HOLMES, WILLIAM, trafiquant de fourrures, de descendance irlandaise ; décédé à Montréal le 17 août 1792.

Il semble que William Holmes soit venu au Canada après 1763 ; en 1774, il participait activement à la traite des fourrures dans la région de la Saskatchewan. En octobre 1774, on rapporta que lui-même, Charles Paterson et François Jérôme, dit Latour (Franceway), remontaient la rivière Saskatchewan avec sept canots, en route vers leur poste du fort des Prairies (Fort-à-la-Corne, Saskatchewan) où ils passèrent l’hiver. Holmes y était de nouveau la saison suivante et, le 5 février 1776, il partit en expédition avec Alexander Henry*, l’aîné, en vue de rendre visite aux campements d’hiver des Assiniboines, dans la grande prairie de la Saskatchewan. En mai 1777, on rapporta qu’il descendait à Montréal avec 12 canots de fourrures. Il forma probablement, à cette époque, une société avec Robert Grant, un autre trafiquant de Montréal (rattaché à une compagnie de Montréal), car, en avril et mai 1778, la Holmes, Grant and Company engageait à Montréal au moins quatre hommes pour le fort des Prairies. Au mois d’octobre de la même année, Holmes et Booty Graves, un Anglais qui avait été associé à Peter Pond* en 1775, firent, avec dix canots, le voyage de Montréal à l’ « établissement inférieur » des trafiquants montréalais ; souvent désigné sous le nom de fort de la rivière Sturgeon, ce poste était situé sur la Saskatchewan immédiatement en aval du lieu où elle rencontre la rivière Sturgeon.

Pendant les années 1770, la concurrence fut intense entre les trafiquants de Montréal de même qu’entre ces derniers et la Hudson’s Bay Company ; les rivaux, en quête des fourrures et se pourchassant les uns les autres, pénétrèrent de plus en plus profondément dans la région de la Saskatchewan. En mars 1779, Holmes avait remonté la rivière Saskatchewan pour s’installer à l’ « établissement intermédiaire » des trafiquants montréalais (près de Wandsworth, Saskatchewan). À cet endroit, sur une superficie de quelques centaines de yards, se trouvaient non seulement l’Upper Hudson House de la Hudson’s Bay Company, mais, comme le notait un employé de cette compagnie, Philip Turnor, quatre établissements des trafiquants de Montréal, sans compter « environ dix petites maisons habitées par leurs employés, qui sont en fait des lieux de traite, chacun de leurs hommes étant trafiquant ». Pareille concurrence grugeait les profits ; aussi, le 1er avril, Holmes annonçait-il à Turnor que « les Canadiens [trafiquants de Montréal] qui trait[ai]ent sur cette rivière, à l’exception de Blondeaux [Joseph-Barthélemy Blondeau], s’étaient regroupés dans une association générale, et [qu’] ils espéraient qu’il se joindrait aussi à eux ». Ces sortes d’association étaient chose courante dans les établissements de ces trafiquants le long de la Saskatchewan, et Holmes y avait probablement participé. C’est ainsi qu’en 1776, selon Alexander Henry, les trafiquants du fort des Prairies avaient convenu de mettre en commun leurs ressources et leurs profits, entente qu’on paraît avoir renouvelée l’année suivante. Ces accords locaux et temporaires amenèrent sans doute Holmes à accueillir favorablement l’idée d’une grande société. Ainsi, à un moment donné en 1779, probablement après son retour à Montréal à la fin du printemps, lui et Robert Grant allaient devenir associés conjoints lors de la fondation d’une compagnie à 16 actions, la North West Company.

Malgré l’ « association générale » conclue à l’établissement intermédiaire des trafiquants de Montréal, Holmes avait encore à affronter un concurrent de taille, la Hudson’s Bay Company, et il dut recourir à des tactiques que les employés de la compagnie estimèrent choquantes. En avril 1779, lui et ses hommes enfermèrent quelques Indiens qui étaient descendus à l’Upper Hudson House et les forcèrent à traiter toutes leurs fourrures avec eux. Quand Magnus Twatt, un des employés de la compagnie, protesta à la suite de cette affaire, Holmes, selon les rapports, le battit « d’une manière cruelle ». Holmes avait également d’autres problèmes. Le 25 avril, les trafiquants apprirent le meurtre de John Cole par des Indiens, survenu trois jours plus tôt à l’ « établissement supérieur » des trafiquants de Montréal, dans les collines Eagle (au sud-ouest de Battleford, Saskatchewan). Turnor, nerveux, écrivit que la nouvelle avait courroucé les « engagés » canadiens, lesquels croyaient que la Hudson’s Bay Company avait incité les Indiens à poser ce geste. Il rapporta aussi que Holmes avait dû s’armer contre ses propres hommes qui étaient « très montés contre nous, de même que contre tout Anglais ». La proportion des Anglais et des Canadiens étant de 27 à 300 environ, les trafiquants avaient quelque peu raison d’être inquiets, mais l’incident n’eut pas de suite.

La concurrence féroce pour l’obtention des fourrures n’allait sûrement pas améliorer les relations entre Holmes et la Hudson’s Bay Company. En octobre 1779, après que William Tomison* eut fixé la Hudson House de la Hudson’s Bay Company à environ 14 milles en aval de l’ancien poste, Holmes survint pour construire un poste juste en face. C’est de là que lui et Peter Pangman* annoncèrent à Tomison, en décembre, que Cumberland House (Saskatchewan) avait été détruite parles Indiens. Tomison, toutefois, rejeta cette histoire comme fausse – elle l’était d’ailleurs – et envoya promener les trafiquants, cette « bande de bandits ». Au mois de mai suivant, Holmes et Pangman obtinrent des Indiens des manteaux de castor qui leur avaient été prêtés par la Hudson’s Bay Company. En représailles, Robert Longmoor*, à Cumberland House, confisqua les marchandises de traite de Patrick Small, un trafiquant montréalais, et ne les rendit que lorsque Small lui eut remis trois manteaux de castor.

Holmes demeura actif dans la région de la Saskatchewan dans les années 1780. L’épidémie de petite vérole qui se répandit chez les Indiens de l’Ouest dans les premières années de cette décennie réduisit considérablement les cueillettes de fourrures de Holmes et de ses associés. De 330 paquets en 1781, la traite tomba à 84 paquets en 1782. La destruction par les Français, sous les ordres du comte de Lapérouse [Galaup], des postes d’York et de Prince of Wales, sur la baie d’Hudson, à l’été de 1782, coupa les employés de la Hudson’s Bay Company de leurs sources d’approvisionnement et plaça Holmes dans une position avantageuse. En octobre 1783, à Cumberland House, il put vendre à Tomison des provisions à un prix que ce dernier estima « plutôt excessif ». Holmes avait, en 1784, un poste à la rivière Battle, près de l’établissement supérieur, mais, deux ans plus tard, il redescendit la rivière Saskatchewan pour ériger une construction au fort de l’Isle, en face de Manchester House (près de Pike’s Peak, Saskatchewan), un nouveau poste de la Hudson’s Bay Company.

Holmes, qui était resté l’un des associés de la North West Company pendant toutes les années 1780, se retira de la traite des fourrures en 1790. Après le mois d’août 1791, il vendit sa part à John Gregory*.

Arthur J. Ray

APC, Report, 1888, 5961.— Docs. relating to NWC (Wallace).— Henry, Travels and adventures (Bain).— HBRS, XIV (Rich et Johnson) ; XV (Rich et Johnson) ; XXVI (Johnson) ; XXX (Williams).— Journals of Hearne and Turnor (Tyrrell).— [Alexander Mackenzie], The journals and letters of Sir Alexander Mackenzie, W. K. Lamb, édit. (Toronto, 1970). Massicotte, Répertoire des engagements pour l’Ouest, ANQ Rapport, 19461947, 306s.— Morton, History of Canadian west.

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Arthur J. Ray, « HOLMES, WILLIAM (mort en 1792) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/holmes_william_1792_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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