BROWN, THOMAS STORROW, quincaillier, journaliste, patriote et écrivain, né à St Andrews, Nouveau-Brunswick, en 1803, fils de Henry Barlow Brown, marchand, et de Rebecca Appleton ; en 1829, il épousa Jane Hughes (décédée en 1833), puis, en 1860, Hester Livingstone ; décédé à Montréal le 26 décembre 1888.

Loyaliste réfugié au Nouveau-Brunswick en 1776, Henry Barlow Brown retourna aux États-Unis en 1811 et s’installa à Woodstock, Vermont. En 1818, Thomas Storrow Brown quitta sa famille et s’établit à Montréal chez son oncle Thomas Storrow qui lui trouva un emploi chez le marchand de fer J. T. Barrett, rue Saint-Paul. En 1825, il aurait ouvert une quincaillerie, rue Saint-Paul, ayant probablement bénéficié de l’aide de la famille Barrett. Il ne semble pas avoir connu beaucoup de succès car, en 1835, alors qu’il était associé depuis quelque temps avec François-Benjamin Blanchard, il fit faillite. Il se livra alors à la spéculation foncière.

En 1833, Brown participa avec Jacob De Witt* aux démarches pour obtenir la reconnaissance juridique de la Banque de la cité et à l’organisation de la Banque du peuple, dont il fut un des administrateurs. À la suite de l’épidémie de choléra qui sévissait à Montréal, Brown fit partie, en 1834, d’un comité pour aider les victimes ; ce comité mit sur pied un hôpital, dont il assuma les coûts d’installation sans aucune autre aide extérieure.

Il est difficile de déterminer le moment précis où Brown joignit les rangs du parti patriote. Il aurait fait partie de la Society of the Friends of Ireland qui a joué un rôle dans la fondation en 1828 à Montréal du journal Irish Vindicator and Canada General Advertiser, qui deviendra en 1832 le Vindicator and Canadian Advertiser [V. Edmund Bailey O’Callaghan*]. Si tel est le cas, il est étonnant de ne pas voir son nom sur la liste des militants patriotes qui participèrent à l’organisation de l’élection du Quartier-Ouest de Montréal en 1832 et qui appuyèrent Daniel Tracey*. Peut-être est-il à cette date, comme son associé Blanchard, futur patriote, un partisan du Tory Stanley Bagg. Mais, à compter de 1836, Brown s’engagea ouvertement. Il œuvra avec les membres les plus radicaux du parti patriote, parmi lesquels il y avait plusieurs anglophones : ceux qui étaient mécontents du monopole de la grande bourgeoisie d’affaires et qui étaient sensibles aux idées démocratiques américaines, quand ce n’était pas au message des radicaux d’Angleterre. En 1836–1837, Brown collabora au Vindicator et, sous le pseudonyme de L. M. N., il fit parvenir une douzaine de lettres ouvertes à l’Express (New York). En 1837, il prêcha la révolution aux Fils de la liberté et, lors de l’émeute du 6 novembre, il fut grièvement blessé à un oeil lorsque les membres du Doric Club saccagèrent les bureaux du Vindicator.

Dix jours plus tard, Brown quitta Montréal pour Varennes, après que le gouvernement eut émis des mandats d’arrestation contre les chefs patriotes. Accompagné des docteurs Eugène-Napoléon Duchesnois et Henri-Alphonse Gauvin et de Rodolphe Des Rivières*, il prit ensuite la route de Saint-Charles, y arrivant au moment de la mise en place d’un camp retranché. Brown fit grande impression : venu de la ville, il était presque un blessé de guerre. Avec l’assentiment de Louis-Joseph Papineau*, il fut nommé général. Mais en réalité il n’avait pas l’étoffe d’un chef : il lui manquait le sens de l’organisation et il ne savait pas inspirer ses hommes. Tout cela ne l’empêcha pas de voguer dans l’allégresse et d’être sûr de la victoire. Toutefois, le 25 novembre, le combat contre les troupes gouvernementales dirigées par George Augustus Wetherall* étant à peine commencé, Brown partit à la recherche de renforts et disparut sans gloire du champ de bataille. Il se rendit à Saint-Denis avant de s’enfuir aux États-Unis. Le 10 décembre, il arriva à Berkshire, Vermont.

Après un séjour d’à peine un mois en prison pour avoir contracté des dettes au Canada, Brown sembla éprouver des difficultés à s’intégrer au groupe des réfugiés politiques. En avril 1838, il publia un long article sur la rébellion dans le Vermonter (Vergennes, Vermont). Peu après, il partit pour la Floride où il rédigea le Florida Herald (Key West). Cette entreprise ayant échoué, il se trouva un poste de vérificateur de comptes. En 1844, à la proclamation de l’amnistie, il revint à Montréal et se recycla dans la quincaillerie. Deux ans plus tard, Louis Perrault* écrivait à Edmund Bailey O’Callaghan : « T. S. Brown est commis chez Charles Wilson, hardware. Il se conduit bien maintenant. Il fera son chemin s’il ne se livre pas encore à la boisson. » Il semble, selon le Montreal directory, que Brown se soit établi à son compte, rue Saint-Paul, vers 1854. En 1862, avec William Bristow* et George Sheppard, il fut nommé membre d’une commission d’enquête sur « le fonctionnement du système de tenue des comptes publics et de la méthode de contrôle et de vérification » ; deux ans plus tard, il délaissa la quincaillerie à la suite de sa nomination à titre de syndic d’office chargé d’appliquer la nouvelle loi des faillites. Il conserva ce poste jusqu’à ce qu’il devienne complètement aveugle, une dizaine d’années avant sa mort.

Fernand Ouellet

Outre les articles et les lettres qu’il a publiés dans différents journaux durant les années 1830, Thomas Storrow Brown a laissé quelques brochures. Certaines sont liées aux événements de 1837–1838 : Brief sketch of the life and times of the late Hon. Louis-Joseph Papineau ([Montréal, 1872]) ; 1837 ; my connection with it (Québec, 1898) ; d’autres à son activité dans la vie publique : A history of the Grand Trunk Railway of Canada, compiled from public documents (Québec, 1864) ; Montreal fifty years ago (Montréal, 1868). À titre de commissaire, il fut corédacteur de : Canada, prov. du, Financial and Departmental Commission, Report (2 vol., Québec, 1863–1864). Enfin, il fut l’auteur d’une brochure de caractère plus personnel : Strong drink, what it is and what it does (Montréal, 1884).  [f. o.]

ANQ-Q, AP-G–417 ; QBC 25, Événements de 1837–1838.— APC, MG 24, B2 ; RG 31, A 1, 1831, Montréal.— ASQ, Fonds Viger-Verreau, Sér. O, 0139–0152.— McGill Univ. Libraries (Montréal), Dept. of Rare Books and Special Coll., ms coll., CH443.RBR box.— An alphabetical list of the merchants, traders, and housekeepers, residing in Montreal ; to which is prefixed, a descriptive sketch of the town, Thomas Doige, compil. (Montréal, 1819).— Borthwick, Hist. and biog. gazetteer, 277–279.— Fauteux, Patriotes.— John Boyd, « Thomas Storrow Brown et le soulèvement de 1837 dans le Bas-Canada », Rev. canadienne, nouv. sér., 18 (juill.–déc. 1916) : 50–69, 110–129.— Émile Chartier, « Après « l’Affaire de Saint-Denis », 1er–12 décembre 1837, d’après un mémoire de Brown », BRH, 56 (1950) : 130–147.

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Fernand Ouellet, « BROWN, THOMAS STORROW », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/brown_thomas_storrow_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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