TWISS, WILLIAM, officier et ingénieur militaire, né en 1745 ; il se maria et eut une fille ; décédé le 14 mars 1827 à sa résidence de Harden Grange (West Yorkshire, Angleterre).

William Twiss commença à travailler au Board of Ordnance en 1760 et, deux ans plus tard, fut nommé surveillant des travaux à Gibraltar. À la fin de la guerre de Sept Ans, il reçut une commission d’enseigne dans le génie royal. Promu lieutenant en 1771, il revint en Angleterre et fut employé aux fortifications des chantiers maritimes de Portsmouth de 1772 à 1775.

Au début de juin 1776, Twiss, alors âgé de 31 ans, arriva à Québec et fut nommé aide de camp du colonel William Phillips, sous le commandement du major général John Burgoyne*. Il passa la plus grande partie du mois de juin à participer à la campagne entreprise pour refouler les Américains hors de la province de Québec. Peu après, Guy Carleton*, commandant en chef des forces britanniques de la colonie, le nomma contrôleur des travaux de construction d’une flotte britannique qui serait affectée au lac Champlain. Bien que John Schank ait été nommé surintendant des chantiers maritimes de Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu), c’est Twiss qui veilla à la réalisation de ces chantiers. C’est lui aussi qui surveilla la construction de 12 canonnières munies d’un seul canon, ainsi que celle de cales de lancement pour les gros bâtiments amenés par voie de terre. En octobre, la flotte engagea le combat contre une flottille américaine placée sous le commandement de Benedict Arnold* et la mit en déroute, assurant ainsi la sécurité de la principale voie d’invasion nord-sud. Carleton nota que plusieurs officiers subalternes, dont Twiss, méritaient « une distinction particulière » pour le succès de cette opération.

Au printemps de 1777, Burgoyne quitta Québec et se mit en marche en direction d’Albany, dans l’état de New York. Twiss était l’ingénieur le plus haut gradé et l’ingénieur en chef de cette expédition. Il joua un rôle important dans la capture du fort Ticonderoga (près de Ticonderoga, New York), et se trouvait avec l’armée de Burgoyne quand celle-ci se rendit à l’ennemi en octobre 1777. Échangé après quelques jours à peine de captivité, il revint à Québec et, un an plus tard, il était promu capitaine.

Frederick Haldimand*, le successeur de Carleton au rang de commandant en chef, avait une haute opinion du « zèle » et de « l’activité » de Twiss. En 1778, il informa lord Townshend*, maître général du Board of Ordnance, que Carleton avait affecté à Québec l’ingénieur principal de la province, John Marr, qui était vieux et infirme, et qu’il avait placé tous les autres travaux militaires sous la direction de Twiss. Haldimand ne tint pas compte des protestations de Marr et demanda que Twiss soit nommé ingénieur en chef, mais sa demande ne fut agréée qu’au moment du départ de Marr en 1781. Toujours en 1778, le commandant en chef informa lord George Germain, secrétaire d’État aux Colonies américaines, que le travail fait sous la conduite de Twiss était « accompli avec beaucoup de jugement et d’économie » et qu’il avait « confiance en ses capacités et son intégrité ». L’observation faite en 1781 par le major général Friedrich Adolph Riedesel, commandant des troupes allemandes, selon laquelle Twiss avait « résolu des problèmes qui paraissaient insolubles », laisse aussi entrevoir la confiance de plus en plus grande que ses talents inspiraient aux officiers supérieurs.

En août 1778, Haldimand chargea Twiss de choisir un emplacement propice à un établissement naval dans le-voisinage de Cataraqui (Kingston, Ontario), et d’en surveiller la construction. Avec le concours de Schank, Twiss arrêta son choix sur l’île Buck (New York), qu’il rebaptisa île Carleton, pour y bâtir un ouvrage de défense, le fort Haldimand. Obéissant à l’ordre de Haldimand, Twiss revint à Montréal, laissant à James Glenie* le soin de surveiller la construction du fort. Établi pour protéger les voies de ravitaillement vers l’ouest, ce poste fut l’un des endroits de toute première importance dans la province entre 1778 et 1783. En 1779, Haldimand demanda à Twiss de diriger l’exécution d’un important ouvrage militaire, soit le creusage d’un petit canal fortifié à Coteau-du-Lac (Québec). Ce cours d’eau artificiel allait permettre de contourner les flots tumultueux du Saint-Laurent entre Montréal et Point Maligne (Cornwall, Ontario), améliorant ainsi les communications avec l’intérieur. À la fin de 1779, Twiss avait déjà terminé la tâche qu’on lui avait confiée. En 1780, il écrivit à Haldimand que ce canal « allait comprendre des écluses aussi utiles à la navigation que tout autre [ouvrage] semblable dans le monde ». De 1781 à 1783, il inspecta périodiquement d’autres travaux effectués pour améliorer la navigation sur le Saint-Laurent, comme les canaux construits aux Cèdres et aux Cascades (près de l’Île des Cascades).

De 1777 à 1783, Twiss participa aussi à une grande variété de travaux dans des endroits importants (dont Québec, Sorel, l’île aux Noix, Saint-Jean et Montréal), où l’on construisit des hôpitaux, des moulins à vent, des entrepôts, des casernes, des fortifications, des routes, des ponts, des prisons, des forges, des barrages et des boulangeries. Il collabora aussi à la préparation des plans de divers postes qui allaient être bâtis partout dans la province. En 1778, il fit rapport à Haldimand sur les projets d’érection d’une citadelle permanente à Québec, mais il l’informa qu’il faudrait au moins 12 à 15 ans pour mener à bien une telle entreprise, en raison des nombreux obstacles à surmonter, y compris le climat et l’état d’esprit de la main-d’œuvre locale. Il expliqua que « comme chaque Canadien poss[édait] sa propre maison et sa propre ferme, on ne [pouvait] s’attendre à ce qu’il participe aux travaux publics avec la même assiduité que les artisans et les ouvriers, eux qui n’ [avaient] que leur travail pour assurer leur subsistance ». Néanmoins, agissant à la suite d’instructions reçues de Londres, Haldimand demanda à Twiss de surveiller la construction d’une citadelle temporaire, dont les travaux commencèrent en 1779.

En octobre 1783, après la signature du traité de Paris, William Twiss s’embarqua pour l’Angleterre. Il comptait alors 23 ans de service dans le génie royal, dont 7 ans passés en Amérique du Nord pendant une période d’agitation créée par la Révolution américaine. De 1794 à 1810, il servit en tant que lieutenant-gouverneur de la Royal Military Academy, à Woolwich (Londres). En 1799, il reçut l’ordre de se rendre en Hollande à titre d’ingénieur en chef, sous l’autorité du duc d’York. Il demeura dans ce pays jusqu’au terme de l’évacuation des troupes britanniques. Twiss fut promu colonel dans le génie royal en 1802 et envoyé en Irlande pour faire rapport sur les ouvrages défensifs de ce territoire. Ensuite, pendant quelques années, il passa la plus grande partie de son temps à s’occuper d’autres travaux de défense, surtout le long de la côte d’Angleterre. Nommé colonel commandant du génie royal en 1809, il quitta le service actif l’année suivante, après avoir servi pendant 50 ans. Il n’était pas encore prêt à prendre une retraite définitive, puisqu’il fit partie en 1811 d’un comité chargé de surveiller des ouvrages défensifs importants qui étaient alors en voie de réalisation. Promu lieutenant général en 1812 et général en 1825, il mourut en 1827 à l’âge de 82 ans. À sa mort, un seul officier du génie royal avait plus d’ancienneté que lui : c’était Gother Mann, celui qui lui avait succédé au poste d’ingénieur en chef à Québec.

John C. Kendall

BL, Add. mss 21674 ; 21814 : fos 2–475.— J. M. Hadden, Hadden’s journal and orderly books : a journal kept in Canada and upon Burgoyne’s campaign in 1776 and 1777, by Lieut. James M. Hadden [...], Horatio Rogers, édit. (Albany, 1884 ; réimpr., Freeport, N.Y., [1970]).— Kingston before War of 1812 (Preston).— [F. A. von] Riedesel, Memoirs, and letters and journals of Major General Riedesel, during his residence in America, Max von Eelking, édit., et W. L. Stone, trad. (2 vol., Albany, N.Y., 1868).— DNB.— Harrison Bird, Navies in the mountains : the battles on the waters of Lake Champlain and Lake George, 1609–1814 (New York, 1962).— Whitworth Porter et al., History of the Corps of Royal Engineers (9 vol. parus, Londres et Chatham, Angl., 1889–   ; réimpr. des vol. 1–3, Chatham, 1951–1954), 1.— C. C. J. Bond, « The British base at Carleton Island », OH, 52 (1960) : 1–30.— J. C. Kendall, « William Twiss : royal engineer », Duquesne Rev. (Pittsburgh, Pa.), 15 (1970), no 1 : 175–191.

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John C. Kendall, « TWISS, WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/twiss_william_6F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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