ANGO DES MAIZERETS, LOUIS, prêtre, vicaire général et chanoine de Québec, supérieur du séminaire, né en Normandie en janvier 1636, décédé à Québec le 23 avril 1721.
On ne connaît pas le nom de ses parents ; mais il était l’aîné d’une famille de noblesse normande qui possédait un château à Argentan et jouissait d’une certaine aisance puisqu’elle lui réserva une rente annuelle de 1 200# lorsqu’il renonça à son patrimoine. Cette rente lui fut versée jusqu’à sa mort par ses neveux dont Maître Ango de La Mothe, avocat au parlement de Rouen et seigneur de Montgomery.
Louis Ango étudia chez les Jésuites de La Flèche, puis à Paris où il rencontra François de Laval, futur évêque de Québec, qui devint son confrère tant dans la congrégation fondée par le père Bagot que dans l’association secrète dite des Bons Amis. Il s’unit aussi, en 1653, à l’Ermitage de Caen, école de spiritualité dirigée par l’apôtre laïc Jean de Bernières de Louvigny. Le départ de Mgr de Laval pour la Nouvelle-France, en 1659, détermina l’orientation de sa vie. Il entra dans les ordres et reçut le sacerdoce à Paris le 29 septembre 1662. Cet automne, Mgr de Laval repassait en France où, dans le but de consolider l’Église du Canada, il fondait, par une ordonnance du 26 mars 1663, le séminaire de Québec destiné à recruter et à grouper le clergé de la colonie.
L’abbé Louis Ango fit partie de la première recrue destinée au séminaire de Québec. Mgr de Laval, l’abbé Hugues Pommier*, le père Pierre Raffeix, jésuite, et lui-même, s’embarquèrent en mai 1663 pour le Canada. Après une traversée de près de quatre mois durant laquelle Des Maizerets faillit périr du scorbut, ils débarquèrent à Québec le 15 septembre et occupèrent un presbytère-évêché nouvellement construit qui devint le berceau du séminaire. Les autres prêtres fondateurs étaient Henri de Bernières*, premier supérieur, Jean Dudouyt* et Thomas Morel*. Cinq grands séminaristes, trois venant de France et deux du Canada, et quelques domestiques dont Denis Roberge, serviteur de Mgr de Laval, formaient un personnel assez imposant pour ce séminaire. Les prêtres s’occupèrent autant du ministère paroissial que de la formation des clercs. Pour marquer cette double vocation, Mgr de Laval, en érigeant la première paroisse de Québec en 1664, l’unit canoniquement au séminaire.
D’après ses contemporains, l’abbé Ango Des Maizerets avait peu d’apparence ; il était faible de voix et de santé, mais d’éminentes qualités compensaient ces faiblesses. De fait, il lui arriva de cumuler plusieurs fonctions. Il fut le second supérieur du séminaire, charge qu’il occupa alternativement avec Bernières durant 31 ans, au cours des années 1672–1673, 1683–1685, 1688–1693 et 1698–1721. Quand il n’était pas supérieur, il remplissait la fonction de premier assistant et, par intervalles, celle de procureur ; on le vit aussi exercer occasionnellement son ministère comme curé à l’Ange-Gardien et à la cathédrale.
En 1668, Mgr de Laval lui confia, dès le début, la direction du petit séminaire. On gardait là en pension des candidats à la prêtrise qui étudiaient au collège des Jésuites, à l’emplacement actuel de l’Hôtel de Ville. Mais leur formation morale incombait au séminaire, qui s’était vu contraint de leur adjoindre un groupe de jeunes Hurons pour tenter de les « franciser ». C’est l’abbé Des Maizerets qui, sous l’inspiration de Mgr de Laval, avait rédigé les premiers règlements de l’institution et qui la dirigea une bonne partie de sa vie.
Quand le chapitre de Québec fut institué, en 1684, il en fut un des premiers chanoines, étant d’abord archidiacre et, plus tard, grand chantre. Il eut à plusieurs reprises la direction spirituelle des sœurs de l’Hôtel-Dieu ou de l’Hôpital Général et Mgr de Laval en fit même son vicaire général. Il conserva ce titre sous l’évêque successeur, bien que l’arbitraire de Mgr de Saint-Vallier [La Croix] ait fait subir en 1693 à ce digne prêtre l’interdit de toute fonction diocésaine. Avec ses collègues du séminaire et du chapitre, Henri de Bernières et Charles de Glandelet, il avait eu l’imprudence d’en appeler au Conseil souverain d’une décision de l’évêque en matière disciplinaire, comme les y autorisait le droit ecclésiastique du temps. Leur châtiment commun dura plusieurs mois, au grand chagrin de toute la population. Mgr de Saint-Vallier revint à de meilleurs sentiments et Des Maizerets et Glandelet, deux de ses anciennes victimes, furent les premiers à solliciter son retour en 1711 quand la cour songea à. le retenir en France.
Comme supérieur du séminaire, Des Maizerets eut aussi à surmonter de lourdes pertes matérielles occasionnées à l’institution par le siège de Phips* en 1690 et par les deux grands incendies de 1701 et de 1705. Encouragé par Mgr de Laval, à chaque coup il releva le séminaire de ses ruines.
Des Maizerets célébra son jubilé d’or sacerdotal le 29 septembre 1712. Sa santé commençait à donner de sérieuses inquiétudes. En 1721, la paralysie le terrassa, et c’est dans son lit qu’il dicta son testament, le 10 avril, sans pouvoir le signer. Il n’avait plus qu’à verser au séminaire les arrérages de sa rente viagère qu’il avait d’ailleurs toujours fidèlement déposée à la caisse commune. Sa dernière maladie ne dura que 15 jours. Après sa mort, le procureur du séminaire, Jean-Baptiste Gaultier de Varennes, écrivit son éloge au livre des comptes : « le 23e du mois d’Avril, 1721, Mr. Louis Ango des Maizerets, [...] Supérieur et un des fondateurs du séminaire de Québec, qu’il a gouverné en cette qualité près de quarante ans avec édification, et au grand contentement de tout le monde, est décédé, muni des sacrements de l’Église [...] Tout le Canada lui a des obligations pour l’éducation de la jeunesse, à quoi il a été appliqué pendant près de cinquante ans [...] ».
On conserve quelques écrits de l’abbé Louis Ango Des Maizerets : le récit de la bénédiction du nouveau petit séminaire en 1677, les plus anciens règlements et décisions du conseil de la maison et les « raisons pour et contre l’union du Séminaire de Saint-Sulpice au Séminaire des Missions Étrangères », union que Mgr de Laval, avant sa démission, avait envisagée pour une meilleure entente à l’intérieur de l’Église canadienne.
Pour de plus amples renseignements sur le milieu où vécut Ango Des Maizerets, on peut lire les biographies d’Henri de Bernières*, au tome I du DBC, et de François de Laval dans celui-ci.— ASQ, Chapitre, 6, 10, 19, 21, 31 ; Lettres, M, 7, 8 ; Lettres, N, 87 ; mss, 239 ; Séminaire, I : 15 ; II : 40 ; V : 15 ; VI : 52c ; LXXXV : 5 ; XCV : 4, 13, 24, 39, 42.— Louis Bertrand de Latour, Mémoire sur la vie de M. de Laval, premier évêque de Québec (Cologne, 1761), 3, 6, 32, 34, 107, 153.— L’Abeille, 4 janv. 1849 ; 7 mars 1850.— P.-É. Gosselin, Mémoire sur l’abbé Louis Ango de Maizerets, RSCHEC, 1942–43 : 39–45.— Gosselin, Vie de Mgr de Laval, I : 379, 557 ; II : 233s.— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIIe siècle, I : 95s.
Honorius Provost, « ANGO DES MAIZERETS, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ango_des_maizerets_louis_2F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |