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BARRIE, sir ROBERT, officier de marine, né le 5 mai 1774 à St Augustine (Floride), unique enfant survivant du docteur Robert Barrie, de Sanquhar, Écosse, aide-chirurgien dans le 31st Foot, et de Dorothea (Dolly) Gardner ; le 24 octobre 1816, il épousa à Warrington (Cheshire, Angleterre) Julia Wharton Ingilby, fille de sir John Ingilby, et ils eurent un fils et quatre filles ; décédé le 7 juin 1841 dans son manoir de Swarthdale, Angleterre.
Devenue veuve en 1775, la mère de Robert Barrie quitta l’Amérique du Nord pour retourner dans sa famille à Preston, dans le Lancashire, en Angleterre, où elle épousa en 1784 un homme aisé, George Clayton, fabricant de textile. Le jeune Robert fréquenta d’abord une petite école de Neston, dans le Cheshire, puis une école de Dedham. Le 5 juin 1788, son oncle, le capitaine Alan Gardner, le fit entrer dans la marine royale. Passé à l’Amirauté, où il faisait partie de ceux qui préparaient l’expédition du capitaine George Vancouver* dans le Pacifique, Gardner affecta Barrie sur le Discovery en décembre 1790, à titre de midship. Le jeune Thomas Pitt, futur baron Camelford, qui devint le meilleur ami de Barrie, était aussi midship sur ce navire, mais Vancouver le congédia à Hawaï en 1794. Bien vu de son commandant, Barrie dirigea pendant un temps l’une des équipes qui explorèrent la côte nord de ce qui est maintenant la Colombie-Britannique. Dès le retour de l’expédition en Angleterre, en octobre 1795, il passa au grade de lieutenant. En 1800, il servit aux Antilles sous le commandement d’un ancien camarade de bord du Discovery, Thomas Manby ; il fut promu commander le 23 octobre 1801. Sept mois plus tard, soit pendant qu’il commandait le sloop Calypso, il accéda au grade de capitaine.
Barrie commanda, à compter de juin 1806, la frégate Pomone, d’abord au large des côtes françaises puis en Méditerranée. En juin 1809, il fit prisonnier le chevalier Charles de Boissi, aide-major général de France, puis, en octobre 1810, Lucien Bonaparte, frère de Napoléon Ier, qui tentait de fuir l’Italie pour gagner l’Amérique. Ce fut le 1er mai 1811 qu’il accomplit son plus remarquable exploit sur le Pomone. Avec deux autres navires placés sous son commandement, il pénétra dans le golfe de Sagone, en Corse, coula deux vaisseaux de guerre ainsi qu’un navire marchand armé et détruisit les fortifications qui les protégeaient. Plus tard dans l’année, Barrie eut pour mission de ramener en Angleterre l’ambassadeur britannique en Perse. Le Pomone fut coulé aux abords de Portsmouth, mais on exonéra Barrie de tout blâme.
En octobre 1812, Barrie devint capitaine du Dragon, à bord duquel il prit une part déterminante au blocus de la baie de Chesapeake, sur le littoral américain. Pendant les quelques mois où il la dirigea en qualité de commodore, l’escadre britannique saisit plus de 85 vaisseaux. En septembre 1814, Barrie participa à l’assaut lancé par les Britanniques dans la région du fleuve Penobscot (Maine) [V. sir John Coape Sherbrooke*]. Son rôle consista à commander une expédition conjointe qui prit Hampden puis y détruisit la frégate américaine Adams et deux autres bâtiments armés. Les forces britanniques incendièrent aussi une vingtaine d’autres navires et prirent possession de toutes les localités riveraines, de Hampden à Bangor. En racontant l’expédition à sa mère, Barrie écrivit : « Si nos ministres font preuve de jugement, on fera du Penobscot la frontière qui nous séparera des Yankees.»
Une fois la paix conclue, en 1815, on mit Barrie à la demi-solde. Peu après, il se maria et alla vivre en France. En janvier 1819, après des mois de négociations, il accepta le poste de commissaire du chantier naval de Kingston, dans le Haut-Canada, ce qui le plaçait à la tête de tous les officiers de marine du Haut et du Bas-Canada. Le commandement, que Barrie parvint à faire détacher de celui de Halifax, englobait le port de Québec et les voies navigables de l’intérieur des deux colonies. Le chantier naval de Kingston se trouvait à Point Frederick, là où s’élève maintenant le Collège militaire royal du Canada, et les Barrie y avaient une maison. En 1819 et 1820, Barrie fit construire un vaste entrepôt de trois étages, en pierre, afin d’abriter l’équipement de l’imposante flotte de réserve constituée en vertu de l’entente Rush-Bagot de 1817. Cette construction sert aujourd’hui de dortoir aux élèves officiers et porte le nom de Stone Frigate.
Étant donné les réductions progressives de l’effectif, Barrie devait, toujours à titre de commissaire, veiller à ce que les navires placés sous son commandement et leur gréement ne se détériorent pas. Il devait aussi s’assurer que certains parmi ces bâtiments puissent être affectés sans délai advenant une reprise des hostilités contre les États-Unis. Les plans prévus pour former les équipages de ces bateaux se modifièrent au fur et à mesure que les officiers et hommes de réserve réintégraient leurs foyers. Après la réduction de 1830, on décida de recourir seulement à l’ancien personnel de la marine qui s’était installé au Canada.
À titre d’officier le plus élevé en grade, Barrie s’occupa de divers aspects des affaires maritimes : commission internationale de la frontière, levé hydrographique du bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent [V. Henry Wolsey Bayfield*], construction des canaux Rideau et Welland [V. John By ; William Hamilton Merritt*], relations avec les États-Unis. Il était en très bons termes avec le gouverneur lord Dalhousie [Ramsay] et plus encore avec le gouverneur lord Aylmer [Whitworth-Aylmer], qu’il avait connu à la Jamaïque. À York (Toronto), sa femme et lui devinrent des amis intimes de sir Peregrine Maitland* et de lady Sarah Maitland, qui les accueillirent pour de longs séjours à leur maison d’été près des chutes du Niagara. En tablant sur cette relation, Barrie sonda sir George Cockburn, à l’Amirauté, quant à la possibilité d’obtenir un siège aux conseils exécutifs du Haut et du Bas-Canada, mais la réponse ne fut pas encourageante.
À la fin de 1825, l’Amirauté convoqua Barrie en Angleterre pour qu’il participe à des consultations sur l’effectif naval et les ouvrages de défense du Canada. Avant son retour à Kingston en 1827, il fut promu commodore de première classe. En juin 1834, on abolit l’effectif naval de l’intérieur des colonies, et Barrie rentra pour de bon en Angleterre. Dès son retour, Guillaume IV le fit chevalier, puis chevalier commandeur de l’ordre des Guelfes. Il fut promu contre-amiral en 1837 et devint chevalier commandeur de l’ordre du Bain en 1840.
Courageux en temps de guerre, déterminé en toutes occasions, sir Robert Barrie n’en était pas moins un homme chaleureux et généreux. Ses nombreuses lettres, conservées dans diverses bibliothèques, témoignent de ses qualités, de sa loyauté envers ses subordonnés, de son dévouement à sa famille et de l’exactitude de ses prévisions sur l’avenir du Canada et des États-Unis. Au Canada, plusieurs lieux perpétuent sa mémoire, dont Barrie Point et Barrie Reach, en Colombie-Britannique, le village de Barriefield près de Kingston, l’île Barrie sur le lac Huron et la ville ontarienne de Barrie. En 1833, sa femme nota que cette nouvelle localité lui semblait une retraite idéale mais, ajoutait-elle, son mari ne partageait « aucune de [ses] opinions ».
Outre diverses collections de documents maintenant déposés dans les dépôts d’archives mentionnés plus bas, nous avons utilisé plusieurs lettres et artefacts relatifs à sir Robert Barrie que nous ont fournis Kathleen Barrie, une arrière-petite-fille, sa sœur Mme Evelyn French, son cousin Rodney Barrie, et le capitaine R. L. B. Cunliffe, arrière-petit-fils de Frances Clayton Lyon, demi-sœur de Barrie. [t. l. b.]
Un portrait de sir Robert Barrie a été peint en 1967 par Cecil Jameson pour le collège militaire royal du Canada (Kingston, Ontario), à partir d’une miniature que possède Rodney Barrie, de Londres. Cette peinture est reproduite sur la couverture du Historic Kingston, no 23 (1975).
APC, MG 24, F66 ; RG 8, III, 24–51, 72.— Collège militaire royal du Canada, Special Coll. Division, Acc. 1032748 (transcriptions des lettres de Barrie avec une biographie et des notes de T. L. Brock, copie dactylographiée, Montréal, 1967) ; Acc. 1136880 (lettres de Barrie).— College of Arms (Londres), Barrie genealogy.— Duke Univ. Library (Durham, N.C.), ms Dept., Sir Robert Barrie papers.— Lancashire Record Office (Preston, Angl.), DDX 510/1–38 (Dolly [Gardner Barrie] Clayton, diaries, 1777, 1783, 1798, 1801–1833 à l’exception de 1812).— NLS, Dept. of
Thomas L. Brock, « BARRIE, sir ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/barrie_robert_7F.html.
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Auteur de l'article: | Thomas L. Brock |
Titre de l'article: | BARRIE, sir ROBERT |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |