VALENTINE, WILLIAM, peintre, vitrier et daguerréotypiste, né en 1798 à Whitehaven, Angleterre ; le 2 juin 1822, il épousa à Halifax Susannah Elizabeth Smith, et ils eurent deux filles, puis le 12 décembre 1830, dans la même ville, Sarah Ann Sellon ; décédé le 26 décembre 1849 à Halifax.

On ne sait rien de la vie de William Valentine avant qu’il n’immigre à Halifax en 1818. Certains ont prétendu qu’il était un parent et un élève de Robert Field*, le plus grand peintre du début du xixe siècle en Nouvelle-Écosse, mais apparemment ils ne se rencontrèrent jamais, et Joseph Howe* qui connaissait bien Valentine a affirmé qu’il était autodidacte. Le 23 janvier 1819, par la voie des journaux, Valentine offrit pour la première fois ses services à titre de professeur de dessin et, le 6 mars, de portraitiste et paysagiste. Peut-être à cause de la dépression économique qui sévissait dans la province dans les années d’après-guerre, les « encouragements très abondants » dont il avait bénéficié diminuèrent sensiblement et, en août 1820, il était devenu l’associé de son cousin James Bell dans une « entreprise de peinture pour bateaux, enseignes, maisons et motifs ornementaux, et une vitrerie ». Cette association prit fin en mai 1824, mais Valentine demeura peintre et vitrier au Stairs’ Wharf ; trois ans plus tard, il annonça qu’il partait s’installer dans un nouvel atelier à quelque distance de la rue Barrington.

Les plus anciens tableaux de Valentine qu’on connaisse à ce jour datent de 1827. Il manifestait surtout de l’intérêt pour les portraits, mais il lui arrivait à l’occasion de peindre des scènes historiques, comme King John signing Magna Charta, réalisé vers 1830 et conservé au Nova Scotia College of Art and Design. Il s’aventura également dans des thèmes classiques, mais les tableaux de ce genre sont perdus. En décembre 1831, il fut membre du premier conseil d’administration du Halifax Mechanics’ Institute, auquel il continuera d’ailleurs de s’intéresser toute sa vie. L’année suivante, il offrit à cet institut le portrait du docteur William Grigor*, son premier président, et termina en outre celui de John Howe* pour son fils Joseph. Même s’il prenait de l’importance à titre d’artiste, Valentine dut quitter Halifax pour s’assurer des commandes. En août 1833, une annonce de la Royal Gazette de Charlottetown le faisait connaître comme portraitiste et miniaturiste et, l’année suivante, il était à St John’s, en quête de travail. Il semble qu’il ait dû revenir à la peinture en bâtiments lorsque les affaires allaient au ralenti.

Vers 1836, Valentine se rendit en Angleterre où il étudia les grands peintres de son époque, dont sir Thomas Lawrence, et copia leurs tableaux. Cette expérience eut un effet appréciable sur sa peinture, dont les tons et les couleurs s’améliorèrent remarquablement ; à son retour en mars 1837, et jusqu’en 1844, il connut ses plus grands succès. Parmi les portraits qu’il fit au cours de cette période, on compte ceux de Samuel George William Archibald, Thomas Chandler Haliburton*, Brenton Halliburton*, John Young et son fils William*, Peter Nordbeck*, John Sparrow Thompson*, Alexander Keith* et au delà de 100 autres éminents personnages de la Nouvelle-Écosse ainsi que leur femme. Il avait la meilleure clientèle de la région ; il recevait pratiquement toutes ses commandes de gros marchands et de gens de professions libérales.

Valentine retourna en Europe en 1839, l’année même où l’on fit connaître en France le procédé photographique de Louis-Jacques-Mandé Daguerre. Il aurait déclaré avoir reçu une formation en daguerréotypie « à la source même, à Paris », et il est possible qu’il ait étudié avec Daguerre en personne. Le procédé représentait à ses yeux un moyen de réaliser les portraits fidèles et bon marché que ses clients lui demandaient et, de ce fait, une source supplémentaire de revenus. Sa première réclame à titre de daguerréotypiste parut dans le Morning News de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, le 15 novembre 1841 et, le 1er janvier 1842, il annonçait dans le Times de Halifax qu’il était « prêt à faire de beaux portraits » à l’aide d’un « appareil de première qualité » acheté aux États-Unis. Il se rendit même à Charlottetown et à St John’s pour offrir ses services. La peinture et la photographie ne s’avérèrent cependant pas assez lucratives, puisqu’en 1848 il se retrouva encore dans l’obligation de travailler comme peintre d’enseignes et en bâtiments.

La dernière œuvre de William Valentine est un portrait d’Andrew MacKinlay*, président du Mechanics’ Institute, qu’on offrit d’ailleurs à cet institut en octobre 1849. Quelques années avant la mort de Valentine, un incendie éclata dans son studio et détruisit un grand nombre de ses peintures en plus d’endommager ses appareils photographiques. Cette épreuve aurait hâté sa fin. On ne connaît pas le nombre de portraits que Valentine a signés – de 125 à 150 selon l’historien Harry Piers – et il n’y a jamais eu d’exposition complète de son œuvre. Toutefois, il demeure, après Field, le plus important portraitiste néo-écossais du début du xixe siècle. La notice nécrologique parue dans le Novascotian était de la plume de Joseph Howe, qui avait également composé un éloge funèbre. Valentine repose au Camp Hill Cemetery, près de son ami Peter Nordbeck.

D. C. Mackay

On peut voir des exemples des travaux de William Valentine à l’hôtel de ville de Liverpool, N.-É., et à l’Atlantic School of Theology, aux Law Courts of N.S., au N.S. College of Art and Design, au N.S. Museum et aux PANS, tous situés à Halifax. Son autoportrait à l’huile se trouve aux PANS et est reproduit (face à la page 130) dans l’article de Harry Piers cité plus bas.

Arch. privées, D. C. Mackay estate (Halifax), Harry Piers, deux lettres à L. A. Bowser concernant la peinture de Valentine, King John signing Magna Charta, 30 sept. 1929.— Camp Hill Cemetery (Halifax), Gravestone inscription.— PANS, RG 1, 448.— Catalogue of Mr. Eagar’s exhibition of paintings (Halifax, 1838).— Acadian Recorder, 28 janv. 1819.— Free Press (Halifax), 8 août 1820.— Royal Gazette (Charlottetown), 6 août 1833.— Times (Halifax), 1er janv. 1842.— La Galerie nationale du Canada, Catalogue of paintings and sculpture, R. H. Hubbard, édit. (3 vol., Ottawa et Toronto, 1957–1960), 3.— Harper, Early painters and engravers.— William Colgate, Canadian art, its origins & development (Toronto, 1943).— Harper, Painting in Canada (1966).— D. [C.] Mackay, « Artists and their pictures », Canadian Antiques Collector (Toronto), 7 (1972), no 1 : 81–86.— Harry Piers, « Artists in Nova Scotia », N.S. Hist. Soc., Coll., 18 (1914) : 101–165.

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D. C. Mackay, « VALENTINE, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/valentine_william_7F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
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