigées contre Baillie et signées par John Gape, pseudonyme de Robert Gowan*. À compter du moment où la province commença à tirer des revenus importants de la vente des terres de la couronne, c’est-à-dire après 1837, et jusqu’à l’avènement du gouvernement responsable en 1848, le Courier fit aussi pression pour que le contrôle des dépenses du gouvernement soit modifié. Il soutenait que les comités de l’Assemblée responsables des finances devraient confier l’administration du budget consacré aux travaux d’envergure provinciale au Conseil exécutif, qui était alors composé de députés élus de l’Assemblée. La construction de chemins de fer était l’un de ces travaux, et le Courier insistait pour que le Nouveau-Brunswick obtienne, en retour de son soutien à la ligne longeant la côte nord-est de la province et reliant Halifax à la province du Canada, une ligne secondaire entre Shédiac et Saint-Jean.

Au cours des années, le Courier encouragea aussi l’amélioration du traitement réservé aux Indiens, mena une campagne pour un système uniforme d’écoles publiques dans la province, appuya avec circonspection le mouvement de tempérance et fit pression pour que le King’s College de Fredericton devienne une université non confessionnelle, l’University of New Brunswick. Le journal approuva le règlement pacifique du désaccord portant sur les frontières du Nouveau-Brunswick et du Maine négocié par lord Ashburton en 1842. Il appuya également le traité de réciprocité de 1854 parce que les marchés américains devenaient de plus en plus importants pour écouler les matières premières depuis que la politique de libre-échange du gouvernement impérial avait mis fin à la protection dont jouissait la colonie dans le commerce du bois. Après la mort de Chubb, le Courier continua de se préoccuper des débouchés pour les produits du Nouveau-Brunswick. Même avant la fin du traité en 1866, le journal, encouragé par les conférences de Charlottetown et de Québec de 1864, donna son appui aux projets de Samuel Leonard Tilley* qui visaient à faire entrer le Nouveau-Brunswick dans la confédération. Il plaida pour le maintien, dans toute nouvelle entente, de Parlements provinciaux subventionnés par le gouvernement fédéral.

En 1833, Chubb avait été l’un des fondateurs du Merchants’ Exchange de Saint-Jean et actionnaire de la New Brunswick Mining Company ; en 1854, il acheta des actions dans la Saint John Fire Insurance Company, qui fut fondée la même année. En 1840, il avait contribué à la formation de la Saint John Orphan Benevolent Society, et, sept ans plus tard, lui et sa femme avaient fait don d’un terrain pour la construction d’un hôpital de la marine. Il servit dans la milice, exerça les fonctions de juge de paix et fut le dernier maire de Saint-Jean (1850–1853) à être nommé par le gouvernement du Nouveau-Brunswick.

Toute une génération de journalistes reçurent leur formation dans la salle de rédaction de Henry Chubb : entre autres, l’éditeur new-yorkais Robert Sears et les rédacteurs en chef Robert Shives*, de l’Amaranth du Nouveau-Brunswick, et James Hogg*, du New Brunswick Reporter and Fredericton Advertiser. Selon la notice nécrologique que publia Hogg dans le Reporter, « M. Chubb a longtemps été appelé le père de la presse par les gens du métier ». Après la mort de Chubb, ses fils survivants, Thomas et George James, poursuivirent la publication du journal avec Seeds, qui mourut en 1864. Le Courier cessa de paraître en juillet 1865, et George James demeura propriétaire unique de l’entreprise qui continua ses activités d’imprimerie et de librairie jusqu’au grave incendie de 1877. En 1825, son père avait publié Poems ; religious, moral and sentimental, de Hogg, et il avait édité, en collaboration avec James Sears, Sketches of New-Brunswick, de Peter Fisher. George James perpétua cette tradition d’encourager l’activité littéraire de la région en imprimant, de 1867 à 1872, le Stewart’s Literary Quarterly Magazine et en souscrivant à la publication de cette revue qui était l’œuvre de George Stewart. Tous les enfants de Chubb moururent sans laisser de descendance.

George L. Parker

APC, MG 23, D1, 61, book 6 ; 68, book 90 ; MG 24, A20, 3 : fos 211–212, 243–246, 675 ; RG 8, I (C sér.), 1883 : 57 ; 1884 : 32, 38, 64, 73, 88 ; 1885, Nathaniel Vernon, muster rolls, 25 oct.–24 déc. 1781, 24 févr.–24 avril 1782.— Musée du N.-B., E. B. Chandler papers, Henry Chubb à Chandler, 23 sept. 1836 ; Chubb family papers ; F51, n° 32 ; Marine Hospital, cb doc. ; Misc. index relating to biog., geneal., and hist. N.B. subjects ; N.B. Hist. Soc. papers, packet 8, n° 70 ; Reg. of marriages for the city and county of Saint John, book A (1810–1828) : 77 ; Tilley family papers, H. Chubb & Co. à S. L. Tilley, 30 avril 1858.— [Peter Fisher], Sketches of New-Brunswick [...] by an inhabitant of the province (Saint-Jean, N.-B., 1825), réimpr. sous le titre de The first history of New Brunswick (Saint-Jean, 1921 ; réimpr., Woodstock, N.-B., 1980).— N.-B., Acts, [1786–1836], 1833, chap. 12 ; The revised statutes of New Brunswick [...] (3 vol., Fredericton, 1854–1855), 3 : 447, 689–690.— New-Brunswick Courier, 5 févr. 1831, 20 mars 1841, 3 sept. 1842, 7 févr. 1846, 1er janv., 19 févr. 1848, 17 mars 1855, 24 sept., 10 déc. 1864, 7 janv., 15 juill. 1865.— New Brunswick Reporter and Fredericton Advertiser, 25 mai 1855.— Novascotian, or Colonial Herald, 5 févr. 1835.— J. R. Harper, Historical directory of New Brunswick newspapers and periodicals (Fredericton, 1961), xiv.— W. G. MacFarlane, New Brunswick bibliography : the books and writers of the province (Saint-Jean, 1895).— Lorenzo Sabine, The American loyalists, or biographical sketches of adherents to the British crown in the war of the revolution [...] (Boston, 1847), 209.— George MacBeath, Historic Chubb’s Corner (Saint-Jean, [1966] ; copie au Musée du N.-B.).— MacNutt, Atlantic prov. ; New Brunswick.— St. John and its business : a history of St. John [...] (Saint-Jean, 1875), 179–180.— George Stewart, « The history of a magazine », dans son ouvrage Essays from reviews : 2nd series (Québec, 1893), 126.— P. B. Waite, The life and times of confederation, 1864–67 : politics, newspapers, and the union of British North America (Toronto, 1962).— E. C. Wright, The loyalists of New Brunswick (Fredericton, 1955 ; réimpr., Moncton, N.-B., 1972), 269.— J. R. Armstrong, « The Exchange Coffee House and St. John’s first club », N.B. Hist. Soc., Coll. (Saint-Jean), 3 (1907–1914), n° 7 : 60–78.— Dorothy Dearborn, « It takes style to run a good auction », Telegraph-Journal (Saint-Jean), 8 déc. 1973 : 13.— D. R. Jack, « Acadian magazines », SRC Mémoires, 2e sér., 9 (1903), sect. ii : 173–203, spécialement 179 ; « Early journalism in New Brunswick », Acadiensis (Saint-Jean), 8 (1908) : 250–265.— J. S. Martell, « The press of the Maritime provinces in the 1830’s », CHR, 19 (1938) : 24–49.

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George L. Parker, « CHUBB, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/chubb_henry_8F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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