WELTON, DANIEL MORSE, ministre baptiste, professeur et auteur, né le 20 juillet 1831 dans le canton d’Aylesford (Kingston, Nouvelle-Écosse), fils de Sidney Welton et d’Isabel Morse ; le 23 septembre 1857, il épousa à Upper Wilmot, Nouvelle-Écosse, Sarah Eliza Messenger, et ils eurent au moins trois enfants ; décédé le 28 février 1904 à Toronto.
Après des études préparatoires à la Horton Academy de Wolfville, en Nouvelle-Écosse, Daniel Morse Welton entra à l’Acadia College en 1851. Il y obtint une licence ès arts quatre ans plus tard et y demeura encore un an pour étudier la théologie auprès de John Mockett Cramp* et travailler comme précepteur en rhétorique. Après une autre année d’études à la Newton Theological Institution, dans le Massachusetts, il revint en Nouvelle-Écosse et devint pasteur de l’église baptiste de Windsor. Il fut ordonné le 3 septembre 1857 dans la même ville.
C’est pendant son pastorat à Windsor que Welton commença à prendre part à ces débats dont les théologiens canadiens du xixe siècle semblent s’être délectés. En Nouvelle-Écosse, on discutait beaucoup de la meilleure façon d’administrer le baptême et du moment le plus opportun pour le faire, sujet sur lequel les baptistes s’opposaient à la plupart des autres confessions religieuses. Les presbytériens et les méthodistes de l’endroit s’offusquèrent d’une série de sermons prononcés par Welton en 1870 et dénoncèrent son point de vue par d’autres sermons. Welton répliqua à son tour et publia un opuscule intitulé Christian baptism : a sermon in reply to Rev. Dr. Richey’s two sermons on the same subject ; also strictures on Rev. Mr. Annand’s lecture on the mode of baptism. La discussion ne régla rien, mais elle attira sûrement sur Welton l’attention des membres de sa confession.
Welton, qui avait maintenu ses liens avec l’Acadia College après l’obtention de son diplôme, fut membre du conseil d’administration de cet établissement de 1861 à 1874. Quoiqu’on y ait à l’occasion donné des cours de théologie, il était impossible de faire des études poussées en cette matière à l’Acadia College. La plupart des baptistes des Maritimes qui voulaient poursuivre leur formation en vue d’exercer le ministère devaient se rendre aux États-Unis. L’insatisfaction montant, on décida d’offrir plus de cours à l’Acadia College. Sa formation, ses liens avec le collège et sa participation active au débat théologique faisait de Welton le candidat tout désigné pour le poste de professeur de théologie et d’administration ecclésiastique, auquel il fut nommé en août 1874.
En 1876, Welton jugea souhaitable de poursuivre ses études et demanda congé. Il passa les deux années suivantes en Allemagne à l’université de Leipzig, où il suivit des cours d’hébreu et des cours sur l’interprétation de l’Ancien et du Nouveau Testament. Pendant cette période, il écrivit fréquemment dans la presse des baptistes des Maritimes, les informant de ses travaux et donnant ses impressions sur l’Europe. Il mit un soin particulier à expliquer que, contrairement à ce que beaucoup pouvaient croire, les professeurs auprès desquels il étudiait étaient des évangéliques, et non des « rationalistes ». Il exprima cependant de sérieuses réserves quant à l’avenir de l’Allemagne, écrivant que « quand un peuple est allé jusqu’à remplacer le livre de Dieu par la spéculation humaine, le jour du Seigneur par un jour de plaisirs terrestres, et la maison de Dieu par les théâtres et les salles de bal, il s’en faut de peu qu’il ne se débarrasse de Dieu lui-même ». Welton obtint un doctorat en philosophie en 1878 après avoir écrit une thèse intitulée « John Lightfoot, the English Hebraist ».
Que les déclarations de Welton selon lesquelles il n’était pas un rationaliste aient été justes ou non, les études théologiques à l’Acadia College prirent une tournure beaucoup plus savante après son retour, comme professeur d’hébreu et de théologie spéculative, en 1878. Pour certains baptistes canadiens de l’époque, le simple fait d’admettre que les Saintes Écritures pouvaient être interprétées à la lumière des connaissances modernes frôlait en quelque sorte l’hérésie. Désormais, on mettrait de plus en plus l’accent sur la formation « professionnelle » pour préparer au ministère chrétien. En grande partie grâce à Welton, l’Acadia College serait doté dès 1882 d’un programme cohérent et bien organisé d’études en théologie.
