Titre original :  Augustin-Magloire Blanchet., BM1,S5,P0170-1

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BLANCHET (Blanchette), AUGUSTIN-MAGLOIRE, prêtre catholique, missionnaire et évêque, né à Saint-Pierre-Montmagny, Bas-Canada, le 22 août 1797, fils de Pierre Blanchette et de Marie-Rose Blanchette, décédé à Vancouver, Territoire de Washington, le 25 février 1887.

Augustin-Magloire Blanchet suit les traces de son frère aîné, François-Norbert : après des études de latin dans sa paroisse natale, il s’inscrit au petit puis au grand séminaire de Québec. Ordonné prêtre le 3 juin 1821, il s’initie au ministère paroissial en servant à titre de vicaire à Saint-Gervais (1821–1822) puis en tant que missionnaire à Chéticamp, Nouvelle-Écosse, et aux îles de la Madeleine (1822–1826). Il en est rappelé pour se voir confier d’importantes cures dans la région de Montréal : Saint-Luc, sur le Richelieu, avec desserte de Saint-Jean-l’Évangéliste (1826–1828), Saint-Pierre-du-Portage (Assomption-de-la-Sainte-Vierge) (1828–1830), Saint-Charles, à Saint-Charles-sur-Richelieu (1830–1838), avec desserte de Saint-Marc (1830–1832). Après quelques velléités d’entrer au séminaire de Saint-Hyacinthe, qui lui valent un froid avec Mgr Jean-Jacques Lartigue*, le curé Blanchet regagne la confiance de son évêque qui le nomme archiprêtre en 1835 et le charge de plusieurs missions de confiance.

En 1837, les événements politiques dans la vallée du Richelieu obligent le curé de Saint-Charles à faire des choix difficiles. Sa paroisse est le château fort des Patriotes de la région ; lui-même reconnaît le bien-fondé des griefs du parti de Louis-Joseph Papineau* et, tout en se défendant de faire de la politique, il avertit le gouverneur lord Gosford [Acheson*], dans une lettre du 9 novembre 1837, qu’il est peut-être mal informé et que, « si le Gouvernement veut le bonheur du Pays, il doit au plutôt accéder aux justes demandes du peuple ». Il ajoute « qu’il ne faut plus compter sur les Messieurs du clergé pour arrêter le mouvement populaire dans les environs » car « les pasteurs ne peuvent se séparer de leurs ouailles ». Dans la matinée qui précède la bataille de Saint-Charles, le 25 novembre, le curé Blanchet, adversaire de la violence et des effusions de sang, se rend au camp des Patriotes, ses paroissiens pour la plupart ; il en profite pour les bénir et leur faire réciter des prières. Son geste est diversement interprété : Siméon Marchessault* n’y voit que le désir de donner une absolution générale, mais Simon Talon, dit L’Espérance, déclare que « le but de la prière de Messire Blanchet était d’encourager les habitants à se battre ».

Les autorités britanniques et les partisans du gouvernement penchent pour cette dernière interprétation. Arrêté sous l’accusation de haute trahison, Blanchet est conduit à Montréal pour y être emprisonné le 16 décembre 1837. Après une enquête sur place et une longue explication de Blanchet, les évêques de Montréal et de Québec, ne voulant pas compromettre le clergé, donnent leur version des faits : Mgr Lartigue conclut que le curé n’a été qu’« un peu faible et imprudent » alors que Mgr Joseph Signay* croit qu’il a agi par peur des Patriotes. En conséquence, l’un et l’autre s’emploient, de vive voix et par écrit, à intercéder pour lui auprès de Gosford et même du commandant en chef des forces armées des deux Canadas, sir John Colborne*. Grâce à leurs efforts, Blanchet est libéré le 31 mars 1838 moyennant un cautionnement de £1000.

À sa sortie du cachot, Blanchet remplace, à la cure de Saint-Joseph, aux Cèdres, son frère François-Norbert qui part pour les missions de l’Oregon. Augustin-Magloire y demeure jusqu’en 1842, au moment où il est appelé à l’évêché de Montréal ; il devient chanoine titulaire en 1844. Deux ans plus tard, une décision romaine réunit les deux frères Blanchet. Rome confie à Augustin-Magloire la direction du diocèse de Walla Walla, situé dans la partie du Territoire de l’Oregon qui constitue actuellement l’état de Washington, tandis que son frère devient archevêque d’Oregon City (Oregon). Consacré dans la cathédrale de Montréal le 27 septembre 1846, le nouvel évêque se met en route pour l’Oregon le 4 mars 1847. Après un long et épuisant voyage, Blanchet arrive à destination le 5 septembre et, au début d’octobre, ses compagnons de route, dont quatre missionnaires oblats qui s’étaient arrêtés au fort Hall (Fort Hall, Idaho), l’y rejoignent. À la demande des Indiens, Blanchet et Jean-Baptiste-Abraham Brouillet, son vicaire général, décident de s’établir chez les Cayuses, à environ 25 milles de Walla Walla.

