CLARK (Clarke), ROBERT, maître constructeur de moulins, juge de paix et officier de milice, né le 16 mars 1744 à Quaker Hill, New York ; il épousa Isobel (Isabella) Ketchum, de l’île Long, New York, et ils eurent cinq fils et une fille ; décédé le 17 décembre 1823 dans le canton d’Ernestown, Haut-Canada.

Avant la Révolution américaine, Robert Clark fut charpentier, constructeur de moulins et fermier, d’abord dans le comté de Dutchess, puis dans celui d’Albany, à New York. En 1776, il fit partie de la milice des rebelles pendant trois semaines, mais il s’engagea ensuite dans les Loyal Volunteers et servit dans l’armée du major général John Burgoyne*. Après la reddition des troupes à Saratoga (Schuylerville) en octobre 1777, Clark s’enfuit et, « laissant sa famille exposée à la rage de l’ennemi », se rendit à Québec. On reconnut son habileté comme constructeur de moulins et, en 1780, il était déjà attaché à un corps d’artisans du génie. À ce titre, il participa à des travaux à Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu) et à Montréal ; il fut passé en revue pour la dernière fois au sein des Loyal Rangers du major Edward Jessup*, en 1783.

Le 22 août 1783, le capitaine William Twiss, commandant du génie à Québec, ordonna à Clark de se présenter devant le lieutenant William Tinling, responsable des ingénieurs cantonnés à Cataraqui (Kingston, Ontario). Clark devint maître constructeur de moulins et supervisa la construction des scieries et des moulins à farine que l’on édifiait à Kingston Mills en prévision de l’arrivée d’un grand nombre de loyalistes [V. Michael Grass*]. Les bons constructeurs de moulins étaient très recherchés, mais le commandant de Cataraqui, le major John Ross*, bien que satisfait des aspects techniques du travail de Clark, souhaitait le remplacer par le lieutenant David Brass, des Butler’s Rangers, qu’il considérait comme un « remarquable génie » et un « constructeur de moulins extrêmement compétent ». Parlant au gouverneur Frederick Haldimand* de la manière dont Clark dirigeait les travaux, Ross, dans une lettre datée du 10 juin 1784, formulait ces quelques critiques : « La scierie est un très bon bâtiment, mais elle coûte cher, et la, construction prend beaucoup plus de temps que M. Brass [...] ne m’avait dit qu’il en faudrait. Je crois que l’homme embauché pour la circonstance est lui-même un très bon artisan, mais il n’a peut-être pas sur les ouvriers l’influence ou l’autorité qu’on attribue à M. Brass. » Que son jugement ait été fondé ou non, Ross signala qu’il fallait réduire les coûts et accélérer la construction, et il envoya immédiatement chercher Brass. Clark éprouva sans doute une certaine déception, mais elle fut probablement atténuée du fait qu’il retrouva sa famille la même année.

En 1782, Isobel Clark et ses trois fils avaient été expulsés de leur ferme de l’état de New York ; ils arrivèrent à Québec à l’automne de l’année suivante. Un autre fils, plus jeune, décrit ainsi leurs épreuves dans ses mémoires : « Ils passèrent l’hiver à Sorel, où ils furent tous affligés de la petite vérole, et, se trouvant seulement entourés d’étrangers dont la plupart parlaient une langue qu’ils ne comprenaient pas, ils eurent à porter un fardeau plus lourd que les souffrances habituelles de la maladie. » Au terme d’une séparation de sept ans, la famille se trouva rassemblée à Cataraqui. En 1785, Clark emmena sa femme et ses enfants à Napanee, où le gouvernement l’embaucha de nouveau pour construire des scieries et des moulins à farine qui furent achevés à la fin de 1786. Même si d’ordinaire il travaillait à Napanee ou à Millhaven, Clark habitait au bord du lac Ontario, dans le canton d’Ernestown, près de la baie Parrotts. En 1791 et 1792, il fit des réparations aux installations de Napanee et dessina les plans d’un nouveau moulin. En fait, c’est peut-être lui qui construisit le moulin de Richard Cartwright* à Napanee, lequel date de 1792. De 1.789 à sa mort, il tenta d’obtenir le titre de propriété d’un lot à Millhaven afin d’y bâtir son propre moulin à farine ; toutefois, le Conseil exécutif ne le lui accorda jamais.

Nommé juge de paix du district de Mecklenburg en 1788, Clark siégea aussi à la Cour des requêtes et fut capitaine dans le 1st Addington Militia. Il fut membre du deuxième groupe de fidèles méthodistes mis sur pied par William Losee dans le canton d’Ernestown ; en fait, les premières assemblées méthodistes se tinrent peut-être chez Clark. Celui-ci versa également des fonds pour l’établissement de la chapelle du canton d’Ernestown ou de la baie Parrotts et entreprit la construction du bâtiment en mai 1792. Le 13 juillet 1790, il siégea aussi au nombre des juges lors du deuxième procès du prédicateur méthodiste itinérant Charles Justin McCarty*, qui était un personnage fort controversé ; le tribunal ordonna finalement que McCarty soit expulsé de la colonie, verdict qui a donné lieu à des débats animés entre historiens.

Les premiers moulins construits par le gouvernement aux deux extrémités de l’établissement de Cataraqui et de la baie de Quinte favorisèrent l’installation des pionniers. Même si le major Ross et l’arpenteur général adjoint John Collins* se sont vu attribuer de grands mérites parce qu’ils avaient jeté les bases des nouveaux établissements, il avait fallu des hommes comme Robert Clark pour concevoir et construire les moulins si essentiels à une économie pionnière. De plus, Clark contribua au développement d’une société plus structurée dans une communauté loyaliste encore jeune.

Larry Turner

Dans quelques études, la carrière de Robert Clark a été confondue avec celle de son homonyme James Clark*. Cette confusion est bien éclaircie dans un document disponible aux QUA, E. [O.] Clark Watson, « The familles of Col. John C. Clark and Col. John Clark » (copie dactylographiée, s.d.), qui comprend aussi un résumé intéressant de la vie de Robert Clark.  [l. t.]

AO, MS 768, A-1, P. M. Clark à Canniff, janv. 1868 ; MU 571 ; RG 22, sér. 156, 1, administration book B (1821–1833) ; RG 40, D-1, no 697.— APC, RG 1, L3, 89 : C1/45 ; 99 : C11/107 ; 108 : C15/80 ; 118 : C19/139 ; 126 : C misc., 1785–95/171 ; 184, Ernestown Mills : 1804/1–10.— BL, Add. mss 21786 : 40–41, 92–95, 104–109, 126, 142 ; 21815 : 59 ; 21827 : 174, 319, 326.— PRO, AO 13, bundle 80 ; WO 28/4 : 273, 281 ; 28/10, part. ii : 286, 317–318 ; part. iv : 464 (mfm aux APC).— QUA, Parrot family papers, file 2, James Parrot, corr. ; file 5, legal docs.— « Grants of crown lands in U.C. », AO Report, 1929 : 62.— « United Empire Loyalists : enquiry into losses and services », AO Report, 1904 : 474.— E. [O.] Clark Watson, Loyalist Clarks, Badgleys and allied familles [...] (2 part. en 1 vol., Rutland, Vt., [1954]), part. ii.— G. F. Playter, The history of Methodism in Canada [...] (Toronto, 1862).— Egerton Ryerson, The loyaliste of America and their times : from 1620 to 1816 (2e éd., 2 vol., Toronto et Montréal, 1880).— T. W. Casey, « Napanee’s first mills and their builder », OH, 6 (1905) : 50–53.— C. C. James, « The origin of Napanee », OH, 6 : 47–49.

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Larry Turner, « CLARK (Clarke), ROBERT (1744-1823) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/clark_robert_1744_1823_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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