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CRAMP, JOHN MOCKETT, ministre baptiste, auteur et éducateur, né le 25 juillet 1796 à St Peter’s (St Peter Extra), île de Thanet, Angleterre, fils de Thomas Cramp et de Rebecca Gouger ; le 25 septembre 1820, il épousa Maria Agate, et ils eurent une fille, puis, le 1er février 1826, Anne Burls, qui donna naissance à huit enfants, dont l’un, Thomas, devint un éminent homme d’affaires de Montréal ; décédé le 6 décembre 1881 à Wolfville, Nouvelle-Écosse.
Fils d’un ministre baptiste, John Mockett Cramp reçut le baptême et fut admis dans la communauté de son père en septembre 1812. Il fit des études à Cantorbéry, Angleterre, puis, pendant trois ans, au Stepney Theological Institute de Londres. Ordonné ministre le 7 mai 1818, il se chargea de l’église baptiste Dean Street à Southwark (maintenant partie de Londres) ; jusqu’en 1844, il remplit la fonction de pasteur dans plusieurs régions de l’Angleterre. Il éprouvait cependant plus d’attrait pour l’étude que pour le ministère. Ses lectures, abondantes et éclectiques, se reflètent dans ses écrits. Son premier sermon fut publié en 1819, et il écrivit beaucoup pendant la majeure partie de sa vie, notamment des sermons, des ouvrages d’histoire ecclésiastique, des biographies, des ouvrages théologiques et des centaines d’articles de journaux. De 1825 à 1828, il dirigea le Baptist Magazine et s’associa dans une entreprise de publication, mais l’affaire se solda par un désastre financier.
Sa réputation grandissante d’érudit baptiste valut à Cramp d’être nommé en 1844 directeur du Canada Baptist College à Montréal, administré par la Société des missionnaires baptistes du Canada. En dépit de ses démarches pour donner au collège en difficulté une base financière et une structure scolaire solides, celui-ci s’effondra en 1849 à cause du faible soutien de la communauté baptiste. Alors qu’il était directeur du collège, Cramp occupa le poste de rédacteur en chef du Montreal Register et, après 1849, du Colonial Protestant, and Journal of Literature and Science et du Pilot. Il prit également une part active dans les affaires de son Église et de la colonie. Il ne tarda pas à s’intéresser aux efforts déployés par Henriette Feller [Odin*] en vue d’évangéliser les Canadiens français catholiques et il établit des relations durables entre la mission de la Grande-Ligne de Mme Feller et les baptistes du Bas-Canada et des Maritimes.
En 1850, le conseil d’administration du nouvel Acadia College, institution baptiste d’enseignement supérieur qui avait ouvert ses portes au début de 1839 à Wolfville, nomma Cramp directeur en remplacement du révérend John Pryor*. À son arrivée en juin 1851, Cramp trouva l’Acadia College au bord de l’effondrement, ne disposant que d’un seul professeur, Isaac Chipman, n’ayant que peu d’étudiants et dépourvu d’argent ; la communauté baptiste des Maritimes avait décidé en 1850 que l’acceptation de nouvelles subventions gouvernementales pour l’Acadia College était incompatible avec la thèse de la séparation de l’Église et de l’État qu’elle défendait. Cependant, Cramp se mit énergiquement au travail en vue de ressusciter le collège et mérita le titre de « second fondateur » de l’Acadia College. Il lança une campagne auprès des baptistes des Maritimes pour recueillir une dotation, afin d’assurer une base financière solide au collège ; cette campagne fut couronnée de succès. En plus d’exercer les fonctions de directeur, Cramp enseigna les langues classiques, l’histoire, la philosophie, la théologie, la logique, l’économie politique, voire la géologie. Son activité à l’extérieur du collège était également diversifiée : il donnait chaque mois une conférence publique, prêchait tous les dimanches soir ; il assuma officieusement la charge de pasteur auxiliaire de l’église baptiste de Wolfville, participa activement au mouvement de tempérance, fut rédacteur en chef de l’Abstainer et de l’Athenæum, and Journal of Temperance, et trouva encore le temps de lire énormément et d’écrire.
Si l’Acadia College survécut aux désastreuses années 1850, ce fut en grande partie grâce aux efforts de Cramp ; mais les premières années qu’il y passa ne répondirent pas à son attente. Il écrit avec tristesse dans son journal : « Les services que j’ai rendus au collège ne furent pas aussi appréciés que je l’avais espéré, et on souhaitait, du reste, fortement le retour d’[Edmund Alberti Crawley] au collège. » Crawley, qui avait fondé l’Acadia College et y avait enseigné jusqu’à sa démission en 1847, accepta d’y retourner mais à titre de directeur ; Cramp démissionna alors de son poste en septembre 1853 pour occuper celui de directeur de l’institut de théologie du collège, créé expressément pour lui. L’orientation principale de l’Acadia College demeura cependant l’enseignement aux laïques qui, pendant le séjour de Cramp, étaient deux fois plus nombreux que les étudiants en théologie.
Ce fut sans doute un sujet d’amertume pour Cramp de voir Crawley mal gérer la nouvelle dotation, perdant £3 410 (près du tiers du capital) dans des spéculations boursières sur les mines. Après la démission de Crawley en septembre 1856, Cramp fut nommé « directeur de faculté » et, finalement, réintégré dans ses fonctions de directeur du collège le 18 janvier 1860, poste qu’il occupa jusqu’à sa retraite en 1869. Durant son second mandat, l’Acadia College consolida ses assises : la dotation du collège fut augmentée, afin de garantir les salaires des enseignants, et le nombre des inscriptions s’accrut considérablement. Cramp réussit à attirer des professeurs compétents, dont James De Mille* ; Crawley revint enseigner en 1866.
Cramp passa ses années de retraite à approfondir les idées qui l’avaient absorbé pendant une grande partie de sa vie. Il écrivit beaucoup, publiant, entre autres, Paul and Christ ! A portraiture and an argument (1873) et A memoir of Madame Feller, with an account of the origin and progress of the Grande Ligne mission (1876). Il écrivit également beaucoup dans les journaux et les revues d’Amérique du Nord et de Grande-Bretagne. Durant toute sa vie, l’une des grandes lignes de force de sa pensée fut son aversion pour la tyrannie et l’oppression, sous quelque forme qu’elles puissent se manifester. C’est ainsi qu’il combattit aussi fortement la « tyrannie » imposée par le rhum que l’oppression politique ou militaire. Ces mêmes craintes étaient à la base de ses sentiments profondément anticatholiques. Son étude de l’histoire, et particulièrement de la Réforme, l’avait mené à la conclusion que le, « papisme est favorable au pouvoir arbitraire de l’État, qu’il exerce lui-même dans l’Église, et [que] les institutions libres ne peuvent se développer là où son influence n’est pas limitée ». Selon Cramp, « le système papiste constitue une vaste conspiration contre l’autorité du Christ et les droits des hommes ; il vise à l’esclavage universel en avilissant le travail de l’homme, entrave sa pensée et corrompt ses mœurs ». Les frontières étaient, quant à lui, clairement définies entre la superstition ignorante d’une part et le christianisme intelligent d’autre part. Par conséquent, le catholicisme devait « être balayé de la face de la terre ». Son rôle d’écrivain et d’éducateur était nettement subordonné à ce grand désir de libérer l’esprit des hommes afin de pouvoir atteindre des buts plus élevés. Ses opinions arrêtées l’entraînèrent souvent dans des controverses à propos de certaines questions telles que l’instruction publique, la tempérance, les révoltes jamaïquaines de 1865 et les missions baptistes dans les communautés catholiques.
Le meilleur critère pour mesurer le succès de la mission d’éducateur de Cramp est l’excellence des étudiants qui obtinrent leur diplôme de l’Acadia College pendant les années où il y travailla. Des ministres tels qu’Edward Manning Saunders*, des éducateurs de l’envergure de Théodore Harding Rand* et de Charles Frederick Hartt*, des avocats et des hommes politiques comme sir Robert Linton Weatherbe*, Wallace Graham* et Neil McLeod* témoignent du fait que l’accent mis par Cramp sur l’enseignement apporta des résultats tangibles dépassant même ses espérances. C’est donc son œuvre pédagogique qui vaut à Cramp avant tout d’être reconnu.
L’œuvre de John Mockett Cramp comprend : Baptist history front the foundation of the Christian church to the close of the eighteenth century (Londres, 1868) ; A catechism of Christian baptism (Halifax, 1866) ; The lamb of God (Londres, 1871) ; A memoir of Madame Feller, with an account of the origin and progress of the Grande Ligne mission (Londres et Montréal, [1876]) ; Paul and Christ ! A portraiture and an argument (Londres, 1873) ; Scripture and tradition : a reply to Mr. Maturin’s letter on « The claims of the Catholic Church », addressed to « the parishoners of St. Pauls, Halifax, Nova Scotia » (Halifax, 1859) ; A text-book of popery [...] (Londres, 1831). On trouve des listes d’autres ouvrages dans Baptist authors : a manual of bibliography, 1500–1914, W. E. McIntyre, compil. (3 vol., Montréal et Toronto, [1914]), III : 170s., British Museum general catalogue, et National union catalog. [b. b. m.]
Acadia Univ. Arch., Acadia College endowment, List of subscribers, 1er janv.–20 sept. 1853 ; Board of Governors, Minutes, I, 1850–1883.— Atlantic Baptist Hist. Coll., J. M. Cramp, Journal (copie dactylographiée).— Jubilee of Acadia College, and memorial exercises (Halifax, 1889).— The Acadia record, 1838–1953, Watson Kirkconnell, compil. (4e éd., Wolfville, N.-É., 1953).— Canadian literature in English, V. B. Rhodenizer, compil. (Montréal, 1965), 331s.— The Baptists of Canada : a history of their progress and achievements, E. R. Fitch, édit. (Toronto, 1911).— I. E. Bill, Fifty years with the Baptist ministers and churches of the Maritime provinces of Canada (Saint-Jean, N.-B., 1880).— A. C. Chute et W. B. Boggs, The religious life of Acadia (Wolfville, 1933).— [S. W. DeBlois], Historical sketch of the 1st Horton Baptist Church, Wolfville, for the period of one hundred years, from A.D., 1778, to A.D., 1878 (Halifax, 1879).— T. A. Higgins, The life of John Mockett Cramp, D.D., 1796–1881 [...] (Montréal, 1887).— G. E. Levy, The Baptists of the Maritime provinces, 1753–1946 (Saint-Jean, 1946).— R. S. Longley, Acadia University, 1838–1938 (Wolfville, 1939) ; The Wolfville United Baptist Church (Kentville, N.-É., 1954).— E. M. Saunders, History of the Baptists of the Maritime provinces (Halifax, 1902).— Sons of Temperance of North America, Centennial, Sept. 29th 1942 : the pioneer total abstinence order of North America, 1842–1942 : one hundred years of service ([Halifax, 1942]), 126, 191.
Barry M. Moody, « CRAMP, JOHN MOCKETT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cramp_john_mockett_11F.html.
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Auteur de l'article: | Barry M. Moody |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1982 |
Année de la révision: | 1982 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |