ROSS, MALCHOM (Malcolm, Malcholm), trafiquant de fourrures, né vers 1754 dans les Orcades (Royaume-Uni), probablement à South Ronaldsay, décédé à l’automne de 1799.
Malchom Ross s’engagea pour la première fois au service de la Hudson’s Bay Company, en 1774, comme manœuvre à York Factory (Manitoba), au salaire annuel de £6. Moins de deux ans plus tard, il était en service à l’intérieur des terres, sous les ordres de William Tomison* et de Robert Longmoor*, à Cumberland House (Saskatchewan), poste dépendant d’York, et au delà. Le 5 octobre 1776, Ross se joignait à Longmoor pour remonter la rivière Saskatchewan à partir de Cumberland House ; de retour en février 1777, ils « rapport[aient] quatre traîneaux chargés de fourrures, tirés par des chiens », après 40 jours d’un voyage difficile à partir de « là où les Indiens qu’ils laissèrent (principalement des Assinnee Pœtuck [Assiniboines]) pilonnent les buffles [c’est-à-dire, en broient la viande pour en faire du pemmican] ». Quant à ses autres voyages, il en fit en été, alors qu’il portait des fourrures à York Factory, et il participa, en janvier et en mai 1778, à des expéditions dont l’objectif était de détourner les Indiens de l’intérieur de la traite avec les trafiquants de Montréal (rattachés à une compagnie de Montréal).
En 1778, Ross était reconnu comme « un excellent employé et un bon homme de canot, qui le cède à peine à quelque Indien que ce soit pour franchir une chute, etc. ». L’année suivante, Longmoor le laissa à Upper Hudson House (près de Wandsworth, Saskatchewan) pour qu’il en prît la direction. Longmoor écrivit : « c’est le meilleur homme en qui je peux mettre ma confiance ». La compagnie, qui avait souvent des problèmes de travail avec ses employés originaires des Orcades, appréciait le rendement de Ross. Bien qu’il fût encore classé comme manœuvre, elle porta son salaire à £15 par année en 1779 et, à partir de 1782, accorda à cet « homme de canot par excellence, très aimé des Indiens », un salaire annuel de £20.
Ross se trouvait à l’intérieur des terres quand le comte de Lapérouse [Galaup] s’empara d’York et du fort Prince of Wales (Churchill, Manitoba) en 1782, évitant ainsi d’être fait prisonnier avec d’autres employés de la compagnie, dont, par exemple, Humphrey Marten, Samuel Hearne et Edward Umfreville. Il continua à servir la compagnie et, pendant les années 1780, assuma des fonctions comportant des responsabilités accrues. En plus de travailler comme faiseur de canots, chasseur et trafiquant, voire comme tailleur, à Lower Hudson House (près de Wandsworth, Saskatchewan) et à Cumberland House, il fut appelé à assumer temporairement les fonctions de chef de poste à Lower Hudson House en avril 1780 et à Cumberland House à l’été de 1783. En 1788, il était décrit comme « chef de poste occasionnel à l’un et l’autre endroit », et, pendant la saison de traite de 1790–1791, de chef de poste temporaire, étant « en tout point qualifié [...]impossible d’être meilleur ».
Entre 1790 et 1792, Ross fut un partenaire estimé de Philip Turnor et de Peter Fidler* au cours de leur voyage dans la région de l’Athabasca ; dans les livres de la compagnie, on l’avait inscrit comme « responsable des marchandises dans l’expédition vers le nord », au salaire annuel de £40. Ross avait emmené, en ces voyages, « sa femme et 2 enfants », éçrivit Fidler, qui ajoutait qu’ « une Indienne dans un poste est particulièrement utile quand il s’agit de faire des chaussures, des lanières, de tresser les raquettes, de nettoyer et de tendre les peaux de castor, etc., diverses techniques inconnues des Européens ».
Le voyage dans la région de l’Athabasca révéla au comité de Londres de riches possibilités en terme de fourrures. En mai 1793, le comité demanda à Ross, qui venait de passer « un pauvre hiver, bien coûteux » en haut de Cumberland House à intercepter les groupes d’Indiens portant leurs fourrures aux trafiquants montréalais rivaux, d’organiser une expédition vers l’Athabasca et d’y établir un poste de traite. Le projet n’obtint pas l’appui de William Tomison, alors agent principal, et l’expédition, embarrassée dans des problèmes logistiques, fut remise à plus tard. Au cours de la saison de 1794–1795, Ross choisit d’hiverner au lac Reed (Manitoba), au nord-est de Cumberland House ; il passa la saison suivante à Fairford House (près du lac Iskouatam, Saskatchewan), au nord-ouest. Le problème périodique des rivalités, au sein de la compagnie, au sujet du commerce des fourrures à l’intérieur des terres fut mis en lumière par ses activités dont se plaignit Thomas Stayner, chef d’York, qui avait envoyé des hommes dans la même région. En 1796–1797, Ross, en dépit de la lassitude qu’il éprouvait à changer fréquemment de quartiers d’hiver, fut amené par les circonstances à construire Bedford House, au lac Reindeer, à plus de 100 milles au nord de Fairford House. Les provisions prévues pour l’hiver baissèrent, compte tenu des « 15 Anglais [qu’ils étaient] et [des] deux femmes et [des] 3 enfants » ; en outre, les Indiens se montraient difficiles. Les choses empirèrent en avril quand le trafiquant montréalais Alexander Fraser* arriva pour faire la traite dans les environs et que l’adjoint de Ross, David Thompson*, déserta pour passer au « service des trafiquants de Montréal ».
Ross fit un voyage en Angleterre en 1798 et rencontra, le 28 novembre, le comité de Londres, lequel avait décidé, après bien des discussions, d’ouvrir la région de l’Athabasca à partir du fort Churchill (construit, en 1783, sur l’emplacement du fort Prince of Wales) plutôt que de York Factory. Ayant ordonné que York s’abstienne de toute concurrence dans cette région, le comité retint « pour trois ans à £80 par année » les services de Ross, qui voyagerait à partir du fort Churchill pour établir la traite dans la région de la rivière Athabasca. À l’été de 1799, Ross se rendit au conseil de la compagnie au fort Churchill. Le 6 septembre, il fit son testament dont les principaux bénéficiaires étaient un de ses frères, Charles, et un fils naturel, George, qui fut proposé comme apprenti à York, en 1801. Peu après cette formalité, il partit pour la région de l’Athabasca. Le 17 octobre, des Indiens firent savoir au fort Churchill que l’expédition dont on attendait tellement avait été arrêtée à 150 milles environ, en remontant la rivière, après que Ross, tombé de son canot, se fut noyé dans les rapides.
Ross fut l’un des plus estimés et des mieux récompensés parmi les nombreux employés de la compagnie originaires des Orcades. L’action combinée de son esprit d’entreprise, de sa facilité à assimiler les pratiques en usage à l’intérieur des terres, de sa loyauté et d’une modeste instruction l’éleva du rang de manœuvre à celui de fonctionnaire et lui permit de rendre de remarquables services à ses employeurs, en des temps difficiles. On regretta beaucoup la perte prématurée de son « expérience bien connue ».
HBC Arch., A.1/47, ff.120, 122 ; A.6/13, f.41 ; A.6/16, ff.55–56, 127, 129 ; A.11/116, f.43 ; A.30/1, ff.22, 80 ; A.30/2, ff.32, 52, 72 ; A.30/3, f.38 ; A.30/4, ff.14, 45, 72 ; A.30/5, ff.16, 42 ; A.32/1, f.92 ; B.14/a/1, ff.21, 29, 33 ; B.24/a/1, f.32 ; B.42/b/42, pp.8, 15 ; B.42/b/44, ff.67, 74 ; B.49/a/19, ff.28, 40 ; B.239/b/56, ff.25–25d.— PRO, Prob. 11/1 370, testament de Malchom Ross, homologué le 12 févr. 1802.— St John’s Anglican Cathedral (Winnipeg), Red River register of baptisms, I, no 400.— HBRS, XIV (Rich et Johnson) ; XV (Rich et Johnson) ; XXVI (Johnson).— Journals of Hearne and Turnor (Tyrrell).
Jennifer S. H. Brown, « ROSS, MALCHOM (Malcolm, Malcholm) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/ross_malchom_4F.html.
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Auteur de l'article: | Jennifer S. H. Brown |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 1 décembre 2024 |