Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3924587
BRYMNER, WILLIAM, peintre et professeur, né le 14 décembre 1855 à Greenock, Écosse, fils de Douglas Brymner* et de Jean Thomson ; le 12 septembre 1917, il épousa à Montréal Mary Caroline Larkin, née Massey, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 18 juin 1925 à Wallasey, Angleterre, et inhumé à cet endroit.
William Brymner fut un influent professeur d’art et se distingua en tant que peintre canadien de figures et de paysages. Né en Écosse, arrivé dès 1857 avec sa famille dans le Bas-Canada, plus précisément à Melbourne, il fréquenta d’abord le St Francis College dans une localité voisine, Richmond. Sa famille s’étant établie à Montréal en 1864, il poursuivit ses études dans une école privée et au petit séminaire de Sainte-Thérèse à Sainte-Thérèse-de-Blainville (Sainte-Thérèse). En 1870, il fut un moment apprenti chez l’architecte montréalais Richard Cunningham Windeyer. Il suivit aussi des cours du soir à l’Institut national des beaux-arts, sciences, arts et métiers et industrie, fondé en 1871 par Joseph Chabert*. En mai 1872, son père fut nommé commis aux archives au département fédéral de l’Agriculture (par la suite, il serait à la tête des archives au Canada). Les Brymner s’installèrent alors à Ottawa, et William trouva une place de commis au même département. Dès 1874, il était dessinateur aux Travaux publics, attaché au bureau de l’architecte en chef, Thomas Seaton Scott*. En septembre 1876, en réponse à une commande passée à Scott par le gouverneur général, lord Dufferin [Blackwood*], il exécuta à la plume une série de dessins de Québec.
Grâce au soutien financier de son père, Brymner partit étudier l’architecture en Europe en février 1878. Il se fixa à Paris, où il travailla d’abord comme concepteur auprès du commissaire canadien à l’exposition universelle qui se tiendrait dans la capitale française cette année-là. L’été suivant, il prit des leçons de dessin avec Charles-François Pinot. En octobre, il s’inscrivit à l’académie Julian, où il eut pour maîtres Jules-Joseph Lefebvre et Gustave Boulanger. Pris de passion pour la peinture, il continua à l’académie Julian jusqu’en 1880 avec Tony Robert-Fleury et Adolphe-William Bouguereau. En avril 1879, il avait commencé à suivre des cours particuliers auprès de Charles Durand, dit Carolus-Duran. Des leçons d’anatomie à l’École des beaux-arts complétaient sa formation. Tout en adhérant aux principes de l’académisme français – dessin solide, harmonie des formes, excellence de la technique –, Brymner trouvait que les toiles peintes selon cette tradition, c’est-à-dire des tableaux réalisés en majeure partie en atelier et consacrés à des thèmes grandioses, étaient souvent artificielles. Il se lia bientôt à un groupe de jeunes peintres naturalistes inspirés par l’école de Barbizon et son chef de file Jean-François Millet. En quête de sujets pittoresques et d’effets naturels, ils allaient croquer des scènes champêtres. Gagné à cette pratique, Brymner peignit dans la campagne française et belge pendant l’été de 1879.
De retour à Ottawa à l’été de 1880, Brymner accepta de diriger la nouvelle Ottawa Art School. Au cours de l’hiver, il s’essaya à l’eau-forte et produisit la seule estampe qu’on lui connaît, Vieil homme peignant au Louvre, Paris. L’enseignement l’aida à s’offrir un deuxième voyage en France en mai 1881, mais une fièvre rhumatismale l’obligea à rentrer en octobre. Brymner passa l’hiver en convalescence à Ottawa. Pour la première fois, en avril 1882, il présenta des œuvres aux expositions annuelles de l’Association des arts de Montréal, et de l’Académie royale des arts du Canada, qui se tenaient conjointement à Montréal cette année-là. À l’automne, il reprit ses fonctions à l’Ottawa Art School.
En mai 1883, Brymner obtint le titre de membre associé à l’Académie royale des arts du Canada. À nouveau en France pendant l’été, il dessina à Pontaubert avec le peintre britannique Frederick Brown. Il visita aussi le Yorkshire, en Angleterre, où il retourna en mai suivant pour sept mois et où il peignit aux côtés de l’artiste britannique Frederick William Jackson et d’un Canadien d’origine, James Kerr Lawson. À la baie Runswick, il exécuta sa première toile importante, une Gerbe de fleurs. Présenté à l’exposition de l’Académie royale des arts du Canada en 1885, ce tableau réalisé à partir d’études en plein air est typique de son style de jeunesse : contenu narratif, maîtrise de la figure humaine et du paysage, naturalisme aux tons subtils. En janvier 1885, Brymner termina ses études à l’académie Julian et alla faire des croquis à Brolles, dans la forêt de Fontainebleau. L’admission d’Au Bord de la forêt Fontainebleau au Salon annuel de Paris en mai le consacra peintre de métier.
De retour au Canada, Brymner passa l’été de 1885 à se promener dans la région de Baie-Saint-Paul. En appliquant les méthodes françaises à des sujets canadiens, il produisit alors quelques-uns de ses meilleurs tableaux, dont Souvenirs tristes et la Femme au métier, peints à Baie-Saint-Paul même, et un portrait de sa jeune sœur intitulé la Courtepointe bigarrée (1886). Bientôt, on l’acclama comme l’un des meilleurs peintres canadiens de figures et de paysages de sa génération. L’Académie royale des arts du Canada l’élut membre à part entière en février 1886. Son morceau de réception, une Gerbe de fleurs, figura avec trois autres de ses toiles dans la section canadienne de la Colonial and Indian Exhibition, qui eut lieu à Londres cet été-là. Toujours en 1886, Brymner adhéra à l’Ontario Society of Artists. Après avoir traversé l’Ouest canadien en train – voyage au cours duquel il peignit dans la réserve des Pieds-Noirs à Gleichen (Alberta) et dans les monts Selkirk –, il accepta de diriger l’école de l’Association des arts de Montréal. Il occuperait ce poste jusqu’à sa retraite en 1921.
Professeur respecté et bienveillant, Brymner était, dit-on, « aimé de tous ses élèves et confrères, non seulement à cause de sa maîtrise du métier, mais aussi de sa gentillesse ». En partie grâce à lui, plusieurs artistes canadiens de la génération montante – notamment Clarence Gagnon*, Alexander Young Jackson* et des membres du groupe de Beaver Hall Hill telle Lilias Torrance* (Newton) – s’initièrent aux méthodes et notions esthétiques françaises. Brymner mettait l’accent sur le dessin, « fondement de tous les arts graphiques et plastiques », et sur l’observation de la nature. Tout en restant fidèle à sa formation académique, il défendait la liberté d’expression chez autrui. Comme l’a rappelé Jackson, il « n’avait rien d’un radical, mais il encourageait ses élèves à être indépendants […] Devant ses confrères académiciens, il refusait de cautionner la moindre manifestation d’intolérance ou d’injustice à l’égard des artistes plus jeunes. » Brymner gardait un pied-à-terre à Montréal, où il enseignait l’hiver, et passait ses vacances à peindre en Europe et au Canada. À l’été de 1889, il retourna en France. En 1891, il peignit à Killarney (république d’Irlande) avec le Canadien James Macdonald Barnsley. Pendant l’été de 1892, en réponse à une grosse commande de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique – produire des vues panoramiques à l’intention du public –, il alla dans les Rocheuses. Certaines de ces vues furent présentées à la World’s Columbian Exposition de Chicago en 1893. Brymner retourna dans l’Ouest l’année suivante pour travailler à Field et à Glacier, en Colombie-Britannique, ainsi qu’à Gleichen.
Le style de Brymner s’affirma dans les années 1890. Le paysage l’intéressait beaucoup, mais il produisit aussi quelques remarquables portraits et scènes de genre. Comme le montre le Lever de la lune en septembre (1889), il interprétait le paysage canadien en s’attachant davantage à produire des effets de matière et à rendre les subtilités de l’atmosphère. De même, ses tableaux de figures – dont beaucoup sont à l’aquarelle, son procédé favori dans ces années-là –, se firent plus intimistes. La Jeune fille sombre (1897) et Deux jeunes filles lisant (1898), deux aquarelles sur toile, se comparent aux compositions nuancées de James Abbott McNeill Whistler. Peindre à Venise en 1901 et en 1902 aux côtés de James Wilson Morrice et de Maurice Galbraith Cullen*, puis sous le soleil de Martigues, en France, en 1908, le rapprocha encore plus d’un style impressionniste. Ses excursions sur la côte néo-écossaise, notamment à Louisbourg (en 1909, 1910 et 1914) et à Pictou (en 1912), lui inspirèrent plusieurs études lumineuses du bord de mer. Un de ces tableaux, Marée montante, Louisbourg, remporta en 1915 le prix Jessie Dow de l’Association des arts de Montréal.
Comme Charles E. L. Porteous lui avait commandé un cycle de décorations murales pour sa maison d’été de l’île d’Orléans, dans la province de Québec, Brymner était allé en 1899 sur la côte de Beaupré, où il avait fait bon nombre de croquis du paysage et des habitants de la vallée du Saint-Laurent, à la fois pour les peintures murales et pour de nouvelles toiles. Ses talents de muraliste lui apportèrent d’autres commandes, par exemple en 1907 pour trois tableaux décoratifs destinés aux maisons d’été d’Edward Seaborne Clouston* et de sa fille Mme John L. Todd à Senneville. Un autre coin du Québec, Saint-Eustache, l’inspirait beaucoup. Il l’avait découvert en 1896 avec Cullen et les deux artistes s’y étaient construit un atelier commun en 1905.
Habitué des grandes expositions annuelles d’art au Canada, dont l’Exposition nationale canadienne à Toronto, William Brymner participa aussi à bon nombre d’expositions internationales. Il reçut une médaille d’or à la Pan-American Exhibition de Buffalo en 1901 et une médaille d’argent à la Louisiana Purchase Exposition de St Louis en 1904. Membre fondateur de la Montreal Water Colour Society (1889) et du Pen and Pencil Club de Montréal (1890, président en 1893), il prit également part, de 1908 à 1915, aux activités du Canadian Art Club, sis à Toronto, et, à compter de 1912, à celles de l’Arts Club of Montreal, dont il fut président en 1916–1917. Élu en 1907 vice-président de l’Académie royale des arts du Canada, il en devint président en mai 1909. En 1916, il reçut le titre de compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges et tint une exposition solo à l’Arts Club of Montreal. Une crise d’apoplexie survenue en 1917 mit fin à sa carrière de peintre et l’obligea à démissionner de la présidence de l’académie en décembre. Au début de 1921, après une deuxième exposition individuelle à l’Arts Club of Montreal, il quitta l’enseignement. Il passa les dernières années de sa vie à voyager, surtout en France et en Italie, en compagnie de sa femme. Il mourut au cours d’une visite à la famille de celle-ci à Wallasey, en Angleterre. Tant en raison de la qualité et de la diversité de son œuvre que de l’ampleur de sa contribution à l’enseignement des arts, Brymner est reconnu comme l’un des principaux artistes canadiens de sa génération.
Des œuvres de William Brymner sont conservées à l’Agnes Etherington Art Centre, Queen’s Univ. (Kingston, Ontario), à BAC, à l’Art Gallery of Hamilton (Hamilton, Ontario), à la Beaverbrook Art Gallery (Fredericton), au Musée des beaux-arts de l’Ontario (Toronto), au Musée des beaux-arts de Montréal, au Musée des beaux-arts du Canada (Ottawa), au Musée national des beaux-arts du Québec (Québec), au Musée McCord d’histoire canadienne (Montréal) et dans d’autres collections publiques et privées au Canada. Ses murales destinées à la résidence d’été de Charles E. L. Porteous s’y trouvent toujours. Des illustrations originales de Brymner ont été publiées dans [Joshua Fraser], Shanty, forest and river life in the backwoods of Canada (Montréal, 1883) et dans H. C. Walsh, Bonhomme : French-Canadian stories and sketches (Toronto, 1899). Brymner est l’auteur de « “Progress in art” », University Magazine (Montréal), 6 (1907) : 239–246, et de « Village life in three countries », University Magazine, 11 (1912) : 309–326.
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Victoria Baker, « BRYMNER, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/brymner_william_15F.html.
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Auteur de l'article: | Victoria Baker |
Titre de l'article: | BRYMNER, WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |