BURTIS, WILLIAM RICHARD MULHAREN, avocat, auteur et journaliste, né à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, en 1818, et décédé le 2 décembre 1882 dans le comté d’York, Nouveau-Brunswick.
William Richard Mulharen Burtis fit ses premières études à la Saint John Grammar School et, en 1832, commença son stage de clerc dans le bureau de William Boyd Kinnear*, à Saint-Jean. Admis au barreau comme attorney en 1839 puis comme barrister en 1841, Burtis se bâtit peu à peu une étude prospère et achalandée. Il fut nommé secrétaire de la ville de Saint-Jean en 1855, mais il remit sa démission en 1863 pour raison de santé ; plus tard, il devint estimateur des dommages à la propriété foncière de l’Intercolonial jusqu’à sa retraite en 1878. Il se fit cependant remarquer surtout dans les domaines de la littérature, du journalisme et au sein du mouvement de tempérance du Nouveau-Brunswick.
En 1837, Burtis joua un rôle important dans la mise sur pied de la Young Men’s Debating Society de Saint-Jean et, la même année, il reçut la médaille d’or de cette société pour son essai intitulé « The rise and progress of New Brunswick [...] ». À la demande de cette dernière, l’essai de Burtis fut publié en octobre 1837 dans le seul numéro paru du Literary and Historical Journal [...] (Saint-Jean) que son rédacteur en chef, John Henry Crosskill*, avait conçu comme un magazine littéraire d’avant-garde au Nouveau-Brunswick. Bien qu’il s’inspire fortement des œuvres nouvellement publiées des premiers historiens du Nouveau-Brunswick, Peter Fisher* et Robert Cooney*, l’article en question fait connaître la ferveur de l’historien amateur qu’était Burtis : il y loue les vertus et les souffrances des Loyalistes fondateurs du Nouveau-Brunswick et y exalte les progrès matériels ultérieurs de la province. Entre 1841 et 1843, Burtis écrivit plusieurs textes de folklore et de fiction historique sur les débuts de la colonisation au Nouveau-Brunswick dans Amaranth (Saint-Jean), le premier magazine littéraire d’importance de la province.
Pendant les premières années de sa carrière d’avocat à Saint-Jean, Burtis joua un rôle de premier plan dans le mouvement de tempérance du Nouveau-Brunswick. En 1843, il fut l’un des principaux organisateurs de la Young Men’s Total Abstinence Society de Saint-Jean et il prononça souvent des conférences pour appuyer la croisade morale destinée à faire disparaître la plaie de l’ivrognerie. Lorsque les Sons of Temperance, originaires de New York, essaimèrent au Nouveau-Brunswick en 1847, à partir du Maine, Burtis en devint membre et, l’été de cette année-là, on le choisit comme patriarche de la section Gurney établie à Saint-Jean. Il apporta cependant sa contribution la plus importante au mouvement de tempérance comme adjoint au rédacteur en chef Christopher Smiler du Temperance Telegraph (Saint-Jean), journal dont la publication commença le 25 janvier 1844 et qui se consacrait à la cause de l’abstinence totale. Lorsque le Telegraph devint l’organe officiel des Sons of Temperance du Nouveau-Brunswick au début de 1848, Burtis en devint le directeur et, de 1850 à la disparition de la publication en avril 1851, il partagea les tâches de rédacteur en chef avec le révérend J. D. Casewell. Sous la direction de Burtis, l’hebdomadaire jouit d’une influence considérable, comme en témoigne la décision prise par l’Assemblée du Nouveau-Brunswick au début de 1849 de se le rendre favorable par une subvention spéciale de £50.
Burtis reprit ses activités littéraires en 1860 en participant à un concours commandité par le Mechanics’ Institute de Saint-Jean en vue de choisir le meilleur essai sur « le Nouveau-Brunswick, [considéré] comme une patrie pour les émigrants ». Il y avait 18 candidats sur les rangs, et l’article de Burtis, qui exprimait son antiaméricanisme dans des termes d’un patriotisme vibrant, se classa cinquième ; avec ceux qui obtinrent les quatre premières places, il fut publié et distribué dans toute la province et le Royaume-Uni sur les ; ordres du gouvernement du Nouveau-Brunswick. L’essai de Burtis, lequel visait à attirer les immigrants au Nouveau-Brunswick et à les détourner des États-Unis, mettait l’accent sur le traitement cruel infligé aux Loyalistes, fondateurs de la province, par leurs compatriotes américains, démontrait les excès de la démocratie en régime républicain, par contraste avec la supériorité du régime constitutionnel britannique, et soulignait les troubles sociaux qu’on imputait au mode de vie américain. Encouragé par ce succès littéraire mitigé, Burtis écrivit en 1860 plusieurs articles dans le Guardian [...] de Saint-Jean, une publication mensuelle éphémère, destinée à encourager la littérature locale. Il y publia, en 12 chapitres, son œuvre probablement la plus marquante : « Grace Thornton, a tale of Acadia ». En 1867, pour célébrer l’avènement de la Confédération, Burtis mit à l’épreuve ses talents de poète dans The new dominion, a poem, où il prophétise avec une emphase toute patriotique la richesse future du Nouveau-Brunswick et la grandeur du Canada sous la constitution britannique en faisant contraster ces prédictions avec le tableau des États-Unis déchirés par la guerre civile. Après la Confédération, Burtis délaissa les lettres pour se consacrer à sa carrière d’avocat, mais son enthousiasme vivace pour le passé du Nouveau-Brunswick trouva son expression dans la New Brunswick Historical Society, fondée le 25 novembre 1874. Il en fut un des membres fondateurs et le premier secrétaire-trésorier. Lorsqu’il cessa d’exercer sa profession d’avocat en 1878, il déménagea à sa maison de campagne située sur l’embranchement nord de la rivière Oromocto, dans le comté d’York ; c’est là qu’il mourut quatre ans plus tard.
La carrière d’avocat de William Richard Mulharen Burtis, ses travaux littéraires, son intérêt d’historien amateur et son plaidoyer éloquent en faveur de la tempérance illustrent bien les préoccupations et l’évolution dans les domaines littéraires, intellectuels et sociaux du Nouveau-Brunswick au milieu du xixe siècle.
William Richard Mulharen Burtis est l’auteur de « The rise and progress of New Brunswick [...] » publié en octobre 1837 dans le Literary and Hist. Journal of New Brunswick and Nova Scotia (Saint-Jean, N.-B.) ; New Brunswick, as a home for emigrants : with the best means of promoting immigration, and developing the resources of the province (Saint-Jean, 1860) ; « Grace Thornton, a tale of Acadia », paru dans le Guardian, a Monthly Magazine of Education and General Literature (Saint-Jean, 1860) ; et The new dominion, a poem (Saint-Jean, 1867).
Musée du N.-B., W. R. M. Burtis papers ; Tilley family papers.— G. E. Fenety, Political notes and observations ; or, a glance at the leading measures that have been introduced and discussed in the House of Assembly of New Brunswick [...] (Fredericton, 1867).— Amaranth (Saint-Jean), 1841–1843.— Daily Telegraph, 14 déc. 1882.— New Brunswick Courier (Saint-Jean), 1837–1851.— Temperance Telegraph (Saint-Jean), janv. 1844–avril 1851.— Dominion annual register, 1882.— Harper, Hist. directory.— W. G. MacFarlane, New Brunswick bibliography : the books and writers of the province (Saint-Jean, 1895).— Morgan, Bibliotheca Canadensis.— J. K. Chapman, « The mid-nineteenth century temperance movement in New Brunswick and Maine », CHR, 35 (1954) : 43–60.
Murray Barkley, « BURTIS, WILLIAM RICHARD MULHAREN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/burtis_william_richard_mulharen_11F.html.
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Auteur de l'article: | Murray Barkley |
Titre de l'article: | BURTIS, WILLIAM RICHARD MULHAREN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
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