COUAGNE (Du Coigne), JEAN-BAPTISTE DE, trafiquant de fourrures et interprète, baptisé le 3 mars 1720 à Montréal, fils de René de Couagne* et de Louise Pothier, père d’au moins deux fils métis, décédé après 1795.
Membre d’une éminente famille de marchands montréalais, Jean-Baptiste de Couagne était encore jeune quand il se lança dans la traite des fourrures. À la fin des années 1730, il signa un contrat d’ « engagé » pour le territoire des Illinois où il passa quelques années et acquit une bonne connaissance des coutumes et des langues indiennes. À un certain moment, il fut capturé par les Cherokees qui l’adoptèrent par la suite. À Montréal, en 1747, il signa un nouveau contrat d’engagement en vue de se rendre à Détroit ; en 1749, il signa cette fois pour le lac des Bois.
Comme Peter Bisaillon*, Jacques de Noyon* et d’autres, Jean-Baptiste de Couagne décida un jour de tenter sa chance du côté des Anglais. Il passa l’hiver de 1750–1751 au fort Edward (appelé par les Français fort Lydius ; aujourd’hui Fort Edward, New York) avec John Hendricks Lÿdius, son parent par alliance. Au printemps, William Johnson écrivit à George Clinton*, gouverneur de la colonie de New York, pour lui demander de permettre à de Couagne de « faire des affaires » dans la région. Minimisant les liens qu’il avait avec Montréal, de Couagne avait dit à Johnson qu’il avait passé les 14 années précédentes chez les Illinois. Au début des années 1750, il vécut parmi les Six-Nations durant une assez longue période. Ses activités étaient loin de plaire aux autorités de la Nouvelle-France, et, en 1751, le gouverneur La Jonquière [Taffanel*] ordonna son arrestation.
De Couagne, avec sa façon de voir à ses intérêts sans dépendre de personne, resta en contact avec la Nouvelle-France. Lorsque la guerre éclata entre la Grande-Bretagne et la France au milieu des années 1750, ce lien devint particulièrement suspect aux Britanniques. De Couagne et un de ses associés furent emprisonnés à Albany, New York, durant l’automne de 1757, mais ils ne tardèrent pas à s’échapper. Il semble, toutefois, que l’incident n’eut pas de suites fâcheuses. En mai 1758, les deux hommes arrivèrent au fort Johnson (près d’Amsterdam, New York) après avoir passé quelque temps chez les Six-Nations, et Johnson les envoya au commandant en chef, Abercromby, pour les soumettre à un interrogatoire. Abercromby les renvoya dans le territoire des Six-Nations avec mission de faire de l’espionnage.
Lorsque le fort Niagara (près de Youngstown, New York) tomba aux mains des Britanniques à l’été de 1759, Jean-Baptiste de Couagne fut engagé par Johnson pour servir d’interprète ; il joua ce rôle jusqu’à la fin de sa carrière et accomplit différentes missions. À la fin de l’été de 1759, il se rendit à Oswego, New York, où les troupes britanniques étaient rassemblées en vue d’une attaque qui devait être menée par le Saint-Laurent. L’année suivante, Johnson lui donna l’ordre de se joindre aux Indiens qui accompagnaient Robert Rogers à Détroit ; de Couagne avait pour tâche de « prévenir toute dispute qui pourrait s’élever entre nos gens et eux par manque de compréhension mutuelle ». En 1765, il parcourut de nouveau cette région avec Wabbicommicot*, lequel était porteur d’un message aux nations qui avaient participé au soulèvement de Pondiac*. Lorsque le bruit se répandit, en 1769, que les Sauteux, les Potéouatamis et les Indiens de la vallée de l’Ohio allaient se révolter, de Couagne fut chargé d’aller faire enquête.
En 1773, sa vue baissait rapidement. Il se retira à Montréal, et, en 1780, on parlait du « vieux DeCouagne aveugle qui est ici à l’hôpital des sœurs grises ». Le printemps suivant, il avait si bien retrouvé ses forces et la vue qu’il envisageait d’aller reprendre son travail au fort Niagara ; rien n’indique, cependant, qu’il donna suite à ce projet. En 1796, son nom figurait sur la liste des pensionnés du département des Affaires indiennes ; en tant qu’ « interprète invalide », il avait droit à un dollar par jour.
AN, Col., C11A, 97, f.165.— APC, MG 18, O6, p.24 ; MG 19, F1, 2, pp.161s. ; 25, pp.208s.— Coll. des manuscrits de Lévis (Casgrain), VII : 168.— Johnson papers (Sullivan et al.).— Michigan Pioneer Coll., XXV (1894) : 108.— Handbook of American Indians (Hodge), I : 405.— Massicotte, Répertoire des engagements pour l’Ouest, ANQ Rapport, 1929–1930, 378 ; 1930–1931, 367, 383.
Jane E. Graham, « COUAGNE, JEAN-BAPTISTE DE (Du Coigne) (circa 1720-1795) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/couagne_jean_baptiste_de_1720_1796_4F.html.
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Auteur de l'article: | Jane E. Graham |
Titre de l'article: | COUAGNE, JEAN-BAPTISTE DE (Du Coigne) (circa 1720-1795) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |