Titre original :  Honoring my ancestors  | Sweetgrassartscentre

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PAUL, MARY CHRISTIANNE (Christina, Christy Ann) (Morris), artiste et modèle, née vers 1804 à Stewiacke ou à Ship Harbour, Nouvelle-Écosse, fille du Micmac Hobblewest Paul, décédée à Halifax en 1886.

Mary Christianne Paul s’était mariée très jeune avec Tom Morris, Micmac de l’île McNab à Halifax ; beaucoup plus âgé qu’elle, il fut invalide pendant presque tout le temps que dura leur union. Ils n’eurent pas d’enfants, mais adoptèrent une nièce orpheline, Charlotte, et un garçon prénommé Joe. Mary Christianne Morris pratiquait l’artisanat traditionnel micmac d’une façon raffinée. Pour faire vivre sa famille, elle vendait des ouvrages de piquants de porc-épic et de vannerie. Certains de ces ouvrages ainsi que des travaux d’aiguille et un canot grandeur nature avec ses pagaies, qu’elle présenta à différentes expositions provinciales, remportèrent des premiers prix. À une occasion, elle vendit pour la somme considérable de $300 deux costumes perlés à William Chearnley, agent des Affaires indiennes. En 1854, elle vivait à Dartmouth, Nouvelle-Écosse, et, un an plus tard, elle s’était installée de l’autre côté du port, à la pointe Northwest, Halifax. Elle y avait construit et meublé « de ses propres mains » une maison verte en pans de bois et élevait quelques animaux de ferme. Lorsque sa nièce se maria en 1857, Mary Christianne Morris servit du vin et du gâteau à ses nombreux invités, au son de la flûte et du violon. Les comptes rendus de la cérémonie la décrivent comme « une dame bien connue et respectée de la communauté ». Elle comptait parmi ses amis Samuel et William Caldwell, qui avaient été maires de Halifax, ainsi que Chearnley.

En 1860, la ville de Halifax fit don au prince de Galles d’un portrait de Mary Christianne Morris par William Gush ; il s’agissait de la reproduction d’un tableau qu’elle avait chez elle. Elle est représentée assise par terre, revêtue du costume traditionnel, confectionné de ses propres mains et composé d’un chapeau pointu brodé de perles, d’une veste, d’une jupe de laine, avec des appliques de ruban, et de mocassins perlés. Elle était sans aucun doute l’un des modèles favoris des artistes de son temps, car on connaît plusieurs portraits d’elle, parmi lesquels se trouvent les deux huiles identiques de Gush, datant de 1859 et intitulées Christina Morris, une aquarelle non datée ayant pour titre Christy Ann et attribuée à William Valentine*, et un dessin, Christy Ann, également non daté et attribué à Rebecca Crane (Starr). Il existe également un pastel d’un artiste inconnu de Nouvelle-Écosse dessiné vers 1850, représentant une femme micmaque qui serait soit Mary Christianne Morris, soit sa nièce Charlotte. Quatre photographes de Halifax firent également le portrait en studio d’une femme micmaque dont on pense qu’il : s’agit de Mme Morris ; sur deux d’entre eux, elle tient à la main des spécimens de ses ouvrages de piquants de porc-épic. Seulement deux de ses œuvres lui ont survécu : une paire de raquettes tressées très serré, destinées au maire de Halifax, et des panneaux de berceau de piquants de porc-épic, réalisés vers 1868, et qui sont aujourd’hui célèbres. Ces panneaux sont faits de piquants de couleur sur écorce de bouleau représentant différents motifs (aurore boréale, étoile de mer, croix gammée), sur un fond de piquants blancs. Les motifs du centre représentent deux orignaux noirs, thème réaliste rare dans ce type d’artisanat micmac. Ces panneaux constituent le plus grand travail micmac de piquants de porc-épic que l’on connaisse et montrent que Mary Christianne Morris était passée maître dans cet art.

On a dit de Mary Christianne Morris qu’elle était « une femme pieuse, de très bonne moralité ». Grâce à son travail ardu et à sa détermination, elle fit accéder sa famille à une vie aisée et stable. On sait aussi, par ses portraits et les œuvres qui lui ont survécu, qu’il s’agissait d’une belle femme, pleine de talents. L’une des personnalités les plus intéressantes de Halifax au xixe siècle, Mary Christianne Morris a laissé sa marque dans l’histoire non seulement parce qu’elle posa pour des artistes néo-écossais, mais parce qu’elle était elle-même une artiste talentueuse à part entière.

Ruth Holmes Whitehead

Le Nova Scotia Museum (Halifax) possède des raquettes fabriquées par Mary Christianne Paul. Ses panneaux de berceau faits de piquants de porc-épic se trouvent au Des-Brisay Museum (Bridgewater, N.-É.).

Nova Scotia Museum, Accession books, 2, nos 4 591, 4 603 ; Harry Piers, « Uncatalogued notes on Micmac genealogies and biographical material » ; « Uncatalogued notes on Morris porcupine quill cradle ».— PANS, MG 15, 6, no 1.— Nova Scotia Industrial Exhibition, Official report of the executive committee [...] (Halifax), 1854.— Provincial Agricultural and Industrial Exhibition of Nova Scotia, Prize list and report of proc. [...] (Halifax), 1868.— Evening Express (Halifax), 4 juill. 1859.— Halifax Morning Sun, 21 août 1857, 4 juill. 1859.— Novascotian, 24 août 1857.— R. H. Whitehead, « Christina Morris : Micmac artist and artist’s model », Bull. d’hist. de la culture matérielle (Ottawa), 3 (printemps 1977) : 1–14.

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Ruth Holmes Whitehead, « PAUL, MARY CHRISTIANNE (Christina, Christy Ann) (Morris) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/paul_mary_christianne_11F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    28 novembre 2024