ANTROBUS, EDMUND WILLIAM ROMER, officier, fonctionnaire et juge de paix, né le 16 janvier 1795 à Berthier-en-Haut (Berthierville, Québec), fils de John Antrobus*, marchand, et de Catherine Betsey Isabella Cuthbert, fille du seigneur de Berthier, James Cuthbert* ; le 1er juin 1830, il épousa à Québec Catharine Esther Brehaut, fille du marchand Pierre Brehaut*, et ils eurent 13 enfants dont 12 atteignirent l’âge adulte ; décédé le 31 octobre 1852 à Québec.

Issu de familles éminentes, aussi bien du côté maternel que du côté paternel, Edmund William Romer Antrobus fut élevé dans un milieu rigide et religieux, et demeura toute sa vie un fidèle adhérent de l’Église d’Angleterre. À 17 ans, alors qu’il étudiait le droit au bureau du procureur général par intérim, Edward Bowen*, il décida de suivre les traces de son frère et de son oncle en choisissant la carrière militaire. Le colonel George Robertson, qui avait épousé la sœur de la mère d’Antrobus, était commandant des Canadian Fencibles, et, peu avant le début de la guerre de 1812, le 4 avril, Antrobus s’y enrôla comme volontaire. Il fut promu enseigne le 2 septembre 1812 et lieutenant le 14 novembre 1813.

On rapporte qu’Antrobus se distingua au cours de divers engagements dans le Haut-Canada, ce qui lui valut d’être décoré d’une médaille militaire peu avant de participer à sa bataille la plus mémorable. Le 30 mars 1814, 4 000 soldats américains tentèrent une attaque importante pour atteindre Montréal. Les 200 hommes du petit poste britannique de la rivière Lacolle, sous le commandement du major Richard Butler Handcock du 13e d’infanterie, ainsi que les 300 autres soldats placés à sept milles de là, mirent fin à cette tentative d’invasion. Antrobus se trouva au cœur de la mêlée et la joie que lui causa cette victoire fut encore plus grande lorsqu’on l’invita à faire partie du 13e d’infanterie. Le 24 août 1815, il se joignit à sa nouvelle unité et il servit outre-mer, en Espagne et au Portugal, vraisemblablement dans des opérations de nettoyage après la guerre d’Espagne. Il fut mis à la demi-solde en 1817 et il le resta jusqu’en 1829. Il fit faire son portrait en miniature en Angleterre, apparemment par l’artiste sir Thomas Lawrence.

Antrobus revint probablement à Québec en 1818. Le 6 juillet 1819, il fut nommé adjoint de son père, le grand voyer du district de Trois-Rivières, et, le 28 janvier de l’année suivante, il lui succéda. En 1821, il devint juge de paix. Trois ans plus tard, il se présenta dans la circonscription de Saint-Maurice, mais il subit une humiliante défaite aux mains de Charles Caron et de Pierre Bureau*. À la mort de Thomas-Pierre-Joseph Taschereau*, on demanda à Antrobus de succéder à ce dernier comme grand voyer du district de Québec. Il fut nommé officiellement à ce poste le 11 novembre 1826.

En 1824, le gouverneur en chef, lord Dalhousie [Ramsay*], avait fondé la Société littéraire et historique de Québec, et Antrobus figurait parmi les membres fondateurs. L’année suivante, en compagnie de Mathew Bell* et de Pierre-Joseph Godefroy de Tonnancour, Antrobus avait présenté une adresse à Dalhousie lui souhaitant la bienvenue à Trois-Rivières. En 1827, le gouverneur en chef fit ériger un monument pour commémorer la mémoire de James Wolfe* et de Louis-Joseph de Montcalm* ; le nom d’Antrobus apparaît sur la liste des donateurs. Il est donc probable que Dalhousie connaissait assez bien Antrobus lorsqu’en 1828 il l’invita à devenir son aide de camp supplémentaire. Antrobus succéda au premier aide de camp provincial, Jean-Baptiste Juchereau* Duchesnay, après le décès soudain de celui-ci, le 12 janvier 1833. C’est ainsi qu’il fut de service auprès du gouverneur en chef, lord Aylmer [Whitworth-Aylmer*].

Le 26 février 1836, en guise de protestation contre le cumul des postes au gouvernement, la chambre d’Assemblée prit la décision suivante : « le cumul, dans la même personne, des charges de Grand Voyer du district de Québec, et d’Aide-de-Camp Provincial, est contraire au bien public, et incompatible avec l’accomplissement fidèle et efficace des devoirs attachés aux dites charges ». Cependant, Antrobus continua à exercer les fonctions de grand voyer jusqu’à la suppression de ce poste en 1841, ainsi que celles d’aide de camp jusqu’à sa mort en 1852. À la suggestion du colonel Charles Stephen Gore*, le comte de Gosford [Acheson*], gouverneur en chef, nomma Antrobus adjudant général adjoint de la milice du Bas-Canada, le 14 décembre 1837.

Antrobus était avant tout un militaire. Au cours de la seconde moitié de sa vie, à l’époque où la milice britannique était respectée par le peuple, il était fier d’appartenir au 71e d’infanterie. Ses collègues officiers eurent toujours des relations de camaraderie avec lui et ils se sentaient bien chez lui.

Antrobus s’attacha souvent au gouverneur en chef qu’il servait à titre d’aide de camp. Son journal personnel montre toute l’émotion que suscitait la fin du mandat d’un gouverneur, plus particulièrement dans le cas de sir Charles Theophilus Metcalfe* qui était gravement malade. La seule fois probablement qu’Antrobus eut à défendre un gouverneur fut le 25 avril 1849, lorsque lord Elgin [Bruce*] signa, dans l’édifice du Parlement à Montréal, le projet de loi pour l’indemnisation des pertes subies pendant la rébellion. Quand le gouverneur quitta le Parlement dans un landeau découvert, des tories furieux lui lancèrent des neufs pourris et des pierres, mais en dépit des efforts de son aide de camp pour le protéger, Elgin fut atteint par des projectiles, de même qu’Antrobus.

Pendant toutes ces années où Antrobus fut mêlé à la vie des gouverneurs et à celle de leurs familiers, il eut fréquemment l’occasion de dîner avec de petits groupes à la résidence du gouverneur ou d’organiser des réceptions officielles réunissant quelque 500 convives qu’il présentait à tour de rôle à Leurs Excellences. C’est ainsi qu’il fit la connaissance d’un grand nombre de membres de l’élite (catalogués d’une manière vivante dans son journal) aux sièges successifs du gouvernement, c’est-à-dire à Québec, Kingston, Montréal, Toronto et de nouveau à Québec. Souvent, il préférait dîner chez lui avec sa famille et ses amis. Sa sollicitude pour ses enfants transparaît dans le passage suivant tiré de son journal et daté du 7 décembre 1845 : « Au lit à minuit, n’ai cessé de surveiller les enfants qui ont toussé énormément [huit d’entre eux ont la coqueluche] jusqu’à six heures du matin quand j’ai fait un somme d’une heure. » La dernière mention du journal indique que l’aide de camp passa la soirée à jouer au whist avec lord Elgin, et Antrobus termine en disant : « Je me sens très malade. » Cinq heures plus tard, le choléra l’emportait.

Lord Elgin recommanda à l’Assemblée législative que soit accordée à la veuve de son fidèle aide de camp, qui avait la charge de 12 enfants, une pension à vie n’excédant pas £200 par année. Après des débats animés, la motion fut modifiée de façon à prévoir le paiement d’une allocation annuelle.

L’auteure Charlotte Holt Macpherson se souvient d’Edmund William Romer Antrobus comme de l’un des personnages éminents de Québec et comme « précisément celui que la situation exigeait, un homme de belle mine, digne, débordant de bonhomie et aimé de tous ».

Virginia Ryerson Whitelaw

ANQ-Q, CE1–61, 1er juin 1830, 1er nov. 1852.— APC, MG 24, F50 ; MG 30, D1, 2 : 345 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 352, 361, 364, 367, 373, 518.— Arch. privées, W. G. Antrobus (Downsview [Toronto], Ontario), Renseignements généal. ; Doris Hart et Valerie Maxwell (New Milford, N.J.), Journal d’E. W. R. Antrobus, 1832–1834 ; Lucienne Minguy (Québec), Renseignements généal.— PRO, WO 17/1519 : 163, 178, 193, 211, 217.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1836 : 525.— Debates of the Legislative Assembly of United Canada (Abbott Gibbs et al.),11 : 1420–1423.— Quebec Gazette, 8 juill. 1819, 27 oct. 1825, 27 déc. 1837, 3 nov. 1852.— G.-B., WO, Army list, 1813 ; 1815–1816 ; 1818 ; 1830.— Officers of British forces in Canada (Irving).— P.-G. Roy, Fils de Québec, 3 : 73–75.— [C. H. Gethings] e Daniel Macpherson, Reminiscences of old Quebec (Montréal, 1890).— « Edmund-William-Romer Antrobus », BRH, 12 (1906) 78–80.— « La Famille Antrobus », BRH, 41 (1935) 506–508.— P.-G. Roy, « les Grands Voyers de la Nouvelle-France et leurs successeurs », Cahiers des Dix, 8 (1943) : 181–233.— « Valuable miniature donated to Chateau », Gazette (Montréal), 19 janv. 1938 : 13.

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Virginia Ryerson Whitelaw, « ANTROBUS, EDMUND WILLIAM ROMER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/antrobus_edmund_william_romer_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    28 novembre 2024