Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3191900
ANDRÉ, ALEXIS, prêtre, oblat de Marie-Immaculée et missionnaire, né le 6 juillet 1832 à Kergompez, près de Guipavas, France, fils de Gouesnou André et d’Annette Guevel ; décédé le 10 janvier 1893 à Calgary (Alberta).
Alexis André étudia d’abord au petit séminaire de Pont-Croix d’octobre 1851 à août 1856, puis il fréquenta le grand séminaire de Quimper. Le 15 février 1859, il entra au noviciat oblat de Nancy et, un an plus tard, il prononçait ses vœux perpétuels. Ordonné prêtre le 14 juillet 1861, il fut tout de suite envoyé aux missions de la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) et du territoire du Dakota.
Après un bref séjour à Saint-Boniface, le père André fut affecté à la mission Saint-Joseph de Pembina (Dakota du Nord) où, à titre de délégué officiel de l’armée américaine, il participa à une tentative infructueuse pour réprimer un soulèvement sioux [V. Tatanka-najin*].
Nommé à la paroisse Saint-Charles (Manitoba) en 1864, André fut affecté l’année suivante à l’établissement métis de Saint-Albert (Edmonton) et on le chargea de Saint-Paul-des-Cris, à Brosseau. En 1868, la mission Saint-Joseph de Carlton House (près de Batoche, Saskatchewan) fut rattachée à Saint-Paul-des-Cris. André se rendait fréquemment à Carlton House, où sa grande énergie lui valut de susciter l’esprit chrétien chez les Métis. Il décida de fonder en 1871 une mission distincte avec un groupe de Métis qui souhaitaient s’établir à proximité du poste de traite. L’année suivante, il ouvrit une résidence tout près, à Saint-Laurent (St-Laurent-Grandin). L’évêque Vital-Justin Grandin* se rendit sur les lieux au printemps de 1873 et approuva son projet. En 1876, André célébra la première messe à Prince Albert (Saskatchewan). Cette année-là, il entreprit la construction d’une chapelle au lac aux Canards (lac Duck), après quoi il partit pour Battleford. Il fonda la mission Notre-Dame-du-Sacré-Cœur au lac Sandy, où les Cris étaient nombreux, puis en 1879 la mission Saint-Georges à Prince Albert. Il y demeura jusqu’à ce que le père Valentin Végreville le remplace en 1881, pour y revenir en octobre 1882.
Le père André passa la plus grande partie de ses années de sacerdoce auprès des populations métisses dispersées dans l’Ouest, et il se fit à l’occasion leur porte-parole auprès des autorités gouvernementales. Sur son conseil, les Métis de Saint-Laurent formèrent un gouvernement provisoire le 10 décembre 1873 et adoptèrent des lois et des règlements concernant, entre autres choses, la chasse, la protection de la propriété et des personnes et l’observance du repos dominical ; ils avaient également élu un président, Gabriel Dumont*, et huit conseillers, pour un mandat d’un an.
Homme vigoureux et robuste, André avait son franc-parler et il sut, en certaines occasions, se servir de son physique râblé pour ramener ses paroissiens à l’ordre. Il accompagnait souvent les Indiens et les Métis à la chasse au bison et prit part à l’une de leurs dernières expéditions, en 1878. Trois ans plus tôt, avec le commissaire de la Police à cheval du Nord-Ouest, George Arthur French*, il avait pressé le gouvernement fédéral de resserrer sa surveillance sur ces chasses afin d’empêcher l’extermination du bison.
En juin 1881, André soumit une pétition au lieutenant-gouverneur David Laird* et au Conseil des Territoires du Nord-Ouest pour exposer les problèmes que soulevait l’enregistrement des concessions de terre aux Métis. Deux ans plus tard, il en présenta une autre dans laquelle il décriait le fait qu’on utilise deux méthodes différentes pour arpenter les terres dans le Nord-Ouest : on avait conçu Prince-Albert, selon la tradition métisse, en longues bandes qui finissaient par un terrain étroit en bordure d’un cours d’eau, alors qu’on avait découpé Saint-Laurent en cantons carrés que les Métis refusaient de reconnaître.
