BELFORD, CHARLES, journaliste et éditeur, né à Cork, comté de Cork, Irlande, le 25 avril 1837, de parents irlandais protestants ; épousa Jennie Thomas à Toronto, le 11 novembre 1864 ; décédé à Ottawa le 19 décembre 1880.

Charles Belford arriva à Toronto avec ses deux plus jeunes frères, Alexander et Robert J., en 1857. Il avait acquis dans son pays natal une formation de dessinateur, mais une fois à Toronto il choisit de devenir journaliste et fit partie de la rédaction du Leader, le journal de son grand-oncle James Beaty*. En 1867, il remplaça Charles Lindsey* comme rédacteur en chef de ce journal dont la publication cessa vers la fin de 1871. Le parti conservateur venait de fonder à Toronto un journal aux prises de position plus franches, le Mail, et Belford, qui possédait un style vigoureux, en fut nommé rédacteur au mois de mars 1872. Ce journal était le porte-parole à Toronto de sir John A. Macdonald*, dont la carrière allait être bientôt assombrie, en 1873, par le scandale du Pacifique, mais à qui, malgré tout, Belford resta fidèle. En 1876, sans quitter la rédaction du Mail, il s’associa à ses deux frères et fonda la maison d’édition Belford Brothers. La reproduction, sans droit d’auteur et sous forme d’éditions à bon marché, d’ouvrages d’auteurs anglais et américains à la mode – Mark Twain en particulier – constituait l’essentiel de leur commerce.

La première loi canadienne de 1872 sur le droit d’auteur avait été rejetée, mais la loi de 1875 rendit légale la réimpression au Canada de tout livre américain qui ne tombait pas sous la loi impériale de 1842 sur le droit d’auteur – cette loi protégeait les éditions publiées d’abord dans les îles Britanniques, – ou d’un livre qui n’était pas enregistré au ministère de l’Agriculture à Ottawa dans les 30 jours qui suivaient sa publication aux États-Unis. L’entreprise des Belford respectait la loi mais en même temps exerçait une forme de représailles contre les éditeurs américains qui, sans avoir acquis les droits d’auteur, publiaient des auteurs anglais et nuisaient ainsi aux éditeurs canadiens en inondant le marché d’éditions à bas prix. Belford Brothers firent paraître, sans autorisation, des éditions de livres américains, publiés par mode de souscription et qui n’étaient pas conformes à la loi canadienne de 1875. Ils les vendaient au détail, par commandes postales, à des prix plus avantageux que ceux des éditions américaines. En agissant de la sorte ils rendirent aux éditeurs américains la monnaie de leur pièce et ces derniers, indignés, les accusèrent de malhonnêteté. L’exemple des frères Belford fut bientôt suivi par d’autres éditeurs canadiens.

La maison Belford publia de 1876 à 1878 et, pendant cette période, en plus de reproduire des livres sans autorisation, elle fit paraître une revue littéraire et artistique, le Belford’s Monthly Magazine, et quelques livres canadiens. Au nombre des auteurs publiés, on trouve Twain, William Dean Howells, Harriet Beecher Stowe, Anthony Trollope, May Agnes Fleming [Early], Jean Talon Lesperance* et George Monro Grant*. Livres pour enfants, brochures religieuses, ouvrages de référence, récits de voyages et d’aventures, biographies et autobiographies se succédaient rapidement

En 1878, Charles Belford se retira de la maison d’édition ; ses frères s’adjoignirent un nouvel associé, George MacLean Rose*, et réorganisèrent l’entreprise sous le nom de Rose-Belford Publishing Company. Mais, au cours de l’année, un nouveau changement se produisit : Alexander et Robert Belford se retirèrent à leur tour et formèrent avec James Clarke la maison d’édition Belfords, Clarke, and Company, dont le siège social était à Chicago. C’est là qu’Alexander épousa une des filles de Walter McNally, des éditions Rand McNally Company.

C’est la maladie qui força Charles à se dissocier de l’entreprise familiale et à abandonner son poste de rédacteur au Mail. Organisateur habile, conseiller très écouté du parti conservateur, il travailla jusqu’à la limite de ses forces pendant la campagne qui précéda les élections fédérales de 1878 et s’effondra le soir même de la victoire de son parti. Sa santé se rétablit suffisamment à l’automne de 1879 pour lui permettre d’accepter le poste de secrétaire du bureau fédéral des estimateurs. Il s’installa alors avec sa famille à Ottawa. Sa santé restait fragile cependant ; il mourut l’année suivante laissant sa femme, deux fils et quatre filles.

H. P. Gundy

Globe (Toronto), 22 déc. 1880.— Ottawa Citizen, 20 déc., 22 déc. 1880.— Dom. ann. reg., 1880–81, 392s.— H. P. Gundy, Book publishing and publishers in Canada before 1900 (Toronto, 1965).— Gordon Roper, Mark Twain and his Canadian publishers : a second look, Cahiers de la Société bibliographique du Canada (Toronto), V (1966) : 30–89.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

H. P. Gundy, « BELFORD, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/belford_charles_10F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:

Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/belford_charles_10F.html
Auteur de l'article:    H. P. Gundy
Titre de l'article:    BELFORD, CHARLES
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    28 novembre 2024