WADDENS (Vuadens, Wadins), JEAN-ÉTIENNE, parfois appelé le Dutchman, trafiquant de fourrures du Nord-Ouest, baptisé le 23 avril 1738 à La Tour-de-Peilz, canton de Vaud, Suisse, fils d’Adam Samuel Vuadens et de Marie-Bernardine Ormond (Ermon), décédé en mars 1782 au lac La Ronge (Saskatchewan).

Jean-Étienne Waddens vécut en Suisse au moins jusqu’en 1755. En 1757, il servait dans les troupes de la Marine en Nouvelle-France ; en mai de cette même année, il abjura à Montréal « l’hérésie de Calvin ». Il demeura à Montréal ou dans les environs après la capitulation de la ville en 1760, et, bien qu’il fût théoriquement un déserteur, il se sentait si bien en sécurité qu’il épousa à Saint-Laurent, le 23 novembre 1761, Marie-Josephte Deguire. En 1763, il devenait propriétaire à Montréal.

C’est comme petit trafiquant indépendant (pedlar) que Waddens apparaît pour la première fois dans les sources relatives à la traite des fourrures. Dès 1772, il était à Grand Portage (près de Grand Portage, Minnesota) avec un parti de huit trafiquants. L’année suivante, il obtint un congé de traite pour deux canots, et la valeur de ses articles de traite et approvisionnements atteignait £750, une assez grosse somme pour ce type d’activité. Waddens paraît avoir accompagné les trafiquants à son emploi. De 1773 à 1778, il se déplaça du lac Winnipeg jusqu’à la vallée de la Saskatchewan ; en 1779, il était parvenu à la lisière sud de la région de l’Athabasca. Financièrement, il eut l’appui de Richard Dobie* et de John McKindlay, de Montréal, pendant au moins une partie de ce temps.

En 1779, pour éviter les inconvénients des « intérêts séparés [...] le poison de ce commerce », les groupes trafiquant dans le lointain Nord-Ouest fusionnèrent en une association [V. William Holmes]. Waddens devint membre de cet « accord à neuf parties », un regroupement temporaire habituellement considéré comme l’ancêtre de la North West Company. Au lac La Ronge, Waddens fit un commerce lucratif avec « les Indiens du côté du Nord », venus du lac Athabasca. À la fin de 1781, il fut rejoint par Peter Pond*, lui-même en route pour l’Athabasca. Bien que représentant tous deux les intérêts de la compagnie, les deux hommes étaient en mauvais termes. En février 1782, ils eurent une querelle et, en mars, Waddens fut blessé à mort au cours d’un autre accrochage. On a décrit cet incident comme étant un meurtre. En 1783, Mme Waddens adressa une requête au gouverneur Haldimand, demandant l’arrestation de Pond et soumettant une déclaration assermentée d’un des hommes de Waddens. En 1785, alors qu’il était à Montréal, Pond fut interrogé mais, apparemment, il n’eut pas à subir de procès, probablement parce que le lac La Ronge, situé dans les terres de la Hudson’s Bay Company, ne relevait pas de la juridiction des tribunaux de la province de Québec.

On ne connaît guère le caractère de Waddens ; la description qu’en a faite Alexander Mackenzie*, qui vit en lui un homme « d’une stricte probité et d’une sobriété reconnue », est peut-être quelque peu de circonstance. Au demeurant, Waddens grimpa avec succès dans l’échelle sociale : de simple soldat en 1757, il était devenu un bourgeois en 1782. Il ne s’éleva jamais, cependant, au rang de trafiquant-capitaliste comme le fit un James McGill*.

Nous avons peu de renseignements personnels sur Waddens. Les enfants issus de son mariage avec Marie-Josephte Deguire furent baptisés à Saint-Laurent ou dans les environs de Montréal, dont trois selon le rite anglican. Sa fille aînée, Véronique, épousa John Béthune*, le premier à faire office de ministre de l’Église presbytérienne à Montréal. D’une union avec une Indienne naquit Marguerite qui épousa d’abord Alexander MacKay*, puis le docteur John McLoughlin*.

J. I. Cooper

Nous tenons à remercier J.-J. Lefebvre et G. F. G. Stanley pour leur aide  [j. i. c.].

Archives cantonales vaudoises (Lausanne, Suisse), Eb 129/2, p.178 ; 129/5, p.12.— ANQ-M, État civil, Catholiques, Notre-Dame de Montréal, 1er mai 1757.— Archives paroissiales, Saint-Laurent (Montréal), Registre des baptêmes, mariages et sépultures, 23 nov. 1761.— APC, Rapport, 1885, note « A ».— Docs. relating to NWC (Wallace).— HBRS, XIV (Rich et Johnson) ; XV (Rich et Johnson).— Tanguay, Dictionnaire.— Davidson, NWC.— Morton, History of Canadian west.— H. R. Wagner, Peter Pond, fur trader & explorer ([New Haven, Conn.], 1955).— CHR, XIII (1932) : 205207.— T. C. Elliott, Marguerite Wadin-McKay-McLaughlin, Oreg. Hist. Soc., Quarterly (Eugene), XXXVI (1935) : 338–347.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

J. I. Cooper, « WADDENS (Vuadens, Wadins), JEAN-ÉTIENNE (le Dutchman) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/waddens_jean_etienne_4F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique:

Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/waddens_jean_etienne_4F.html
Auteur de l'article:    J. I. Cooper
Titre de l'article:    WADDENS (Vuadens, Wadins), JEAN-ÉTIENNE (le Dutchman)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
Année de la révision:    1980
Date de consultation:    28 novembre 2024