De tragiques événements obligent les religieux à changer leurs plans. Quelques jours après l’arrivée des missionnaires oblats, les Cayuses tuent les missionnaires protestants de Waiilatpu (Idaho) ainsi que plusieurs Américains de l’établissement. L’évêque lui-même rencontre les chefs indiens et plaide la cause des captifs sauvés grâce à l’intervention de l’abbé Brouillet. Ces actions ne désarment pas les Américains qui accusent les missionnaires catholiques d’être les instigateurs de cette attaque ; quant aux Cayuses, ils reçoivent assez mal les exhortations et les avertissements. Devant cette situation, Blanchet croit préférable de se retirer à Saint Paul (Oregon), dans la vallée de la Willamette, laissant derrière lui l’abbé Brouillet qui demeure sur place jusqu’à l’arrivée des soldats américains venus venger leurs concitoyens en février 1848.

En 1850, à la demande des évêques de l’Oregon, Rome crée le diocèse de Nesqually (maintenant le diocèse de Seattle, Washington) et y transfère Blanchet ; trois ans après, l’ancien diocèse de Walla Walla est supprimé, et une partie de son territoire – Walla Walla, les terres des Cayuses et des Dalles – annexée au nouveau diocèse. Dans cette étendue de presque 100 000 milles carrés, Blanchet œuvre pendant plus de 25 ans, fondant des missions, bénissant des églises, instruisant les fidèles et administrant les sacrements comme tous les missionnaires travaillant avec lui. Il apporte également sa contribution aux deux premiers conciles provinciaux d’Oregon City, en 1848 et 1861, et participe aux conciles pléniers de Baltimore, Maryland, en 1852 et 1866. Il profite d’ailleurs de celui de 1852 pour entreprendre un voyage au Mexique, en Amérique du Sud et en Europe dans le but de recueillir des fonds pour son diocèse ; il revient en 1856 avec quelques sœurs de la Charité de la Providence (Sœurs de la Providence).

Vieilli, usé par le travail et la maladie, Augustin-Magloire Blanchet démissionne de son poste et devient évêque in partibus infidelium d’Ibora le 23 décembre 1879 ; il demeure dans le diocèse de Nesqually jusqu’à sa mort en février 1887.

Nive Voisine

AAQ, 210 A, XI–XVIII ; 26 CP, VI.— ACAM, 420.041 ; RLL, 1 ; RLL, 8–9.— ANQ-Q, QBC 25, Événements de 1837–1838, nos 292, 844.— AP, Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud (Saint-Pierre-Montmagny), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 22 août 1797.— « Le curé de St-Charles, en 1837, se disculpe de trahison », François Beaudin, édit., RHAF, 22 (1968–1969) : 441–448.— Rapport sur les missions du diocèse de Québec [...] (Québec), no 7 (juill. 1847) : 1–34 ; no 8 (avril 1849) : 1–33 ; no 9 (mars 1851) : 1–28, 39–66.— L’Ami du peuple, de l’ordre et des lois (Montréal), 20 déc. 1837.— Mélanges religieux (Montréal), janv., août 1848.— [O. B. Corrigan], « Chronology of the Catholic hierarchy of the United States », Catholic Hist. Rev. (Washington), 1 (1915–1916) : 367–389.— C. H. Carey, A general history of Oregon prior to 1861 (2 vol., Portland, Oreg., 1935).— Richard Chabot, Le curé de campagne et la contestation locale au Québec (de 1791 aux troubles de 1837–38) : la querelle des écoles, l’affaire des fabriques et le problème des insurrections de 1837–38 (Montréal, 1975).— E. V. O’Hara, Pioneer Catholic history of Oregon (Portland, 1911).— Théophile Ortolan, Cent ans d’apostolat dans les deux hémisphères : les Oblats de Marie Immaculée durant le premier siècle de leur existence (4 vol., Paris, 1914–1932), II.— Sidney Warren, Farthest frontier ; the Pacific northwest (New York, 1949 ; réimpr., Port Washington, N.Y., 1910).

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Nive Voisine, « BLANCHET (Blanchette), AUGUSTIN-MAGLOIRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/blanchet_augustin_magloire_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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