Comme plusieurs questions, dont celle du territoire, n’étaient pas réglées en 1884, les Métis et d’autres colons conclurent qu’ils avaient besoin d’un chef pour faire valoir leurs revendications auprès du gouvernement du Canada. Malgré les réserves exprimées par le clergé catholique, on invita Louis Riel* à revenir dans le Nord-Ouest. D’abord impressionné par l’attitude pacifique du leader métis, André demeurait quand même inquiet de l’agitation croissante qui gagnait la population. En septembre, les Métis accusèrent l’Église de ne pas défendre leur cause et André d’être à la solde du gouvernement. Les discussions furent parfois amères, et le clergé, dont André, pressa le gouvernement de renvoyer Riel.
Les Métis admettaient de plus en plus mal que le gouvernement ne réponde pas à leurs requêtes. Au mois de février 1885, André en informa le lieutenant-gouverneur Edgar Dewdney* et lui dit craindre un accès de violence. Le 2 mars, Riel demanda à André d’appuyer la formation d’un gouvernement provisoire ; André refusa et les deux hommes se disputèrent. Le combat qui eut lieu le 26 mars au lac aux Canards entre la Police à cheval du Nord-Ouest et les Métis annonça l’éclatement de la rébellion. Dans son journal, André décrivit la grande confusion qui régnait à Prince Albert après cette première victoire métisse, mais il ne fut lié en rien aux événements qui allaient suivre.
On demanda à André de s’occuper de Riel après son procès et de le préparer pour son exécution. Cette relation étroite le fit changer d’avis sur le chef métis. Celui-ci avait rétracté ses déclarations contraires à la doctrine catholique, mais il soutenait toujours que sa mission était d’inspiration divine. Le prêtre passa de longues heures à converser avec Riel et fut impressionné par la sincérité de ce dernier, mais convaincu de sa folie. Malgré l’état de grande tension nerveuse dans lequel le mettaient ses fonctions, André resta à Regina avec Riel, à la demande de l’évêque de Saint-Boniface, Alexandre-Antonin Taché. Sa tâche prit fin le 16 novembre, jour de la pendaison de Riel.
En 1887, on nomma Alexis André à la mission de Calgary, où il fut membre du conseil épiscopal du diocèse de Saint-Albert et adjoint du père Hippolyte Leduc. En 1892, sa santé devint chancelante et, le 1er janvier 1893, il célébra la messe pour la dernière fois. Il mourut neuf jours plus tard et on l’inhuma à Calgary. Ses restes furent transférés par la suite au cimetière des oblats, à Saint-Albert.
AD, Finistère (Quimper), État civil, Kergompez, 7 juill. 1832.— AN, MG 27, I, J7.— Calgary Herald, 11 janv. 1893.— Gaston Carrière, Dictionnaire biographique des oblats de Marie-Immaculée au Canada (3 vol., Ottawa, 1976–1979), 1 : 26–27.— [J.-P.-A.] Benoît, Vie de Mgr Taché, archevêque de St-Boniface (2 vol., Montréal, 1904), 1.— Jules Le Chevallier, Batoche : les missionnaires du Nord-Ouest pendant les troubles de 1885 (Montréal, 1941) ; Saint-Laurent de Grandin : une mission et un pélérinage dans le nord-ouest de l’Amérique (Vannes, France, 1930).— Stanley, Birth of western Canada ; Louis Riel.— L. H. Thomas, The struggle for responsable government in the North-West Territories, 1870–97 (Toronto, 1956).— M. B. Venini Byrne, From the buffalo to the cross ; a history of the Roman Catholic diocese of Calgary (Calgary, 1973).— Robrecht Boudens, « la Mission conciliatrice du P. Alexis André auprès des Sioux, 1863–1865 », Études oblates (Ottawa), 18 (1959) : 404–414.— Gaston Carrière, « Une mission de paix : le père Alexis André, o.m.i., et les Sioux (1863–1865) », Rev. de l’univ. d’Ottawa, 39 (1969) : 24–93.— Louis Pfaller, « The peace mission of 1863–1864 », N. Dak. Hist. (Bismark), 37 (1970) : 292–313.
Duncan Francis Robertson, « ANDRÉ, ALEXIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/andre_alexis_12F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1990 |
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