UMFREVILLE, EDWARD, trafiquant de fourrures de la Hudson’s Bay Company et de la North West Company, et auteur, né vers 1755, circa 1771–1789.

On ne sait rien de la vie d’Edward Umfreville avant 1771, alors qu’il était engagé par la Hudson’s Bay Company à titre de commis aux écritures. Il débarqua à York Factory (Manitoba), mais fut bientôt muté à Severn House (Fort Severn, Ontario). Le chef de poste à cet endroit, pour la saison de traite de 1772–1773, Andrew Graham*, fut impressionné par Umfreville, écrivant qu’il était « un très bon comptable et qu’il fai[sait] très bien à Severn ». Les deux hommes travaillèrent ensemble à dresser une liste remarquablement détaillée des nécessités requises par les postes que la compagnie se proposait d’établir à l’intérieur des terres. Umfreville et Graham, qui venait tout juste de se convertir à ce projet, partageaient la conviction que le succès dépendait de l’utilisation d’employés canadiens et des grands canots d’écorce de bouleau mis au point par les trafiquants de fourrures indépendants (pedlars) de Montréal (rattachés à une compagnie de Montréal). Alors qu’il était à Severn House, en 1774, Umfreville rencontra Samuel Hearne qui était venu conférer avec lui et Graham sur les conditions requises pour l’établissement projeté d’un poste au lac Pine Island (lac Cumberland, Saskatchewan).

L’année suivante, Umfreville fut muté à York. Il n’y fut pas heureux car il travaillait sous les ordres de Humphrey Marten qui, en 1775, était un homme malade et irritable. Marten, quant à lui, décrivit Umfreville, en 1778, comme un homme diligent et sobre, mais d’un caractère violent ; au début de l’année suivante, il le bannit de la table des fonctionnaires, pour insolence. Umfreville reçut toutefois le commandement du poste lorsque Marten devint trop malade pour continuer de le diriger. Par la suite, il servit comme second de Marten jusqu’en 1782, alors que le comte de Lapérouse [Galaup] s’empara du fort, amenant les fonctionnaires et les employés prisonniers en France.

Après le traité de Paris de 1783, Umfreville se rendit à Londres. Son salaire ne lui avait pas été crédité pendant qu’il était prisonnier, et il était presque inévitable qu’après avoir touché le petit résidu qu’on lui devait, « quelque désaccord [...] au sujet du salaire » s’élevât entre lui et la compagnie. Il quitta la Hudson’s Bay Company et écrivit probablement les lettres qui parurent en avril 1783 dans le Morning Chronicle and London Advertiser. Elles décrivaient la prise d’York en des termes qui constituaient une vive critique tant à l’égard de la compagnie que de Marten. Le même mois, il s’embarqua pour Québec où il arriva en juin. Umfreville, maintenant au service de la North West Company, s’occupait, en mai 1784, de trouver une route de remplacement pour le trajet du lac Supérieur au lac Winnipeg. Une partie de la route traditionnelle via le Grand Portage (près de Grand Portage, Minnesota) faisait partie du territoire américain depuis le récent traité. Bien qu’Umfreville eût réussi à trouver une route via le lac Nipigon (Ontario), les Nor’Westers continuèrent d’emprunter l’ancienne puisque les revendications américaines n’étaient pas mises en vigueur.

De 1784 à 1787, Umfreville servit la North West Company sur la Saskatchewan-Nord et il commanda à son poste le plus à l’ouest (près de Frenchman Butte, Saskatchewan). De là, il écrivit en 1785 à Edward Jarvis, agent principal de la Hudson’s Bay Company au fort Albany (Fort Albany, Ontario). Il lui expliquait clairement que la capacité des Nor’Westers de concurrencer avec succès la Hudson’s Bay Company reposait sur les provisions qui pouvaient être obtenues « du pays des feux », situé au nord et au nordouest de Kaministiquia (Thunder Bay, Ontario). Bien qu’à l’emploi de la North West Company, Umfreville pressa la Hudson’s Bay Company de s’enfoncer dans cette région à partir de Gloucester House (lac Washi, Ontario), le plus méridional de ses postes. John Kipling, chef de poste à Gloucester House, ajouta à la crédibilité de cette suggestion en écrivant, en 1786, qu’ Umfreville était capable de rester à l’intérieur des terres toute l’année et de diriger un bon commerce.

En conséquence de ces contacts personnels, Umfreville avait décidé, en 1788, de quitter le service de la North West Company. Il fit part de son désir de rentrer au service de la Hudson’s Bay Company à William Tomison*, agent principal pour les postes de l’intérieur. Il laissa son poste en mai pour se rendre à Londres via le lac Supérieur, Montréal et New York. Il proposa ses services au comité de Londres dans des lettres du 23 janvier et du 22 avril 1789. En juillet 1788, Tomison l’avait recommandé comme étant « une personne apte à la traite des fourrures dans l’intérieur, courageuse et résistante, d’une stricte sobriété, et [qui avait] une connaissance approfondie de la manière dont les trafiquants du Canada menaient les affaires », mais Umfreville et la compagnie ne purent s’entendre sur les conditions de son réengagement. Cet échec marqua la fin de sa carrière de trafiquant de fourrures. Même si les conditions avaient été acceptées de part et d’autre, il est peu vraisemblable qu’il eût fait un employé dont on eût été satisfait, car il avait probablement écrit The present state of Hudson’s Bay [...] avant que ses négociations avec la compagnie ne fussent rompues. Le livre, publié en 1790, révélait une connaissance du pays qui manquait à la plupart des écrivains traitant du Canada, à la fin du xviiie siècle. Il était aussi notable, à vrai dire, par d’importants plagiats des ouvrages d’autres fonctionnaires de la Hudson’s Bay Company, en particulier d’Andrew Graham, et par d’aigres attaques contre eux et la compagnie. L’ancien ami d’Umfreville, Samuel Hearne, attribue le côté méchant du livre au désappointement de son auteur de n’avoir pas « réussi à obtenir un commandement à la baie, encore qu’il n’y ait pas eu de poste vacant pour lui ».

Umfreville s’était vu « dans la nécessité d’aller outre-mer » avant même la publication de son livre, mais on ignore où il alla, où il vécut par la suite, où et quand il mourut.

E. E. Rich

Edward Umfreville, The present state ofHudson’s Bay [...] (Londres, 1790 ; nouv. éd., W. S. Wallace, édit., Toronto, 1954).

HBC Arch., A.6/10, ff.123, 126d ; A.11/115, f.161.HBRS, XIV (Rich et Johnson) ; XXVII (Williams).— Hearne, Journey from Prince of Wales’s Fort (Tyrrell).— Nipigon to Winnipeg : a canoe voyage through Western Ontario by Edward Umfreville in 1784, with extracts from the writings of other early travellers through the region, Robert Douglas, édit. (Ottawa, 1929).— [David Thompson], David Thompson’s narrative, 1784–1812, R. [G.] Glover, édit. (nouv. éd., Toronto, 1962).— Morton, History of Canadian west.— Rich, History of HBC.

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E. E. Rich, « UMFREVILLE, EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/umfreville_edward_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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