Une fois revenu à l’Acadia College, Welton avait tout mis en œuvre pour consolider les études théologiques ; graduellement, il avait assuré sa mainmise sur le département de théologie, le soustrayant ainsi à Edmund Albern Crawley*, qui était âgé et largement inefficace. À l’époque, il soutenait avec force dans la presse de sa confession que les baptistes des Maritimes devaient avoir chez eux une solide école de théologie s’ils voulaient former les chefs instruits et éclairés qui, selon lui, étaient nécessaires pour assurer leur expansion constante. Il s’inquiétait particulièrement du fait qu’on avait encore tendance à aller chercher la formation théologique (pour peu qu’on en ait cherché une) aux États-Unis. Les contraintes financières firent échouer les projets de Welton et, quand Crawley prit sa retraite en 1882, c’est à lui qu’incomba le gros de l’enseignement théologique.
Les mêmes préoccupations quant à la qualité et au coût de la formation des ministres avaient poussé les baptistes de l’Ontario à ouvrir, en 1881, une école de théologie à Toronto. La fondation de cette école destinée à servir tout le dominion avait été possible grâce à l’aide financière du sénateur William McMaster*. On espérait que l’Acadia College dans l’Est, le Woodstock College en Ontario et un autre collège baptiste qui n’était pas encore fondé dans l’Ouest enverraient tous leurs diplômés étudier la théologie au Toronto Baptist College. C’est avec cet objectif à l’esprit que le principal instigateur du projet, John Harvard Castle*, directeur du collège de Toronto, se rendit à l’Acadia College en 1883.
Ce n’est pas sans appréhension que les membres du conseil d’administration acceptèrent la proposition du directeur du collége ontarien car, tout en reconnaissant la difficulté d’obtenir l’argent nécessaire pour entretenir deux ou trois collèges théologiques baptistes, ils hésitaient à envoyer leurs jeunes gens étudier en Ontario. La nomination de Welton parmi les cinq professeurs du nouveau collège apaisa quelques-unes de leurs réserves, et l’on décida de suspendre les études de théologie à l’Acadia College. En 1890 cependant, les baptistes des Maritimes conclurent que l’expérience était un échec puisque leurs étudiants préféraient toujours aller aux États-Unis. Ils retirèrent leur appui au Toronto Baptist College, et l’Acadia College recommença à s’occuper de la formation des ministres. À cette époque cependant, Welton était trop bien installé à Toronto pour revenir dans les Maritimes.
Welton avait été nommé à la chaire d’exégèse de l’Ancien Testament du Toronto Baptist College et, après l’intégration de cet établissement à la McMaster University en 1887, il se chargea de l’hébreu et des langues apparentées au département de théologie de l’université, alors située à Toronto. C’est là qu’il enseignerait jusqu’à la fin de sa vie. Pour McMaster comme pour les baptistes, son élève le plus important fut probablement Howard Primrose Whidden*, futur chancelier de l’université.
Pendant sa vie, Daniel Morse Welton fut témoin de grands progrès dans la formation des ministres de sa confession. Il fut lui-même pour beaucoup dans l’importance croissante que l’on accorda à leur formation universitaire et, en 1884, l’Acadia College lui décerna un doctorat honorifique en théologie en reconnaissance de ses services. Il mourut en 1904, soit bien avant que les violentes querelles entre fondamentalistes et modernistes ne déchirent sa confession dans les années 1920.
En plus des écrits mentionnés dans le texte, Daniel Morse Welton a rédigé The imitative faculty, its use and abuse : a lecture delivered before the Acadia Lyceum, Wolfville, N.S., Feb. 2, 1858 ([Halifax ?], 1858).
Acadia Univ. Arch. (Wolfville, N.-É.), Board of Governors, minutes.— Canadian Baptist (Toronto), 10 mars 1904.— Christian Messenger, 7 oct. 1857, 1876–1879.— Messenger and Visitor (Saint-Jean, N.-B.), 23 mars 1904.— The Acadia record, 1838–1953, Watson Kirkconnell, compil. (4e éd., Wolfville, 1953).— Edward Annand, Christian baptism : a lecture in reply to a sermon by Rev. D. M. Welton (Halifax, 1870).— Eaton, Hist. of Kings County.— D. C. Goodwin, « The baptismal controversy, 1811–1848, as the religious dimension of the intellectual awakening in Nova Scotia » (thèse de m.div., Acadia Divinity College, Wolfville, 1989).— C. M. Johnston, McMaster University (2 vol., Toronto, 1976–1981), 1.— G. E. Levy, The Baptists of the Maritime provinces, 1753–1946 (Saint-Jean, 1946).— R. S. Longley, Acadia University, 1838–1938 (Wolfville, 1939).— Memorials of Acadia College and Horton Academy for the half-century 1828–1878 (Montréal, 1881).— G. A. Rawlyk, « A. L. McCrimmon, H. P. Whidden, T. T. Shields, Christian education, and McMaster University », Canadian Baptists and Christian higher education, G. A. Rawlyk, édit. (Kingston, Ontario, et Montréal, 1988), 31–62.— Univ. of Acadia College, Calendar & catalogue (Halifax), 1882–1883.
Barry M. Moody, « WELTON, DANIEL MORSE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/welton_daniel_morse_13F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
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