POULIN DE COURVAL CRESSÉ (Cressé de Courval), LOUIS-PIERRE, sous-constructeur aux chantiers navals du roi et seigneur, né le 8 avril 1728 à Québec, fils aîné de Claude Poulin de Courval Cressé, marchand et constructeur de bateaux, et de Marie-Anne Lefebvre, décédé à Trois-Rivières le 29 juin 1764.

Louis-Pierre Poulin de Courval Cressé suivit la tradition familiale car son père et son grand-père, Jean-Baptiste Poulin* de Courval, étaient tous deux constructeurs de vaisseaux en Nouvelle-France. Louis-Pierre, encore jeune, entra dans un des services de l’intendant Hocquart* à Québec. C’est là, en 1746, qu’il attira l’attention du chef des constructions (ou constructeur) des vaisseaux du roi, René-Nicolas Levasseur*, à qui on avait donné instruction de trouver un jeune Canadien de bonne famille qu’il pourrait former pour en faire son adjoint. Levasseur prit donc Cressé avec lui et, vers la fin de 1746, selon un rapport, il recevait les enseignements du professeur d’hydrographie, Joseph-Pierre de Bonnecamps*, et avait rapidement pris goût au dessin et au tracement de plans. Au cours de l’hiver, Cressé accompagna Levasseur dans sa recherche de bois de construction pour les navires et, en mars 1747, on le nomma aide-constructeur au traitement de 30# par mois. Par la suite, Levasseur devint le plus fidèle protecteur de Cressé en Nouvelle-France et il lui enseigna tout ce qu’il savait touchant la construction navale et l’organisation d’un chantier.

On reconnaissait, dès la fin de 1747, que Cressé, sous une certaine surveillance, était capable de diriger un chantier naval. Son traitement était à peine convenable et pendant plusieurs années son père dut y suppléer à même sa bourse. Levasseur persévéra dans ses tentatives en vue d’obtenir une augmentation de salaire pour son protégé ; cependant, Cressé, en 1754, ne touchait que 480ª par année, même s’il avait la direction de maîtres-charpentiers de bateaux qui recevaient, eux, 900ª.

A ce moment-là, les chantiers navals du roi étaient aux prises avec de sérieuses difficultés. Levasseur était d’avis que François Bigot* entravait leur progrès de façon délibérée, et à l’automne de 1753 il s’était rendu en France pour présenter personnellement ses doléances au ministre de la Marine, Rouillé. Cressé fut laissé en charge au moment où la quille de la frégate Abénaquise venait d’être mise sur le chantier. Cressé se vit accorder, le 25 septembre 1754, une des dernières seigneuries concédées sous le régime français, vraisemblablement grâce à l’influence de son père ; c’était la seigneurie de Courval, située au sud de Baie-du-Febvre (Baieville, Qué.) et jouxtant la seigneurie de Nicolet. Peu de temps après, le 7 janvier, Cressé épousa, à Québec, Charlotte-Louise, fille d’Eustache Lambert Dumont, fils, seigneur des Mille-Îles ; celle-ci lui donna trois enfants.

Cressé continua de s’occuper de construction navale. En juillet 1755, le ministère de la Marine décida de ne plus mettre d’autres bateaux en chantier au Canada tant que ceux qui étaient en cale sèche ne seraient pas terminés et envoyés en France pour y subir l’inspection ; cependant, le déclenchement des hostilités entre la France et l’Angleterre entraîna le besoin immédiat de petits bâtiments de guerre pouvant naviguer sur les lacs Champlain et Ontario. Au cours de l’hiver 1755–1756, Cressé fut envoyé avec un groupe d’ouvriers au fort Frontenac (Kingston, Ont.) où il commença la construction de deux bateaux, une goélette de 10 canons (probablement la Louise) et un vaisseau plus gros, soit le Hurault de 12 canons ou la Marquise de Vaudreuil de 16 canons. Les navires furent prêts au cours de l’été de 1756.

Nous sommes mal renseignés sur les activités ultérieures de Cressé. Le gouverneur Pierre de Rigaud* de Vaudreuil recommanda, en 1757, que Cressé et Levasseur soient envoyés en France pour continuer à s’y occuper de construction navale. Cependant, à la suite de la chute du fort Frontenac, en 1758, on envoya Cressé à la Pointe-au-Baril (Maitland, Ont.), près de La Présentation (Oswegatchie ; aujourd’hui Ogdensburg, N.Y.), où il mit en chantier deux ou trois corvettes en prévision de la campagne du lac Ontario, prévue pour 1759. Deux de ces bateaux étaient assez importants ; l’un d’eux, l’Outaouaise, avait une capacité de 160 tonneaux et était armé de 10 canons de 12 livres. Cressé resta à La Présentation toute l’année 1759 et, après la capitulation de Montréal en 1760, il regagna Trois-Rivières.

Cressé, qui était seigneur de Courval et héritier de Nicolet, puisque son père avait acquis cette seigneurie en entier en 1747, semble s’être fixé sur ses terres après la Conquête. En 1764, son père lui céda les droits banaux de la seigneurie de Nicolet à la condition qu’il y construise un moulin à farine ; en échange, Cressé devait verser un quart des revenus à son père. Les travaux de construction commencèrent, mais le 29 juin Louis-Pierre mourait à Trois-Rivières à l’âge de 36 ans. Sa femme alla probablement s’établir à Nicolet et acheva les travaux. C’est là, de toute façon, qu’elle éleva sa famille et construisit le manoir seigneurial. Pierre-Michel Cressé, fils de Louis-Pierre, hérita de son grand-père les deux-tiers de la seigneurie de Nicolet et il fut le premier seigneur à y résider en 100 ans.

James S. Pritchard

AN, Col., C11A, 85 ; 86 ; 89 ; 99 ; 100 ; 103.— Journal des campagnes au Canada de 1755 à 1760 par le comte de Maurès de Malartic [...], Gabriel de Maurès de Malartic et Paul Gaffarel, édit. (Dijon, 1890), 59.— Royal Fort Frontenac (Preston et Lamontagne).— P.-G. Roy, Inv. concessions, II : 239–241 ; III : 281 ; V : 85s.— J.-E. Bellemare, Histoire de Nicolet, 1669–1924 (Arthabaska, 1924), 117–132.— J.-N. Fauteux, Essai sur lindustrie, I : 272–274.— Mathieu, La construction navale, 15, 58, 80, 103.— P.-G. Roy, Le sous-constructeur Cressé, BRH, LII (1946) : 131–135.

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James S. Pritchard, « POULIN DE COURVAL CRESSÉ (Cressé de Courval), LOUIS-PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/poulin_de_courval_cresse_louis_pierre_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    1 décembre 2024