CHERRIMAN, JOHN BRADFORD, professeur d’université, mathématicien et fonctionnaire, né le 26 avril 1823 à Doncaster, Angleterre, fils de John Cherriman et de Margaret Walker ; le 12 juin 1858, il épousa à Pimlico (Londres, Angleterre), Julia Malone ; décédé le 10 juin 1908 en Angleterre.

Quartier-maître dans le 11th Light Dragoons, John Cherriman fut mis à la demi-solde en 1814 et, vers 1823, il était établi à Doncaster. John Bradford Cherriman fréquenta la Doncaster School. En 1841, il entra au St John’s College de Cambridge et, quatre ans plus tard, il se rangea en sixième classe à l’examen de mathématiques.

De 1845 à 1847, il fut sous-maître à la Sedbergh School. Il obtint une maîtrise ès arts à Cambridge en 1848. Manifestement, il avait pensé se diriger vers les ordres, mais il s’orienta ailleurs. En octobre 1850, le University College de Toronto le prit comme professeur adjoint en mathématiques. Une fois dans cette ville, Cherriman trouva, au Canadian Institute, un cercle de collègues débutants qui partageaient son enthousiasme pour la promotion des sciences. Il y avait, entre autres, John Henry Lefroy*, directeur de l’observatoire magnétique et météorologique de Toronto. Comme les autorités impériales étaient sur le point de ne plus subventionner l’observatoire, Lefroy espérait persuader le gouvernement de la province du Canada de prendre la relève et de nommer un nouveau directeur. En 1853, sa campagne porta fruit et Cherriman le remplaça à titre provisoire. Une des premières tâches de Cherriman consista à aider Egerton Ryerson*, surintendant en chef de l’Éducation dans le Haut-Canada, à mettre sur pied un réseau de stations météorologiques dans les grammar schools et à les équiper.

Toujours en 1853, à la mort de Robert Murray*, Cherriman accéda à la chaire de mathématiques et de philosophie de la nature de la University of Toronto. Deux ans plus tard, on trouva une solution plus durable au problème de l’observatoire. On ouvrit une chaire de météorologie au University College ; le titulaire recevrait les deux tiers de son salaire de la University of Toronto, pour enseigner, et le troisième tiers du gouvernement, pour diriger l’observatoire. Cherriman assumerait cette nouvelle fonction et l’ancienne chaire irait à son beau-frère, George Templeman Kingston*. En août 1855, les deux hommes échangèrent leur poste, car Cherriman avait des problèmes de santé et trouvait de plus en plus dur de diriger l’observatoire.

Les publications de Cherriman, qui parurent presque toutes dans le Canadian Journal, revue du Canadian Institute au comité de rédaction de laquelle il appartint durant des années, reflètent tant sa formation en analyse mathématique que son intérêt croissant pour l’analyse mathématique appliquée aux sciences sociales. Selon lui, grâce aux méthodes analytiques, et particulièrement à la théorie des probabilités, domaine alors tout neuf, on aurait les outils nécessaires « pour effectuer peut-être les plus grands changements sociaux que le monde [eût] jamais connus ». La philosophie naturelle – domaine beaucoup plus vague qui regroupait les sciences physiques (science thermique, optique, électricité, magnétisme, mécanique, hydrostatique, pneumatique, acoustique, astronomie) – demeura pour lui un domaine d’enseignement. En ces matières, il publia surtout des rapports d’observations astronomiques et météorologiques ainsi que des textes sur la mécanique pour les étudiants.

Fidèle à ses intérêts primordiaux, Cherriman quitta l’université en 1875 pour devenir actuaire. Le 1er juillet, il entra dans la fonction publique fédérale à titre de surintendant des assurances ; le gouvernement d’Alexander Mackenzie* venait de créer ce poste sous la pression de l’opinion. Le bureau, placé sous l’autorité du département des Finances, appliquait, dans tout le territoire canadien, la réglementation qui régissait les sociétés à charte fédérale des secteurs de l’assurance-incendie et de l’assurance maritime relative aux eaux intérieures. L’assurance-vie s’y ajouta deux ans après. Les longs rapports annuels de Cherriman montrent avec quel enthousiasme il produisait et analysait les tables statistiques détaillées dont le bureau avait besoin pour s’acquitter de ces nouvelles responsabilités.

Pendant qu’il travaillait à la University of Toronto, John Bradford Cherriman (ou Cherry, comme le surnommaient ses étudiants) avait occupé les grades de lieutenant et de capitaine dans le corps de fusiliers formé par l’université à l’occasion de l’affaire du Trent en 1861 et mobilisé à nouveau pendant les raids féniens de 1866 [V. Alfred Booker* ; Henry Holmes Croft*]. Remarquable joueur d’échecs, il dirigea un magazine sur ce jeu et organisa un club local. Il était aussi réputé comme flûtiste (il fut membre de la Philharmonic Society de l’université) et appartint longtemps à la franc-maçonnerie. Membre de la Société royale du Canada dès sa fondation en 1882, il publia dans les Mémoires de celle-ci des communications sur des problèmes de mathématiques et d’échecs jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite et retourne en Angleterre en 1885. L’année précédente, dans le cadre du congrès tenu à Montréal par la British Association for the Advancement of Science, il avait participé, avec Charles Carpmael* et d’autres, à un sous-comité qui avait pressé le gouvernement de financer les observations de marée sur le littoral de l’Atlantique.

Suzanne Zeller

On trouve une liste chronologique de la plupart des publications de John Bradford Cherriman dans Science and technology biblio. (Richardson et MacDonald). Ses écrits comprennent aussi « On Kirkwood’s analogy », American Journal of Science and Arts (New Haven, Conn.), 2e sér., 14 (nov. 1852) : 9s. ; « On the American ten-year non-forfeiture policy » dans Institute of Actuaries, Journal and Assurance Magazine (Londres), 16 (1869–1870) : 384–386 ; et plusieurs notes brèves sur divers sujets actuariels dans la même publication, 21 (1869–1870) : 295–300. La liste ne mentionne pas non plus ses critiques de livres ; sont dignes de mention celles de l’ouvrage de David Brewster, Memoirs of the life, writings, and discoveries of Sir Isaac Newton et de celui d’Augustin Cournot, Recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses, dans Canadian Journal (Toronto), nouv. sér., 1 (1856) : 452–464, et 2 (1857) : 185–194, respectivement. Ses rapports annuels à titre de surintendant de l’assurance pour les années 1875 à 1884 sont disponibles dans Canada, Parl., Doc. de la session, 1877–1885.

Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Geneal. Soc. (Salt Lake City, Utah), International geneal. index (exemplaire à sa succursale de Toronto).— PRO, WO 25/753 : ff.65–65v.— British Assoc. for the Advancement of Science, Report of the annual meeting (Londres), 1886 : 150s.— CPG, 1885.— E. P. Neufeld, The financial system of Canada ; its growth and development (Toronto, 1972).— J. A. Paterson, « John Bradford Cherriman : an appreciation », University Monthly (Toronto), 9 (1908–1909) : 77–83.— Suzanne Zeller, Inventing Canada : early Victorian science and the idea of a transcontinental union (Toronto, 1987).

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Suzanne Zeller, « CHERRIMAN, JOHN BRADFORD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cherriman_john_bradford_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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