Titre original :  Augustin Chaboillez, prêtre, curé de Longueuil. SHM 1461.

Augustin Chaboillez, on lit aussi Auguste, est né à Montréal le 1er décembre 1773. Il fait ses études de théologie à Québec, et est ordonné prêtre à Longueuil par Monseigneur Denaut en 1796.

Provenance : Lien

CHABOILLEZ, AUGUSTIN, prêtre catholique et auteur, né le 1er décembre 1773 à Montréal, cadet des six enfants de Louis-Joseph Chaboillez, marchand voyageur, et d’Angélique Baby-Chenneville ; décédé le 28 août 1834 à Longueuil, Bas-Canada.

Augustin Chaboillez fit ses études au collège Saint-Raphaël à Montréal de 1782 à 1788, puis il enseigna dans cette institution jusqu’à son ordination, le 4 décembre 1796. Le 8 septembre de l’année suivante, l’évêque de Québec, Mgr Pierre Denaut*, le choisit comme secrétaire et le nomma vicaire de la paroisse Saint-Antoine, à Longueuil. Chaboillez occupa ces fonctions jusqu’au 28 octobre 1799 ; il fut alors remplacé par Jean-Jacques Lartigue* et nommé curé de la paroisse de Sault-au-Récollet (Montréal-Nord).

Le 10 février 1806, le nouvel évêque de Québec, Mgr Joseph-Octave Plessis, confia à Chaboillez la cure de Saint-Antoine. Bien qu’il ait été un administrateur consciencieux, il eut maille à partir avec certains paroissiens, et ce à plusieurs reprises. Par exemple, en mars 1810, il fut interrompu en plein sermon, au moment où il abordait la délicate question de la répartition des coûts en vue de la reconstruction de l’église paroissiale. Le curé ne s’en laissa pas imposer pour autant, puisqu’il fit mettre l’intervenant en prison. Vingt ans plus tard, il n’hésiterait pas à poursuivre un paroissien devant les tribunaux pour refus de payer la dîme.

Le 4 juillet 1822, Chaboillez forma, avec les prêtres François-Joseph Déguise, Thomas Maguire* et Antoine Bédard, une société pour améliorer la formation du clergé et en augmenter l’effectif. Au cours du même été, il fit une cabale avec le curé François Pigeon* contre l’établissement de Mgr Lartigue comme évêque auxiliaire à Montréal. Chaboillez considérait que la nomination de ce dernier portait préjudice au séminaire de Saint-Sulpice et à son supérieur, Jean-Henry-Auguste Roux. De plus, il se plaignait que Mgr Plessis n’avait point respecté le droit des principaux intéressés d’être consultés. Le 18 août 1823, Chaboillez fit paraître à Montréal une brochure intitulée Questions sur le gouvernement ecclésiastique du district de Montréal, qu’il avait pris soin au préalable de soumettre aux avocats Joseph Bédard, Benjamin Beaubien et Michael O’Sullivan*, afin de s’assurer qu’elle était conforme au droit civil et canonique.

Fortement imbu de gallicanisme, le pamphlet du curé Chaboillez posait cinq questions à propos du mandement du 20 février 1821 qui préposait officiellement Mgr Lartigue à la direction du district de Montréal. Le district était-il, légalement et canoniquement, un district épiscopal ? L’évêque de Telmesse, Mgr Lartigue, était-il ou pouvait-il être évêque diocésain de ce district ? Avait-il le droit d’exiger à Montréal les honneurs dus à l’évêque diocésain ? Ses pouvoirs subsisteraient-ils après la mort de Mgr Plessis ? Les prêtres du district de Montréal étaient-ils tenus de le regarder comme leur supérieur immédiat ? Le pamphlet répondait par la négative aux quatre premières questions, tout en nuançant la réponse à la cinquième.

La réaction au pamphlet de Chaboillez fut immédiate et donna lieu à de vives controverses dans le public et au sein du clergé. Dès le début du mois de septembre, le coadjuteur Bernard-Claude Panet écrivait à Plessis que la « publication de Mr. Chaboillez se répand[ait] avec une profusion sans exemple et [allait] produire un mal infini. On travaill[ait] à la réfuter et le remède [était] urgent, parce que le mal [était] considérable. » Aussi, sous le nom d’emprunt de P.-H. Bédard, Mgr Lartigue rétorqua en publiant, au mois d’octobre 1823, Lettre à Mr. Chaboillez, curé de Longueuil [...]. À peu près à la même époque, Louis-Marie Cadieux*, curé de Trois-Rivières, fit paraître Observations sur un écrit intitulé Questions sur le gouvernement ecclésiastique du district de Montréal, où il reprochait à Chaboillez son gallicanisme et son libéralisme. De son côté, le curé Charles-François Painchaud* rédigea « Examen sommaire de deux pamphlets publiés en 1823 sur le gouvernement ecclésiastique du district de Montréal », mais Plessis considéra que cet écrit « ne tan[çait] pas assez l’agresseur, ni ménage[ait] peut-être pas assez le réfutateur ». La polémique se poursuivit dans les journaux, puis la situation s’envenima avec la publication, en février 1824, de Réponse de messire Chaboillez, curé de Longueuil, à la lettre de P. H. Bédard [...], où il réitérait son adhésion aux principes gallicans et soulignait le droit de l’État d’intervenir dans les affaires religieuses. D’ailleurs, le gouverneur, lord Dalhousie [Ramsay*], avait lu « avec plaisir et le plus grand intérêt » les deux pamphlets de Chaboillez, qu’il s’était empressé d’expédier à lord Bathurst, secrétaire d’État à la Guerre et aux Colonies. Cette polémique prit fin en avril 1824, à la demande expresse de Mgr Plessis, après qu’une formule d’adhésion au bref apostolique du 1er février 1820 qui constituait Lartigue évêque auxiliaire dans le district de Montréal eut été signée par 54 des 93 prêtres du district.

Plus tard, à la mort de Mgr Plessis, survenue le 4 décembre 1825, Lartigue craignit que Londres ne profite de l’occasion pour imposer Chaboillez comme coadjuteur du nouvel archevêque, Mgr Panet. En fait, le curé de Longueuil était « trop mal noté à Rome pour que le pape lui donne jamais des bulles ». Lartigue ignorait en outre la déclaration que Dalhousie avait faite un jour à Québec, en voyant le portrait de Chaboillez, et que rappela la Minerve lors du décès de ce dernier : « Si cet homme eut été dans l’armée et s’y fut conduit comme il a fait envers ses supérieurs ecclésiastiques, il y a long teins qu’il aurait été cassé. » En janvier 1834, Chaboillez se défendit d’avoir pris part aux intrigues pour empêcher l’expédition des bulles à Pierre-Flavien Turgeon*, nouveau coadjuteur de l’archevêque de Québec, Joseph Signay*, et lui substituer le curé de Saint-Laurent, Jean-Baptiste Saint-Germain*. Il est vrai qu’il avait refusé de signer en décembre 1833, avec les prêtres du séminaire de Saint-Sulpice à Montréal, la supplique en faveur de Turgeon que le clergé du diocèse de Québec avait adressée au pape.

Augustin Chaboillez mourut le 28 août 1834, victime du choléra. La Minerve souligna « ses talens et sa libéralité envers les pauvres ». Ses funérailles eurent lieu le 29 août, et il fut inhumé dans l’église de Longueuil.

Gilles Chaussé

Augustin Chaboillez est l’auteur de : Questions sur le gouvernement ecclésiastique du district de Montréal (Montréal, 1823) ; et Réponse de messire Chaboillez, curé de Longueuil, à la lettre de P. H. Bédard ; suivie de quelques remarques sur les observations imprimées aux Trois-Rivières (Montréal, 1824).

ACAM, 780.034 ; 901.016.— ANQ-M, CE1-12, 29 août 1834 ; CE1-51, 1er déc. 1773.— ASSM, 24 ; 27.— P.-H. Bédard [J.-J. Lartigue], Lettre à Mr. Chaboillez, curé de Longueuil, relativement à ses Questions sur le gouvernement ecclésiastique du district de Montréal (Montréal, 1823).— [L.-M. Cadieux et J.-O. Plessis], Observations sur un écrit intitulé Questions sur le gouvernement ecclésiastique du district de Montréal (Trois-Rivières, Québec, 1823).— La Minerve, 1er sept. 1834.— Allaire, Dictionnaire, 1 : 106.— F.-M. Bibaud, le Panthéon canadien (A. et V. Bibaud ; 1891), 51.— Caron, « Inv. de la corr. de Mgr Denaut », ANQ Rapport, 1931–1932 : 134, 136, 162 ; « Inv. de la corr. de Mgr Plessis », 1927–1928 : 241 ; 1928–1929 : 166, 169, 173, 182 ; 1932–1933 : 188, 204, 214, 224.— Chaussé, Jean-Jacques Lartigue. Alexandre Jodoin et J.-L. Vincent, Histoire de Longueuil et de la famille de Longueuil [...] (Montréal, 1889).— Lambert, « Joseph-Octave Plessis ».— Lemieux, l’Établissement de la première prov. eccl., 161166, 174183, 201203, 217218. Robert Rumilly, Histoire de Longueuil (Longueuil, Québec, 1974). É.-Z. Massicotte, « les Chaboillez », BRH, 28 (1922) : 184188, 207209, 241242, 274276, 311313, 325332, 355359.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Gilles Chaussé, « CHABOILLEZ, AUGUSTIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/chaboillez_augustin_6F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:

Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/chaboillez_augustin_6F.html
Auteur de l'article:    Gilles Chaussé
Titre de l'article:    CHABOILLEZ, AUGUSTIN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    28 novembre 2024