FAIRBANKS, SAMUEL PRESCOTT, avocat, homme politique et fonctionnaire, né le 31 janvier 1795 à Halifax, fils de Rufus Fairbanks et d’Ann Prescott, et frère de Charles Rufus Fairbanks* ; le 28 septembre 1820, il épousa Charlotte Ann Newton, petite-fille de Simeon Perkins*, et ils eurent plusieurs enfants ; décédé le 7 décembre 1882 à Dartmouth, Nouvelle-Écosse.

Samuel Prescott Fairbanks fit ses études au King’s College de Windsor, Nouvelle-Écosse, où il passa l’examen d’entrée le 3 septembre 1810 ; il y fut condisciple de Thomas Chandler Haliburton*. Inscrit au barreau à Halifax en 1818, il déménagea ensuite à Liverpool, Nouvelle-Écosse, où il exerça le droit jusqu’en 1845. Il y construisit une grande maison à deux logements et s’occupa beaucoup des affaires de l’église anglicane Trinity en qualité de membre du conseil d’administration et, par la suite, de marguillier. De 1836 à 1845, il représenta le comté de Queens à la chambre d’Assemblée de la Nouvelle-Écosse à titre de conservateur ; il occupa le poste de greffier de la Cour d’enregistrement et d’examen des testaments, du 8 novembre 1842 à 1847, et fut nommé conseiller de la reine le 1er mai 1845.

La même année, lord Falkland [Cary], lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse, offrit à Fairbanks le poste de trésorier de la province ; celui-ci accepta sous réserve que cette charge ne revêtit pas le caractère d’une nomination politique. Il avait ainsi l’assurance de conserver son emploi, quel que fût le parti politique jouissant de la majorité à l’Assemblée. Cependant, Falkland n’était nullement habilité à faire des promesses concernant la nature de cette nomination. En octobre 1839, le ministre des Colonies, lord John Russell, avait écrit au gouverneur sir Colin Campbell* pour lui indiquer de façon bien explicite que le poste de trésorier de la province devait être mis sous la dépendance de l’Assemblée.

Les libéraux remportèrent la victoire aux élections de 1848, et aucun de ceux qui avaient reçu un emploi des conservateurs ne put compter sur un traitement de faveur. La question du trésorier de la province fut discutée à l’Assemblée législative, au ministère des Colonies, ainsi que dans les journaux de la Nouvelle-Écosse et de la Grande-Bretagne. Le 1er avril 1848, l’Assemblée adopta en troisième lecture un projet de loi visant à abolir le poste de trésorier de la province et à le remplacer par deux nouveaux postes, soit ceux de secrétaire aux Finances et de receveur-général. Fairbanks cessa d’être trésorier de la province en juillet 1848, mais il fit requête sur requête au Conseil exécutif pour corriger ce qui à ses yeux était une déloyauté de la part du gouvernement et chercha à obtenir un autre poste dans la fonction publique ne comportant aucun caractère politique.

L’Acadian Recorder, journal libéral de Halifax, donna le ton à la presse dans la lutte contre Fairbanks, affirmant sans ambages en janvier 1849 que l’idée du chef conservateur James William Johnston* de nommer Fairbanks en mars 1845 n’était que le résultat « de son empressement à détruire le gouvernement responsable et ses divers ministères et à obtenir que ses amis touchent des soldes du Trésor ». Au ministère des Colonies, le comte Grey reconnut, dans une dépêche adressée en 1852, que Fairbanks avait été dupé, mais précisa qu’il revenait à la législature provinciale de décider si l’on devait lui accorder une compensation. C’est ainsi que, sans s’engager directement, Grey maintint le principe du gouvernement responsable tout en suggérant implicitement au gouvernement provincial de régler le problème en faisant preuve de générosité. Répondant en septembre 1852 à une requête de Fairbanks présentée par sir John Harvey*, le Conseil exécutif adopta une motion déclarant que, même s’il n’« admettait [pas] que M. Fairbanks ait été lésé, [il était] prêt à faire quelque chose pour lui à la première occasion favorable ». Mais le secrétaire de la province, Joseph Howe*, était plutôt indifférent à son égard, de sorte que Fairbanks n’eut guère de succès. Il dut attendre presque dix ans avant d’obtenir un emploi du gouvernement provincial.

En 1857, les conservateurs revinrent au pouvoir, avec Johnston à leur tête, et, le 31 décembre, Fairbanks fut nommé commissaire des Terres de la couronne au traitement de £500 par année. Il touchait de plus des appointements annuels de £400 à titre de commissaire des Mines, situation que le ministre des Colonies, Henry Labouchere, considéra avec « beaucoup de satisfaction ». Le reste de la carrière de Fairbanks semble s’être déroulée d’une façon assez calme. En 1859, il demanda un relèvement de ses appointements à titre de commissaire des Mines, alléguant qu’il avait écrit ou reçu quelque 12 000 lettres pendant qu’il occupait ce poste. Le 26 août de la même année, on lui confiait, en outre, le poste de commissaire chargé de la protection et de l’aliénation des terres appartenant aux Indiens. Lorsqu’il prit sa retraite en 1872, le gouvernement libéral lui accorda une rente viagère de $1 200. Dix ans plus tard, il mourait à sa résidence de Dartmouth.

On ne peut nier que la carrière de Fairbanks ait été assez terne ; il n’en reste pas moins qu’elle offre l’exemple intéressant d’un homme qui, pris dans le mouvement de transition du gouvernement exécutif au gouvernement responsable, s’est comporté d’une façon très humaine. Quelles que fussent les allégations de l’Acadian Recorder, il semble bien que les griefs de Fairbanks étaient fondés ; mais il dut se rendre compte qu’il était impossible de revenir sur le passé, car il ne sollicita jamais d’être réintégré dans son poste de trésorier de la province. Le fait qu’il ait été fonctionnaire sous trois gouvernements libéraux, dont un était dirigé par Howe, semble avoir été de nature à le justifier au vu et au su de ceux qui, au début, s’opposaient à ses demandes de compensation.

John G. Leefe

Arch. privées, Seth Bartling (Liverpool, N.-É.), R. J. Long, « The annals of Liverpool and Queen’s County, 1760–1867 » (1926) (copie dactylographiée à la Dalhousie Univ. Library, Halifax ; mfm aux PANS).— Holy Trinity Anglican Church (Liverpool), Registers (mfm aux PANS).— PANS, RG 1, 102, 198–203a, 214 1/4 G ; RG 5, GP, 2.— [John Inglis], Memoranda respecting King’s College, at Windsor, in Nova Scotia ; collected and prepared for the purpose of making evident the leading object in suggesting and establishing that institution (Halifax, 1836), 25.— Acadian Recorder, 29 janv., 30 avril 1849.— Directory of N.S. MLAs, 114.— Dominion annual register, 1882 : 196.— T. B. Akins, « History of Halifax City », N.S. Hist. Soc., Coll., 8 (1895) : 151, 234 ; édité sous le titre de History of Halifax City (Belleville, Ontario, 1973).

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John G. Leefe, « FAIRBANKS, SAMUEL PRESCOTT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/fairbanks_samuel_prescott_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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