AULD, WILLIAM, chirurgien, trafiquant de fourrures et juge de paix, né vers 1770, peut-être à Édimbourg ; décédé après novembre 1830, probablement à Leith, Écosse, ou à Édimbourg.

William Auld étudia peut-être la médecine à l’University of Edinburgh de 1785 à 1788, sans toutefois obtenir de diplôme. Le 27 mai 1790, à Londres, il signa avec la Hudson’s Bay Company un contrat d’embauche comme chirurgien puis s’embarqua pour le fort Churchill (Churchill, Manitoba). Deux ans plus tard, l’agent principal Thomas Stayner disait de lui qu’il était « non seulement compétent dans sa profession mais industrieux, sobre et de nature aimable ». Comme d’autres chirurgiens employés par la Hudson’s Bay Company, il avait probablement plus d’occasions de participer à la traite des fourrures que d’appliquer ses connaissances médicales. Sa nomination comme second au fort Churchill, en mai 1793, témoigne d’ailleurs de sa contribution comme trafiquant de fourrures. En 1795, au terme de son premier contrat, le comité de Londres de la Hudson’s Bay Company le rappela en Angleterre, et il fut ensuite réembauché comme second, nommé « trafiquant de l’intérieur des terres » et affecté au fort Churchill.

La pénurie de personnel et de marchandises de traite empêchait les trafiquants comme Auld d’organiser une opposition efficace contre la North West Company, surtout dans la région de l’Athabasca. En 1797, pendant que Stayner était en discussion avec la compagnie à Londres, Auld le remplaça. Lorsque Stayner revint l’année suivante, les deux hommes allèrent voir John Ballenden, agent principal d’York Factory (Manitoba), dans l’espoir de mettre fin à la concurrence que les deux postes de traite se livraient pour étendre leurs activités à l’intérieur des terres. Mais leur tentative fut vaine. En effet, Auld se rendit au cours de l’été de 1799 dans l’arrière-pays pour établir de nouveaux postes de traite selon les instructions reçues. Laissant William Linklater construire celui d’Ile-à-la-Crosse (Saskatchewan), il remonta la rivière Castor (rivière Beaver) pour établir un autre poste au lac Green. Sur son chemin, il rencontra Peter Fidler, arpenteur de la Hudson’s Bay Company, qui avait reçu des ordres semblables d’York Factory, et il insista pour que ce dernier remonte la rivière Castor et fixe son poste au lac la Biche (Alberta). Sachant combien il était important d’obtenir des vivres de la région de la Saskatchewan pour que les hommes de la Hudson’s Bay Company puissent pénétrer dans la région de l’Athabasca, Auld se rendit jusqu’à Edmonton House (près du fort Saskatchewan, Alberta) où il arriva en janvier 1800, pour consulter James Bird*. Il rentra au fort Churchill dès l’été suivant et y fut promu agent principal et chirurgien en mai 1802.

Blessé lors d’une chute, Auld se rendit en Angleterre en 1804 mais retourna au fort Churchill dès l’année suivante. Encore frustré dans ses tentatives pour contrer les Nor’Westers, il laissa la responsabilité du fort à Thomas Topping et dirigea une expédition qui comprenait notamment Fidler. Le groupe passa ainsi l’hiver de 1808–1809 à Clapham House, sur le lac du Caribou (lac Reindeer), où il se heurta à l’opposition déterminée de Robert Henry*, de la North West Company. Convaincu que des mesures plus énergiques et résolues réussiraient, Auld se rendit à Londres en 1809 pour persuader le comité de la Hudson’s Bay Company d’adopter son point de vue et pour faire des représentations auprès du gouvernement britannique. Malheureusement, sa proposition se perdit dans le « programme de compression » adopté en 1810 par le comité, dont la composition s’était substantiellement modifiée depuis que le comte de Selkirk [Douglas*] et son beau-frère, Andrew Wedderburn, avaient commencé à intervenir dans les affaires de la compagnie. Ce nouveau programme prônait la réduction des dépenses, la création d’un plan de partage des bénéfices et la réorganisation de la traite des fourrures en deux départements, celui du Nord et celui du Sud. Auld retourna dans Rupert’s Land nanti du titre de surintendant du département du Nord, qui comprenait les postes d’ York Factory et du fort Churchill ainsi que les districts de la Saskatchewan et de Winnipeg. Il partagerait son temps entre York Factory et le fort Churchill. Le 28 novembre 1811, il fut nommé juge de paix du territoire indien.

Les dernières années qu’Auld passa au service de la Hudson’s Bay Company montrent son incapacité à s’adapter à la gestion « moderne » pour laquelle le comité avait opté. En plus d’appliquer le programme de compression adopté par le comité de Londres, il devait faire face à l’opposition que manifestèrent certains employés de longue date. Il y eut toute une série de protestations, dont la mutinerie de Brandon House (Manitoba) en février 1811 fut la plus importante. Les problèmes découlant de l’arrivée des premiers colons dans la colonie de la Rivière-Rouge, à la création de laquelle il s’était vigoureusement opposé, lui compliquaient aussi la tâche. Auld avait de plus en plus l’impression que les mesures et directives des membres du comité reflétaient leur ignorance du contexte et ne faisaient aucun cas de l’avis des fonctionnaires qui, comme lui, connaissaient bien la situation et avaient de l’expérience. L’« ingérence » du comité l’empêchait d’ébranler l’hégémonie de la North West Company.

On ne saurait décrire le style d’administration qui caractérisait Auld sans évoquer des traits particuliers aux Nor’Westers. Comme eux, il était énergique, résolu, quelque peu impulsif ; à ses yeux comme aux leurs, l’initiative individuelle valait mieux que les structures solides et les systèmes efficaces quand il s’agissait d’atteindre un objectif. Les problèmes découlant de l’opposition des employés mécontents et de la venue des colons de Selkirk accentuèrent les différences entre le nouveau style de gestion centralisée du comité et l’individualisme traditionnel dont Auld faisait preuve. Chacune des parties était déçue de l’autre et personne ne fut surpris quand le comité accepta la démission d’Auld le 9 avril 1814. Cependant, la valeur de sa longue expérience fut reconnue : à son retour à Londres à l’automne de 1814, la compagnie requit ses services dans cette ville pour une autre année. Apparemment, Auld exprima par écrit son sentiment de frustration à l’égard du comité de telle manière qu’une séparation des plus amères eut lieu en décembre 1815. Il semble qu’il se retira à Leith.

On sait peu de chose de la femme ou des femmes que William Auld avait « épousé[es] à la façon du pays ». Il eut peut-être cinq enfants. Robert, Jane et Mary apparaissent dans les registres paroissiaux de la mission anglicane de la colonie de la Rivière-Rouge. William et Wilberforce ont été identifiés comme ses fils, partis pour l’Angleterre en 1820. La dernière lettre que la compagnie lui fit parvenir était adressée aux soins d’un résident d’Édimbourg et datait de novembre 1830.

John E. Foster

APC, MG 24, L3, 15 ; no 7217 : 8980–8982 ; no 7218 : 9003–9007 ; MG 25, G62.— Edinburgh Univ. Library, Special Coll. Dept., medical matriculation records, 1785–1788.— PAM, HBCA, A.5/9 : 193 ; A.11/118 ; A.30/10 ; MG 7, B7, marriages, nos 65, 292.— HBRS, 2 (Rich et Fleming) ; 26 (Johnson).— La Gazette de Québec, 19 déc. 1811.— Rich, Hist. of HBC (1958–1959), 2.

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John E. Foster, « AULD, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/auld_william_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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