BENOIST, ANTOINE-GABRIEL-FRANÇOIS, officier, né à Paris le 6 octobre 1715, fils de Gabriel Benoist et de Françoise de Trevet ; il épousa à Montréal le 11 novembre 1743 Marie-Louise, fille du capitaine Jacques Le Ber de Senneville ; décédé à Bourges, France, le 23 janvier 1776.
Antoine-Gabriel-François Benoist entra dans l’armée comme cadet en 1734 et quitta la France dès l’année suivante pour venir servir au Canada. Il participa en 1739 à la campagne lancée par Jean-Baptiste Le Moyne* de Bienville, gouverneur de la Louisiane, contre les Chicachas. Fait enseigne en second le 1er avril 1741, puis enseigne en pied le 1er avril 1745, Benoist servit, à l’été de 1747, en qualité d’aide-major sous les ordres de François-Pierre de Rigaud de Vaudreuil, au nord de la colonie de New York. Il séjourna ensuite au fort Saint-Frédéric (près de Crown Point, New York) et fut nommé en 1748 aide-major à Montréal. Promu lieutenant le 1er mai 1749, il fut envoyé en octobre de la même année en France pour y lever des recrues et reprit à son retour ses fonctions d’aide-major. En 1752, il reçut le commandement militaire du fort du Lac-des-Deux-Montagnes (Oka, Québec) mais fut relevé de son poste l’année suivante pour faire partie de l’expédition de Paul Marin* de La Malgue dans l’Ohio. En 1754, il fut affecté au commandement du fort de La Présentation (Oswegatchie ; aujourd’hui Ogdensburg, New York) et, en mars 1755, à celui du fort de la Presqu’île (Erie, Pennsylvanie), en remplacement d’Alexandre Dagneau Douville. Rappelé à Montréal au printemps de 1757, il fut promu au rang de capitaine et envoyé au fort Saint-Jean (Québec). Au mois d’août, il faisait partie de l’armée conduite par Montcalm* au siège du fort George (appelé aussi fort William Henry ; aujourd’hui Lake George, New York).
La chute du fort Frontenac (Kingston, Ontario) au mois d’août 1758 menaçait la sécurité de plusieurs postes français de la région, particulièrement le fort Niagara (près de Youngstown, New York). Il était donc souhaitable de réoccuper les lieux. Benoist, désigné commandant du fort Frontenac à l’automne de 1758, s’y rendit et tenta de rendre l’endroit plus sûr. Mais le fort était trop endommagé pour y faire vivre une garnison cet hiver-là. Benoist reçut donc l’ordre de se replier au fort de La Présentation et d’en prendre le commandement à la place de Claude-Nicolas de Lorimier* de La Rivière. La Présentation occupait à ce moment une position stratégique dans la défense de la colonie ; que l’on ait affecté Benoist à ce poste était certainement une marque de confiance, justifiée d’ailleurs par la réputation qu’il avait acquise au cours de ses années de service. Montcalm voyait en lui un « officier d’un vrai mérite » et un « homme intègre ». Bougainville* alla même jusqu’à dire qu’il était « le plus honnête homme de la colonie et [qu’il joignait] à la probité, des lumières, des vues et du zèle ». En novembre 1758, Benoist était installé dans ses nouvelles fonctions, s’occupant également du poste de Pointe-au-Baril (Maitland, Ontario) où l’on avait entrepris la construction de bateaux destinés à la défense et au transport sur le lac Ontario [V. Louis-Pierre Poulin* de Courval Cressé]. Comme Benoist craignait une attaque des Anglais au printemps suivant, le gouverneur Vaudreuil [Rigaud] envoya l’ingénieur militaire Pierre Pouchot* pour assumer provisoirement le commandement de ces deux postes et accélérer la construction des bateaux ; Pouchot s’embarqua pour le fort Niagara à la fin d’avril. Au cours de l’été de 1759, Benoist prit part à l’attaque menée par Louis de La Corne*, dit le chevalier de La Corne, à Chouaguen (ou Oswego ; aujourd’hui Oswego, New York), et fut blessé d’un coup de feu à la cuisse. C’est ainsi que s’acheva sa participation à la guerre de Sept Ans car il mit plus d’un an à guérir de sa blessure.
Retourné en France après la Conquête, Benoist fut créé chevalier de Saint-Louis au mois de mars 1761 et reçut une pension de 900#. Il revint chercher sa famille dans la colonie en 1763 et s’établit à Bourges. Les qualités dont il avait fait montre durant toutes ses années de service au Canada, et surtout son honnêteté, avaient été très appréciées de ses supérieurs. Au moment de l’Affaire du Canada, au début des années 1760, Benoist comparut au Châtelet et soumit devant la commission chargée de l’enquête un long rapport contenant ses réflexions sur le Canada. Le rédacteur de son dossier militaire nota à son sujet : « si sa probité le força de révéler des faits fâcheux et qui peut-être furent la base du jugement d’un procès fameux, ce ne fut au moins qu’après avoir rempli avec sa douceur et son honnêteté ordinaires les égards qui sont dus aux gens qui commencent à devenir à plaindre dès qu’ils sont malheureux ». Au moment de sa mort, l’intendant du Berry, Nicolas Dupré de Saint-Maur, rappelle au ministre « la conduite exemplaire que le s. de Benoist a tenue dans les différents emplois qu’il a remplis ». De concert avec l’archevêque de Bourges, Georges-Louis Phélipeaux d’Herbault, l’intendant recommande sa veuve, sans aucune fortune, à la bonté du roi qui lui accorda une pension de 600#.
AD, Cher (Bourges), État civil, Saint-Outrille-du-Château, 24 janv. 1776.— AN, Col., E, 26 (dossier Benoist).— APC, MG 18, K4.— Bougainville, Journal (A.-E. Gosselin), ANQ Rapport, 1923–1924, 254, 373.— Coll. des manuscrits de Lévis (Casgrain), I : 167s., 171 ; IV : 156 ; V : 143, 281, 292, 295, 303, 305, 308 ; VII : 134, 481, 484, 491, 500s., 509, 548, 568 ; XI : 218.— Mémoire du Canada, ANQ Rapport, 1924–1925, 143–145.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), X : 302, 953.— Papiers Contrecœur (Grenier), passim.— Royal Fort Frontenac (Preston et Lamontagne), 80, 468.— Æ. Fauteux, Les chevaliers de Saint-Louis, 188.— Le Jeune, Dictionnaire.— [François Daniel], Histoire des grandes familles françaises du Canada, ou aperçu sur le chevalier Benoist, et quelques familles contemporaines (Montréal, 1867).
Étienne Taillemite, « BENOIST, ANTOINE-GABRIEL-FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/benoist_antoine_gabriel_francois_4F.html.
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Auteur de l'article: | Étienne Taillemite |
Titre de l'article: | BENOIST, ANTOINE-GABRIEL-FRANÇOIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |