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RICHARDSON, HUGH, avocat, fonctionnaire, officier de milice et juge, né le 21 juillet 1826 à Londres, fils de Richard Richardson et d’Elizabeth Sarah Miller ; il épousa une prénommée Charlotte Isabella (décédée en 1879), et ils eurent deux fils et quatre filles, puis le 2 avril 1883, à Drumbo, Ontario, Rachel Louisa Piper, née Hughson (décédée en 1904) ; décédé le 15 juillet 1913 à Ottawa.
Hugh Richardson immigra à York (Toronto) avec sa famille en août 1831. Son père devint en 1835 le premier directeur de la succursale de la Bank of Upper Canada à London. Après avoir fréquenté la London District Grammar School, Hugh fut admis comme étudiant à l’Osgoode Hall en 1842 et fit son stage de droit avec John Wilson*. Reçu au barreau en novembre 1847, il exerça à Woodstock jusqu’en 1872. Il fut également procureur de la couronne dans le comté d’Oxford de 1856 à 1862.
Comme beaucoup de membres des professions libérales à cette époque, Richardson servit dans la milice de sa région. Il contribua en 1862 à l’organisation du 22nd Battalion Volunteer Militia Rifles (Oxford Rifles) et accéda en avril 1866 au commandement de cette unité. En 1865, il servit en qualité de major à Laprairie (La Prairie, Québec), sous les ordres du colonel Garnet Joseph Wolseley. Au cours des raids féniens de 1866 dans le Haut-Canada [V. John O’Neill*], il exerça un poste de commandement à Sarnia en tant que lieutenant-colonel (son grade le plus élevé).
En juin 1872, Richardson fut nommé par arrêté en conseil premier commis du département fédéral de la Justice. Quatre ans plus tard, le 22 juillet 1876, il devint magistrat rémunéré des Territoires du Nord-Ouest ; Matthew Ryan et James Farquharson Macleod* exerçaient déjà la même fonction. Parti pour le Nord-Ouest cet automne-là, il retourna chercher sa famille à Ottawa l’année suivante. Le 27 septembre 1877, en compagnie de sa femme invalide et de trois de ses filles, il arriva à Battleford (Saskatchewan), siège du gouvernement territorial, où il s’était fait construire une grande maison.
Peu après, une des filles de Richardson tomba amoureuse d’un dénommé Elliott, sous-constable de la Police à cheval du Nord-Ouest. En février 1878, cet homme enleva la jeune fille et l’épousa devant un ministre presbytérien. Bien vite, Richardson la ramena à la maison et déposa une série de plaintes contre Elliott et ses trois collaborateurs pour le rapt de sa fille mineure. Il présida le procès d’Elliott, chose inhabituelle même dans cette région pionnière, mais le jury acquitta le jeune policier. Une autre épreuve frappa Richardson peu de temps après : sa femme et sa mère moururent le même jour.
Richardson vécut à Battleford jusqu’en 1883, puis se remaria et s’installa à Regina avec le gouvernement territorial. Tout en instruisant des procès un peu partout dans les Territoires du Nord-Ouest, il était conseiller juridique auprès du lieutenant-gouverneur et, comme les autres magistrats rémunérés, il appartint d’office au conseil territorial jusqu’à l’abolition de cet organisme en 1888. Il joua donc un rôle important – le rôle principal, peut-être – dans la rédaction des ordonnances territoriales, travail qui consistait essentiellement à adapter les lois de l’Ontario aux besoins de cette région pionnière.
Connu surtout parce qu’il présida le procès de Louis Riel* à Regina du 20 juillet au 1er août 1885, Richardson entendit beaucoup d’autres causes résultant de la rébellion du Nord-Ouest. Outre bon nombre des partisans métis de Riel (dont Maxime Lépine*), il jugea les grands chefs Poundmaker [Pītikwahanapiwīyin*], Gros Ours [Mistahimaskwa*] et Une Flèche [Kāpeyakwāskonam*]. Deux Blancs comparurent aussi devant lui : le « secrétaire » de Riel, William Henry Jackson*, et le seul autre présumé « rebelle blanc » que l’on avait pu arrêter à part Jackson, Thomas Scott.
Les historiens modernes qui ont scruté à la loupe le déroulement de ces procès controversés n’ont retenu rien de sérieux contre Richardson. Il laissa à Riel une assez grande liberté de parler pour se défendre, non seulement à la fin, mais aussi dans le courant du procès. Une fois que le jury eut déclaré Riel coupable, Richardson n’avait d’autre choix, en droit, que de le condamner à la peine capitale. On peut cependant lui reprocher d’avoir dit, sans le moindre motif, ne pouvoir offrir à Riel aucun espoir d’être gracié. Certains jugements de Richardson dans des causes moins importantes ont été qualifiés d’incohérents, mais personne n’a relevé chez lui un parti pris pour ou contre les accusés. En fait, une fois les poursuites terminées, le missionnaire oblat Alexis André* écrivit à l’archevêque Alexandre-Antonin Taché* : « Le juge Richardson est certainement un homme juste et impartial et je lui donne le témoignage que j’aimerais bien mieux voir nos gens jugés par lui que par le juge Rouleau [Charles-Borromée Rouleau*] qui est un homme vindicatif et un servile instrument entre les mains du gouvernement. » (Rouleau, magistrat rémunéré comme Richardson, présida les procès de la rébellion à Battleford, où il condamna huit Amérindiens à la pendaison pour meurtre.)
