CAMPBELL, ROLLO, imprimeur, éditeur de journaux, homme politique, né le 18 décembre 1803 à Dunning-Mason, dans le Perthshire, en Écosse, de John Campbel (sic) et de Nelly Smith, décédé le 2 janvier 1871 à Montréal.

Au mois de mai 1822, Rollo Campbell quitta Greenock, en Écosse, où il avait appris le métier d’imprimeur dans de petits journaux hebdomadaires, pour venir à Montréal. Le Montreal Gazette fit d’abord appel à ses services comme imprimeur puis le Morning Courier, journal de commerce conservateur qu’il imprima à partir de sa fondation en 1835, jusqu’en 1836 ou 1837. Associé dans l’entreprise de John C. Becket, puis travaillant à son compte, Campbell ne tarda pas à faire de son imprimerie une des plus importantes du genre au Canada. Le siège social de son établissement se trouvait à Montréal ; il possédait des succursales à Toronto et à Québec. Campbell imprima les Sessional papers de 1842 à 1859 et il obtint à maintes reprises les contrats d’impression des Journals of the Legislative Assembly et des rapports d’à peu près tous les services administratifs et agences gouvernementales. Il publia aussi le Weekly Register de 1844 à 1847 et le Colonial Protestant, un journal mensuel, pendant l’année 1848. Outre l’impression de documents gouvernementaux et de journaux, Campbell s’occupait de celle de « livres, brochures, catalogues, cartes, formules de chèques, cartes mortuaires, circulaires, avis de ventes à l’enchère, bordereaux de chemin de fer, bordereaux de navires, programmes, entêtes de factures, affiches et étiquettes ». Il garantissait un travail « égalé par peu de gens, surpassé par aucun, et à des prix modérés ». L’entreprise de Campbell l’enrichit bientôt suffisamment pour lui permettre l’acquisition d’importants biens immobiliers et la réalisation des ambitions politiques qu’il nourrissait, ambitions assez communes aux imprimeurs de l’époque.

Campbell participa à la politique réformiste pendant de nombreuses années et, à partir de 1844, il imprima le journal de Francis Hincks*, The Pilot, jusqu’à ce que ce journal possédât son propre atelier d’impression. En 1844, Campbell fonda aussi un journal, The Gazetteer, dont on ne sait rien sinon qu’il cessa de paraître après seulement quelques numéros. Campbell retourna au journalisme en 1849. Le 20 avril de cette année, les propriétaires du Pilot, « complètement ruinés » à la suite d’une condamnation en dommages-intérêts de £500 pour diffamation, vendirent leur entreprise aux enchères. Campbell l’acheta et le parti réformiste de Montréal lui accorda officiellement son appui. Ses convictions politiques, telles qu’il les formulait, étaient fondées sur la réforme, le progrès, l’égalité, l’utilitarisme et la séparation de l’Église et de l’État. « Donnez aux gens toute la liberté dont ils peuvent jouir et faire bon usage », exhortait-il les gouvernants. « Apprenez-leur à s’autogouverner et accroissez leurs pouvoirs à mesure qu’augmente leur capacité de s’en servir à bon escient. » À son atelier de la Place d’Armes, Campbell publiait le Pilot les mardi, jeudi et samedi, et le mercredi il imprimait le Weekly Pilot and Journal of Commerce destiné aux régions éloignées. La révérend John Mockett Cramp*, plus tard directeur du Acadia College, était un de ses rédacteurs de même que William Bristow* qui publia l’Argus après 1854. Avec de tels adjoints, Campbell pouvait consacrer une partie de son temps à d’autres activités politiques.

En mars 1851, il se présenta aux élections municipales de Montréal briguant le siège de conseiller municipal pour le quartier Saint-Laurent. La campagne se fit surtout autour de l’ouverture d’un boulevard en banlieue de Montréal. Campbell et d’autres partisans, dont Jean-Baptiste-Éric Dorion*, étaient d’avis qu’une fois les habitants du centre-ville pourvus des services essentiels, « il serait toujours temps de parler de boulevards pour la banlieue aux frais de la ville ». Lors de ces élections mouvementées, Campbell fut défait. Son adversaire, le conservateur Joseph Russell Bronsdon, l’emporta par 124 voix contre 111 bien que, dans la plupart des quartiers, la victoire allât aux réformistes. Campbell fut encore défait en 1852 et en 1853 dans sa lutte contre le maire sortant, Charles Wilson. Mais il remporta le siège de conseiller pour Saint-Laurent en 1852. Il occupa ce poste jusqu’en 1856, alors qu’il fut élu échevin pour Saint-Laurent. Il se retira de la politique municipale l’année suivante, après avoir travaillé activement au sein du conseil. Il désirait s’accorder quelque répit et comptait visiter son pays natal.

En 1857, Campbell prononça en Écosse deux conférences, publiées plus tard sous le titre de Two lectures on Canada ; l’auteur y encourageait les émigrants écossais à venir s’établir au Canada. À Montréal, l’imprimerie de Campbell continuait à prospérer mais son journal, le Pilot, naguère instructif et stimulant, commençait à péricliter tout comme le parti réformiste. Il publiait des nouvelles qui relevaient du sensationnel, offrait peu de commentaires politiques et était encombré de réclames commerciales. Au printemps de 1862, des difficultés financières obligèrent Campbell à cesser la publication du Pilot. Le journaliste s’engagea alors dans d’autres champs d’activité. L’annuaire de la ville de Montréal le mentionnait en 1864–1865 comme « contrôleur des contributions directes pour la ville » et en 1865–1866 comme « receveur des douanes ». Il avait auparavant rempli, sans rémunération, la fonction d’adjoint du capitaine de port de la Maison de la Trinité de Montréal. De 1866 à 1867, l’annuaire le désignait de nouveau comme « imprimeur ». À sa mort, en 1871, il laissait sa femme, Elizabeth Steel, de même qu’un fils médecin, Francis Wayland Campbell*.

Rollo Campbell faisait partie de cette catégorie d’immigrants écossais qui ont réussi et qui se sont intégrés à la solide collectivité protestante de classe moyenne à Montréal. Sa carrière d’homme d’affaires et l’accession de son fils à une profession libérale en sont des caractéristiques. Les postes qu’il occupa dans la vie politique n’avaient rien d’inhabituel puisque la politique municipale recrutait largement ses effectifs dans le milieu social auquel il s’était intégré. La carrière de Campbell se distingue surtout par la publication d’un journal engagé, le Pilot. Mais Campbell fit malheureusement l’acquisition de l’organe du parti réformiste au moment où le parti déclinait et où de nouveaux chefs, de nouveaux problèmes et de nouvelles solutions marquaient la fin d’une période de l’histoire canadienne.

Elizabeth Nish

Les conférences de Rollo Campbell, Two lectures on Canada (Toronto, 1857), sont intéressantes parce qu’elles donnent une idée de son profond attachement envers le Canada et de la confiance qu’il plaçait en son avenir. Le Pilot (Montréal), 1849–1862, constitue la meilleure source d’information sur Campbell car il donne une foule de renseignements sur le personnage et ses opinions politiques. Publications of the government of the Province of Canada, 1841–1867 (Ottawa, 1963), de O. B. Bishop, ne mentionne jamais Campbell mais cet ouvrage constitue une excellente approche à l’étude de quelqu’un qui, comme Campbell, a fait beaucoup de travail d’impression pour le compte du gouvernement.  [e. n.]

General Register Office (Édimbourg), Register of births and baptisms for the parish of Dunning.— St Catherine Street Baptist Church (Montréal), Register of births, marriages and burials, 2 janv. 1871.— Beaulieu et Hamelin, Journaux du Québec.— Canadian newspapers on microfilm/Catalogue de journaux canadiens sur microfilm.— Montreal directory (Mackay), 1864–1873.— Wallace, Macmillan dictionary, 110.— W. H. Kesterton, A history of journalism in Canada (« The Carleton Library », 36, Toronto, 1967).

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Elizabeth Nish, « CAMPBELL, ROLLO », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/campbell_rollo_10F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
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