MARSHALL DE BRETT MARÉCHAL, JOSEPH, deuxième baron d’Avray, (on le désigne habituellement sous le nom de Marshall d’Avray), professeur, éducateur et journaliste, né à Londres le 30 novembre 1811, l’aîné des 12 enfants de Joseph Head Marshall, premier baron d’Avray, et d’Elisabeth Golding Elrington, décédé à Fredericton, N.-B., le 26 novembre 1871.

L’enfance de Marshall d’Avray fut marquée par le fait que son père fut l’associé d’Edward Jenner dans la découverte de la vaccination et que, par la suite, il introduisit cette pratique à Naples où il devint médecin extraordinaire du roi Ferdinand Ier et de la reine Marie-Caroline. Sa famille fit plusieurs séjours en France où son père prévint le gouvernement de l’évasion imminente de Napoléon de l’île d’Elbe ; Joseph Head Marshall reçut son titre de baron pour avoir contribué à la Restauration en 1815. Marshall d’Avray, dont le père était précepteur des enfants de Louis-Philippe, fut éduqué avec ces derniers. Il hérita du titre de son père quand celui-ci mourut en 1838. À la suite des revers de fortune essuyés par sa famille, principalement à cause des changements dynastiques survenus en France, Marshall d’Avray devint professeur à Royal College à l’île Maurice, mais sa femme Margaret Emma Glenn ne put s’adapter au climat. En 1848, il vint s’installer avec elle et leur fille Laurestine-Marie à Fredericton, N.-B., où il avait été chargé de fonder la première école normale de la province.

En tant que directeur de l’école normale, depuis sa fondation jusqu’à sa destruction dans un incendie en novembre 1850, et, plus tard, en tant que surintendant de l’Éducation de 1854 à 1858, Avray procéda à une série de réformes du système scolaire qu’un étudiant a qualifiées de nos jours d’« ultra-progressistes ». Sa politique fut injustement attaquée par John Gregory*, secrétaire du conseil de l’Éducation, comme étant antidémocratique. Sans négliger l’importance de l’enseignement classique, Avray proposait néanmoins la création d’un collège d’agriculture auquel serait rattachée une ferme modèle. Disciple de Johann Heinrich Pestalozzi et de Philipp Emanuel von Fellenberg, il fut le premier dans la province à sentir le besoin d’un enseignement professionnel. Pendant la période où il occupa le poste de surintendant de l’Éducation, il défendit King’s College (Fredericton), où il devint professeur de langues modernes le 28 octobre 1848, contre les attaques d’Albert James Smith*, député de Westmorland, et contre celles d’autres membres de la législature qui souhaitaient, en grande partie par sectarisme, priver cette institution de subventions publiques et attribuer ses crédits à un établissement confessionnel fondé par les méthodistes. Dans le but de défendre ce collège de façon plus efficace, Avray devint en 1854 rédacteur en chef d’un journal local, le Head Quarters de Fredericton. Il fut pris sévèrement à partie à l’Assemblée par Smith et d’autres députés à la suite de ses articles marqués au coin d’une ironie légère, et lorsque le gouvernement « Smasher » prit le pouvoir en 1858, lui et beaucoup d’autres perdirent leur poste, ce qui suscita l’indignation publique.

Pendant le reste de sa vie, Marshall d’Avray se consacra uniquement à ses devoirs de professeur à King’s College (Fredericton) qui devint l’University of New Brunswick en 1859. Il s’adonna à l’enseignement de la littérature anglaise et française, mais il ouvrit à ses étudiants un éventail de sujets plus large que celui que l’université avait offert jusque-là, en introduisant pour la première fois des ouvrages d’économie politique et d’histoire contemporaine. Eldon Mullen, ancien étudiant d’Avray qui devint par la suite directeur adjoint de l’éducation dans les colonies du Transvaal et de l’Orange River, le dépeignit comme « un homme de grand savoir, à l’esprit raffiné, possédant un sens aigu de ce qu’il y a de meilleur et de plus authentique en littérature ». Bliss Carman* évoquant le souvenir du professeur Avray et de sa femme, les décrit comme un couple des plus charmants : « C’était un homme de la vieille école, distingué, portant une moustache grise cosmétiquée, et doué d’un esprit caustique divertissant ; quant à sa femme, elle était très enjouée ; ses yeux noirs étincelaient et elle maniait constamment l’humour. » C’est chez eux que Carman rencontra pour la première fois George Robert Parkin*, qui devait exercer, avec ses propres parents, une influence capitale sur sa vie. Parkin et le chanoine George Goodridge Roberts, père de sir Charles George Douglas Roberts*, furent deux des plus remarquables étudiants de Marshall d’Avray ; à travers eux, Avray contribua à la formation de l’école des poètes de Fredericton, premier mouvement national de la littérature canadienne-anglaise.

Alfred G. Bailey

De nombreux documents concernant la famille d’Avray furent. détruits dans le grand incendie de Fredericton, en 1850 ; la plupart de ceux qui restent se trouvent à la bibliothèque de l’University of New Brunswick parmi les Bailey Papers. L’arrière-plan familial est amplement décrit par le petit-fils de Marshall d’Avray, J. W. Bailey, dans The curious story of Dr Marshall, with a few side lights on Napoleon and other persons of consequence (Cambridge, Mass., 1930). Consulter également : Pietro Colletta, History of the Kingdom of Naples, 1734–1825, S. Horner, trad. (2 vol., Édimbourg, 1858), I : 403, et sir Jonah Barrington, Personal sketches of his own tunes (3e éd., 2 vol., Londres, 1869), II : 97–104, 145–150. J. W. Bailey consacre un court chapitre à Marshall d’Avray dans Loring Woart Bailey, the story of a man of science (Saint-Jean, N.-B., 1925). Le rôle d’Avray en tant que fondateur de la première école normale du Nouveau-Brunswick et en tant que surintendant de l’Éducation est longuement traité par K. F. C. MacNaughton, The development of the theory and practice of education in New Brunswick, 1784–1900 ; a study in historical background, A. G. Bailey, édit. (« U. of New Brunswick Hist. Studies », I, Fredericton, N.-B., 1947), chapitres 7 et 8. Pour tout renseignement concernant son enseignement à King’s College, Nouveau-Brunswick, V. The University of New Brunswick memorial volume, A. G. Bailey, édit. (Fredericton, N.-B., 1950), 22–32, et J. S. Willison, Sir George Parkin, a biography (Londres, 1929), 13–16.  [a. g. b.]

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Alfred G. Bailey, « MARSHALL DE BRETT MARÉCHAL, JOSEPH, deuxième baron d’AVRAY (Marshall d’Avray) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/marshall_de_brett_marechal_joseph_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    28 novembre 2024