Après avoir connu la fièvre et la publicité des procès de la rébellion, Richardson reprit sa routine : travail judiciaire et rédaction de lois. En 1887, il fut nommé doyen des juges à la nouvelle Cour suprême des Territoires du Nord-Ouest. Équivalentes à celles d’un juge en chef, ses fonctions incluaient la supervision du travail administratif du tribunal et la présidence de celui-ci quand les membres siégeaient en pleines assises. En plus, chaque membre avait son propre district judiciaire. Comme Richardson avait la charge du district d’Assiniboia-Ouest, il avait moins à voyager qu’auparavant car Regina se trouvait dans ce district.
Richardson et deux de ses collègues de la Cour suprême furent également nommés « experts en droit » – fonction qui, jusqu’à son abolition le 30 septembre 1891, faisait d’eux des membres non votants de l’Assemblée territoriale. Avec ou sans ce titre, Richardson assuma en 1888 et en 1898 la majeure partie de la refonte des ordonnances territoriales. Il fut également administrateur (lieutenant-gouverneur suppléant) des Territoires du Nord-Ouest en 1897 et en 1898.
Lorsque le Parlement créa le poste de juge en chef de la Cour suprême des Territoires du Nord-Ouest, Richardson crut sans doute l’obtenir. On nomma plutôt, en février 1902, un de ses collègues moins anciens, Thomas Horace McGuire. Cet été-là, malgré ses 76 ans, Richardson se rendit d’Edmonton au fort Chipewyan (Alberta), sur le lac Athabasca, en tant que membre de la commission chargée de distribuer les sommes prévues par le traité no 8. Il prit sa retraite en novembre 1903 et retourna passer ses dernières années à Ottawa ; une de ses filles, épouse de Donald Alexander Macdonald, y résidait.
Hugh Richardson représente une génération d’avocats, d’hommes politiques et de fonctionnaires ontariens qui, après avoir atteint l’âge mûr, s’installèrent dans les Prairies et y transplantèrent les institutions juridiques, politiques et administratives de la société canadienne en supportant les épreuves de la vie pionnière. Avec le recul, des historiens ont critiqué certains de ses jugements et de ses avis juridiques, mais sa compétence et sa conscience professionnelle n’ont jamais été mises en doute.
AN, MG 27, I, C4, 5 ; I18 ; MG 29, D61 ; MG 30, D1, 25 : 753–760.— AO, F 23.— Arch. du Barreau du Haut-Canada (Toronto), 1-1 (Convocation, minutes).— GA, M477, items 1064, 1269–1271 ; M5908, item 1676.— London Public Library and Art Museum (London, Ontario), St Thomas, Ontario, cemetery transcriptions.— PAM, MG 3, D1.— PAA, 69.305/177 (1893) (civil court dockets, 1881–1912).— Saskatchewan Arch. Board (Regina), R-85 (Hugh Richardson papers).— Ottawa Citizen, 16 juill. 1913.— Ottawa Evening Journal, 16 juill. 1913.— Regina Leader, 30 mars 1904.— Regina Standard, 26 nov. 1903.— Saskatchewan Herald (Battleford), 10 févr. 1879.— Bob Beal et R. [C.] Macleod, Prairie fire : the 1885 North-West rebellion (Edmonton, 1984), 292–333.— W. F. Bowker, « Stipendiary magistrates and the Supreme Court of the North-West Territories, 1876–1907 », Alberta Law Rev. (Edmonton), 26 (1987–1988) : 245–286.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1886, no 52.— S. E. [Estlin] Bingaman, « The North-West rebellion trials, 1885 » (mémoire de m.a., Univ. of Saskatchewan, Regina, 1971) ; « The trials of the « white rebels », 1885 », Sask. Hist., 25 (1972) : 41–54.— T. E. Flanagan, Riel and the rebellion : 1885 reconsidered (Saskatoon, 1983), 116–134.— The Queen v. Louis Riel, introd. de Desmond Morton (Toronto et Buffalo, N.Y, 1974).— L. H. Thomas, The struggle for responsible government in the North-West Territories, 1870–97 (Toronto, 1956).
Thomas Flanagan, « RICHARDSON, HUGH (1826-1913) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/richardson_hugh_1826_1913_14F.html.
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Auteur de l'article: | Thomas Flanagan |
Titre de l'article: | RICHARDSON, HUGH (1826-1913) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |