SAWYER, ARTEMAS WYMAN, éducateur, né le 4 mars 1827 à Westhaven, Vermont, fils du révérend Reuben Sawyer et de Laura Wyman ; le 28 décembre 1858, il épousa à Wolfville, Nouvelle-Écosse, Maria E. Chase, et ils eurent cinq enfants ; décédé au même endroit le 5 août 1907.

Artemas Wyman Sawyer fit d’abord ses études dans le New Hampshire, soit à la New London Academy puis au Dartmouth College, où il obtint une licence ès arts en 1847. Ensuite, il enseigna trois ans à Windsor, au Vermont, avant d’entrer au Newton Theological Institute dans le Massachusetts. Baptisé à l’âge de 12 ans, il avait décidé tôt de devenir ministre du culte. En 1853, après avoir obtenu son diplôme à l’institut de théologie, il fut ordonné ministre de l’Église baptiste à Lawrence, dans le Massachusetts.

De 1855 à 1860, Sawyer enseigna les humanités à l’Acadia College de Wolfville. Pasteur de l’église baptiste de Saratoga Springs, dans l’État de New York, de 1860 à 1864, puis directeur de la New London Academy de 1864 à 1869, il retourna à l’Acadia College en 1869 pour y prendre la succession de John Mockett Cramp* à la direction. Il dirigerait le collège durant 27 ans.

Au cours de cette période, l’Acadia College eut à relever des défis énormes et connut des changements considérables. En 1869, comme dans la plupart des collèges canadiens, le programme d’études était irrégulier et disparate. À la fin du directorat de Sawyer, il était l’un des plus remarquables du pays et reflétait une conception hautement rationnelle de la formation. Les sciences expérimentales et les langues modernes y occupaient une large place ; par contre, le grec avait perdu du terrain et le latin, semble-t-il, était menacé du même sort. À compter de 1889, les étudiants eurent une certaine latitude dans le choix des matières. Sawyer avait accepté cette innovation avec réticence, car il croyait préférable que les étudiants de même niveau aient tous le même programme. Cependant, il avait fini par conclure que la chose n’était plus possible à cause de la croissance de l’établissement et de la diversité de plus en plus grande des intérêts des étudiants. Après la construction du gymnase en 1890, l’exercice physique devint obligatoire dans le programme de licence ès arts.

Sawyer s’efforça d’instaurer des programmes entièrement nouveaux, mais ses efforts ne furent pas très fructueux. La « formation manuelle » inaugurée en 1892 prit bientôt une telle expansion qu’elle se transforma en un programme de génie offert en collaboration avec la McGill University. Dans les années 1890, le collège tenta d’ouvrir une école d’horticulture, mais le gouvernement provincial tua le projet dans l’œuf en décidant de construire un collège d’agriculture à Truro. Des cours de droit et de médecine se donnaient par intermittence, mais ils ne débouchèrent pas sur la formation d’écoles proprement dites, en partie parce que le Dalhousie College était fort dans ces disciplines. En outre, le programme de formation des enseignants lancé en 1883 par Sawyer se termina sur une note décevante, principalement parce que la controverse entourant la nomination et le bref séjour de Theodore Harding Rand* à la chaire de professeur de théorie et pratique de l’enseignement nuisit à la crédibilité de la pédagogie. Sous la direction de Sawyer, le collège porta très peu attention à la théologie, car les baptistes des Maritimes ne semblaient pas disposés à engager les crédits nécessaires à l’établissement d’un programme solide.

L’admission des femmes fut l’un des changements les plus notables qui se produisirent pendant le directorat de Sawyer. Lorsqu’on prit cette décision à l’Acadia College en 1880, un seul autre collège au Canada admettait des étudiantes. Sawyer prit alors l’initiative plus qu’il ne se laissa porter par ce changement. Le fait que cette innovation n’ait suscité apparemment ni opposition ni conflit en dit long sur son collège et sur sa confession religieuse. D’autres caractéristiques de l’université moderne firent leur apparition pendant son mandat. De nouveaux édifices éclairés à l’électricité, un journal étudiant, puis un conseil étudiant, des sports organisés, une structure administrative renouvelée – tout cela témoigne que l’Acadia College progressa à bien des égards.

Pourtant, pour Sawyer, ce furent aussi des années difficiles, parfois décourageantes. En 1877, un incendie détruisit l’édifice du collège, qui abritait aussi l’appartement de sa famille. Tout au long de son directorat, l’Acadia College manqua d’argent parce que la communauté baptiste, largement apathique, négligeait souvent de lui fournir des crédits suffisants. En outre, le trésorier X. Z. Chipman, homme incompétent et malhonnête, dilapida en partie le fonds de dotation, qui avait été constitué à grand-peine. L’Acadia College dut aussi résister aux pressions que le gouvernement provincial exerçait sur lui pour qu’il renonce à décerner des diplômes et cède ce droit à la University of Halifax. En 1896, Sawyer demanda à être remplacé. Il continua d’enseigner la psychologie et les fondements du christianisme presque jusqu’à sa mort. Pendant sa carrière, il écrivit inlassablement des lettres et des articles en faveur de l’éducation et de sa confession.

Parmi tous les directeurs de l’Acadia College, Artemas Wyman Sawyer fut celui qui resta le plus longtemps en poste ; il fut aussi l’un des plus productifs. Il apporta à la direction des qualités dont elle avait désespérément besoin – stabilité, leadership, savoir, diplomatie. Plus que quiconque, il façonna l’image moderne de l’Acadia University.

Barry M. Moody

Artemas Wyman Sawyer est l’auteur d’Education of women in Nova Scotia and New Brunswick : an historical sketch ([Windsor, N.-É.]), ouvrage probablement publié vers la fin du siècle dernier. Le titre de cette publication et de plusieurs autres figurent dans Baptists in Canada, 1760–1990 : a bibliography of selected printed resources in English, P. G. A. Griffin-Allwood et al., compil. (Hantsport, N.-É., 1989). Au cours des années 1869–1896, Sawyer a aussi souvent envoyé des comptes rendus sur les activités de l’Acadia College au Christian Messenger.

Acadia Univ. Arch. (Wolfville, N.-E.), Board of Governors, minutes, 1855–1907 ; « Jubilee of Rev. A. W. Sawyer, d.d., ll.d. » (volume manuscrit relié comprenant des lettres et des témnoignages de collègues et d’anciens étudiants).— Acadia Athenœum (Wolfville), 1874–1907.— Christian Messenger, 5 janv. 1859, 5 dée. 1877.— Baptist year book of the Maritime provinces of Canada [...] (Halifax ; Saint-Jean, N.-B.), 1869–1907.— A. C. Chute et W. B. Boggs, The religious life of Acadia (Wolfville, 1933).— Margaret Conrad, « An abiding conviction of the paramount importance of Christian education » : Theodore Harding Rand as educator, 1860–1900 », An abiding conviction : Maritime Baptists and their world, R. S. Wilson, édit. (Saint-Jean, 1988), 155–195.— R. S. Harris, A history of higher education in Canada, 1663–1960 (Toronto et Buffalo, N.Y., 1976).— R. S. Longley, Acadia University, 1838–1938 (Wolfville, 1939).— B. M. Moody, « Breadth of vision, breadth of mind : the Baptists and Acadia College », Canadian Baptists and Christian higher education, G. A. Rawlyk, édit. (Kingston, Ontario, et Montréal, 1988), 3–29.— J. G. Reid, Mount Allison University : a history, to 1963 (2 vol., Toronto, 1984), 1.— Univ. of Acadia College, Calendar (Halifax), 1869–1897.

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Barry M. Moody, « SAWYER, ARTEMAS WYMAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sawyer_artemas_wyman_13F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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