BRONSON, HENRY FRANKLIN, entrepreneur forestier, né le 24 février 1817 dans le canton de Moreau, New York, fils d’Alvah Bronson et de Sarah Tinker ; le 5 novembre 1840, il épousa Editha Eliza Pierce, et ils eurent trois fils et une fille ; décédé le 7 décembre 1889 à Ottawa.

Henry Franklin Bronson, membre d’une famille bien connue du nord-est des États-Unis, fit ses études à la Poultney Academy au Vermont, où il se spécialisa en agronomie et apprit les rudiments de la foresterie. Il avait passé une bonne partie de son enfance dans la famille de l’entrepreneur forestier John J. Harris du canton de Queensbury, New York. Une fois son éducation terminée, il travailla en tant que commis dans l’entreprise forestière et transitaire de Harris. En 1840, ce dernier acheta d’importants peuplements de pins blancs, dans la région des lacs du cours supérieur de l’Hudson, y construisit des moulins et fit de Bronson son associé en second. La nouvelle société, la Harris and Bronson Company, développa d’intéressants marchés pour son bois dans les villes florissantes de Boston et de New York, mais en 1848 constata que ses ressources en bois devenaient de plus en plus restreintes. Par conséquent, cet été-là, Bronson entreprit un voyage de recherche en haut de la vallée de l’Outaouais afin d’en évaluer les ressources forestières et hydrauliques. Il fut très impressionné par cette région et recommanda de transférer l’entreprise au nord.

Peu disposé à déplacer ses moulins dans une colonie étrangère, Harris était plus enclin à investir dans les pinèdes du Michigan. Quoi qu’il en soit, lorsqu’on annonça en 1852 la mise en vente des beaux sites de barrage des chutes des Chaudières près de Bytown (Ottawa), il décida de visiter la région. Les citoyens, avides de voir de nouvelles industries s’implanter dans leur ville, convièrent Harris à un banquet et lui promirent de ne pas accepter les offres concurrentielles d’autres compagnies si la sienne investissait dans quelque site de barrage que ce soit. Après avoir obtenu cette garantie, la Harris and Bronson Company acquit des sites de barrage sur l’île Victoria, tout près des chutes des Chaudières, pour un shilling de plus par site que le prix de départ de £50, en plus des £5 dues annuellement comme frais de location d’énergie hydraulique pour chaque meule tournante utilisée par ses moulins. Bronson devint dès lors associé à part entière.

Vers la fin de 1852, la compagnie construisit un moulin moderne équipé d’une scie à plusieurs lames montées à l’intérieur d’un même châssis et pouvant être actionnée par un seul homme. (Bronson fut le premier à utiliser du fer plutôt que du bois pour le châssis ou le cadre.) Un nouvel associé, James Coleman, se joignit à l’entreprise, et, en 1853, la Harris, Bronson and Coleman Company acquit des concessions forestières le long de la rivière Gatineau. En 1857, elle obtint près de 700 milles carrés de nouvelles concessions le long de la rivière Dumoine et dans plusieurs autres régions. En 1864, la firme conclut une entente avec la Compagnie canadienne des terres et d’immigration lui permettant de couper du bois à même les plantations de pins de cette dernière situées le long de la rivière York, affluent de la Madawaska.

Avec son nouveau moulin et ses concessions de bois de première qualité, la compagnie jouissait d’une excellente position pour approvisionner ses marchés traditionnels du nord-est des États-Unis, et la signature du traité de réciprocité entre les États-Unis et l’Amérique du Nord britannique en 1854 favorisa son développement et son expansion. Malgré les dépressions passagères de 1857–1858 et de 1861–1862, découlant du marasme qui sévissait sur le marché américain, les associés purent augmenter leur production chaque année jusqu’à ce qu’elle atteigne en 1870 plus de 25 millions de pieds de bois annuellement. En 1866, Harris prit sa retraite, et Abijah Weston, de Painted Post, New York, ainsi que le fils aîné de Bronson, Erskine Henry, se joignirent à l’entreprise qui devint la Bronsons and Weston Lumber Company. Weston, un important grossiste en bois qui avait des bureaux dans les états du Michigan, de New York et du Vermont, apporta de gros capitaux dans l’entreprise et permit aux associés non seulement d’agrandir leurs exploitations forestières et leurs scieries au Canada mais également d’établir leurs propres points de vente en gros à Albany, Boston, et Burlington, Vermont. Le bois brut fut scié et dégrossi à ces points de vente exploités sous une autre raison sociale, soit la Bronson, Weston, Dunham and Company. En 1871, la Bronsons and Weston Lumber Company acquit de vastes étendues de séquoias en Californie, mises plus tard en valeur par Erskine Henry Bronson. Vers la fin des années 1870, ou au début des années 1880, les associés fondèrent leur propre banque à Painted Post afin d’aider au financement des diverses transactions de la compagnie.

Établi depuis 1853 à Bytown avec sa famille, Bronson devint rapidement un membre éminent de l’« American Society », qui réunissait des entrepreneurs américains tels William Goodhue Perley et Ezra Butler Eddy*, venus s’établir au nord entre 1852 et 1854, en vue de mettre sur pied une industrie de sciage dans la ville. Toutefois, Bronson ne demeura pas longtemps membre d’un clan étranger. Bien qu’il n’ait jamais abandonné sa citoyenneté américaine, il s’intéressa facilement aux organismes communautaires et devint rapidement un homme respecté à Ottawa. Figure dominante au sein de la communauté presbytérienne de St Andrew, il compta au nombre des fondateurs de l’Ottawa Ladies’ College en 1869. Sa femme et lui furent membres fondateurs du Protestant Orphans’ Home, à Ottawa, et prirent une part active dans beaucoup d’autres groupements philanthropiques. En 1868, avec Perley et James Skead, il encouragea la mise sur pied de l’Upper Ottawa Steamship Company. Il n’hésita pas non plus à se mêler de politique canadienne, et le parti réformiste gagna sa sympathie. Bronson fit longtemps de fortes pressions en coulisses pour tenter de rétablir le traité de réciprocité abandonné en 1866. Devenu, en 1870, un partisan important du parti libéral fédéral et provincial dans l’est de l’Ontario, il utilisa sa compagnie comme machine politique dans chaque circonscription électorale où elle faisait des affaires ; ses contremaîtres forestiers travaillèrent comme « cabaleurs » du parti libéral.

Avant sa mort en 1889, Bronson avait créé un vaste empire, qui s’étendait de Mattawa, Ontario, à New York, et le chiffre d’affaires de son entreprise s’élevait à plus de $1 000 000 annuellement. Les moulins d’Ottawa à eux seuls employaient plus de 300 hommes. Il contribua à l’établissement de l’industrie du bois de sciage qui révolutionna la structure économique et sociale de la vallée de l’Outaouais. Erskine Henry Bronson dirigea la Bronsons and Weston Lumber Company jusqu’en 1899, année de sa dissolution et de son remplacement par une société de gestion, la Bronson Company.

Robert Peter Gillis

APC, MG 27, II, D 14, 5 ; MG 28,137, 1–6 ; III26 ; RG 1, E1, 75 : 264 ; RG 31, A1, 1871 census, 893 : schedule 7, Bronson, Weston and Company.— Canada, prov. du, Assemblée législative, App. to the journals, 1857, V : app.25.— Ottawa Citizen, 18 janv. 1894.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose), I.— H. R. Cummings, Early days in Haliburton (Toronto, 1963), 131–152, app.iv.— J. E. Defebaugh, History of the lumber industry of America (2 vol., Chicago, 1906–1907), I : 158.— A. R. M. Lower, The North American assault on the Canadian forest : a history of the lumber trade between Canada and the United States [...] (Toronto et New Haven, Conn., 1938 ; réimpr., New York, 1968), 123–147.

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Robert Peter Gillis, « BRONSON, HENRY FRANKLIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bronson_henry_franklin_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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