TUPPER, CHARLES, ministre baptiste, éducateur et auteur, né le 6 août 1794 dans le canton de Cornwallis, Nouvelle-Écosse, fils de Charles Tupper, fermier, et d’Elizabeth West ; en 1818, il épousa Miriam Low, née Lockhart, et ils eurent cinq enfants, puis, en 1852, Mary Miller et finalement, en 1868, Betsy Knowles, née Dimock ; décédé le 19 janvier 1881 à Tremont, Nouvelle-Écosse.

Les parents de Charles Tupper avaient, quitté le Connecticut pour s’installer en Nouvelle-Écosse au début des années 1760. Après avoir exploité une ferme pendant quelque temps, Tupper commença d’enseigner à Cornwallis en 1813, bien qu’il eût reçu lui-même une instruction limitée. La famille Tupper avait professé le presbytérianisme, mais subit de plus en plus l’influence du révérend Edward Manning*, ministre baptiste de Cornwallis. Après une période d’incertitude et de doute profond, Tupper passa par l’épreuve de la conversion en février 1815 et fut baptisé par immersion le 14 mai de la même année. Sa conversion modifia profondément sa vie car il sentit presque immédiatement l’appel du saint ministère. Il commença de prêcher dès 1816, puisque à cette époque on n’exigeait aucune formation particulière pour l’exercice du ministère baptiste dans les Maritimes. Le 17 juillet 1817, un conseil composé de laïcs des églises de Horton et de Cornwallis et des pasteurs Edward Manning et Théodore Seth Harding lui conféra les ordres.

Tupper exerça son ministère durant 55 ans ; au cours de cette période, il occupa des pastorats en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard. Il ne resta que peu de temps dans la plupart des localités qu’il desservit ; il revint fréquemment dans la région d’Amherst, Nouvelle-Écosse, où, après 1821, il posséda une maison et une petite ferme. Tout en exerçant son ministère, il enseigna maintes fois afin d’augmenter ses maigres et incertains émoluments de pasteur. D’une nature méticuleuse, Tupper tenait un compte rigoureux de ses occupations et, à la fin de sa carrière, il était en mesure de rapporter qu’au cours de son ministère il avait prononcé 8 191 sermons, participé à 7 482 réunions concernant les affaires de l’Église baptiste et fait 16 585 visites à des familles appartenant à son Église.

Le principal apport de Tupper au culte baptiste réside moins dans son travail pastoral que dans ses diverses occupations connexes. En 1824, il se mit à préconiser l’abstinence complète, idée qui ne deviendra populaire dans les Maritimes qu’au bout d’un certain nombre d’années. Il fonda quelques-unes des premières sociétés de tempérance en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick en 1829 et 1830 et continua de prêcher la tempérance jusqu’à sa mort. En 1825, Tupper avait entrepris sa carrière d’auteur qui allait prendre de plus en plus de son temps. Se rendant compte de l’importance croissante de la presse, Tupper compta parmi les premiers à recommander la création d’un journal confessionnel dans le but de présenter le point de vue baptiste et de servir de trait d’union entre les communautés baptistes disséminées sur un vaste territoire. Lorsque les associations baptistes de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick consentirent conjointement à parrainer une telle publication en 1826, Tupper fut nommé rédacteur en chef, le premier, du Baptist Missionary Magazine of Nova-Scotia and New-Brunswick (Saint-Jean, Nouveau-Brunswick), poste qu’il occupa de 1827 à 1833. Pendant le reste de sa vie, il écrivit régulièrement des articles sur la tempérance, l’éducation, les missions et l’histoire de l’Église baptiste pour des journaux religieux des Maritimes et devint ainsi un des principaux apologistes de la foi baptiste. Défenseur de premier plan de l’union baptiste, il contribua à la création de la convention baptiste de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard en 1846.

C’est au cours de ses fréquentes tournées dans les Maritimes que Tupper semble avoir été le plus heureux. Il en profitait alors pour prononcer des sermons et recueillir des abonnements à son journal et des fonds pour la Nova Scotia Baptist Éducation Society. En juin 1825, il devint le premier ministre baptiste ordonné de la Nouvelle-Écosse à visiter l’Île-du-Prince-Édouard. Il y fit une autre tournée en 1827 et occupa la charge de pasteur à Bedeque et à Tryon en 1833 et 1834.

Tupper s’intéressait aussi vivement au domaine de l’éducation. Doué d’une intelligence remarquable, il s’instruisit pratiquement lui-même ; ainsi, en 1859, il savait lire dix langues différentes. Dès 1824, Tupper avait prôné la création d’une maison d’enseignement pour les baptistes de la Nouvelle-Écosse qui étaient à cette époque exclus du King’s College, collège anglican de Windsor. À titre de premier vice-président de la Baptist Éducation Society, il joua un rôle clé dans la fondation de la Horton Academy à Wolfville, Nouvelle-Écosse, en 1828. Dix ans plus tard, lorsque l’école secondaire s’agrandit et devint le Queen’s (Acadia) College, Tupper œuvra avec Edmund Alberti Crawley et divers autres au développement de cette institution. De plus, en 1838 et 1839 et de nouveau en 1842, il assuma la fonction de directeur intérimaire du Fredericton Seminary, école mixte des baptistes du Nouveau-Brunswick. En 1857, l’Acadia Collège lui décerna le titre honorifique de docteur en théologie.

L’un des premiers à préconiser l’idée que les baptistes des Maritimes devraient s’occuper activement des missions étrangères, et particulièrement de celles d’Asie, Tupper siégea pendant bon nombre d’années au Board of Foreign Missions de la convention baptiste. Il écrivit aussi plusieurs livres et brochures, dont Baptist principles vindicated : in reply to the Revd. J. W. D. Gray’s work on baptism, en 1844, qui constituait une défense énergique de la façon de baptiser dans son Église, et Prohibition and anti prohibition : being a series of letters [...] in favor of prohibition, and replies to the same, by John Bent, en 1856, qui montrait que les baptistes considéraient la tempérance comme une question religieuse. Quelquefois entraîné dans des controverses politiques, il fut accusé, en 1837, de conduite « hypocrite [et] servile » parce qu’il avait franchement exprimé son opinion sur les candidats et les enjeux d’une élection dans le comté de Cumberland. Son fils, Charles*, deviendra un homme politique conservateur éminent en Nouvelle-Écosse et au Canada.

Charles Tupper vit la secte baptiste des Maritimes passer de 12 ministres, 26 églises et 1207 disciples en 1815, année de sa conversion, à 195 ministres, 348 églises et près de 39 000 disciples en 1880, année précédant sa mort. Il fut lui-même une des personnalités baptistes les plus marquantes des Maritimes au xixe siècle, et son souci pour l’éducation, la formation des ministres du culte, le journalisme religieux et laïque, la tempérance et l’œuvre missionnaire reflétait fidèlement les intérêts de l’ensemble de la communauté baptiste. Une notice nécrologique déplora sa mort en ces termes : « Un grand homme et un porte-étendard en Israël est tombé. »

Barry M. Moody

Charles Tupper est l’auteur de : Baptist principles vindicated : in reply to the Revd. J. W. D. Gray’s work on baptism (Halifax, 1844) et de Prohibition and anti-prohibition : being a series of letters [...] in favor of prohibition, and replies to the same, by John Bent (Saint-Jean, N.-B., 1856). D’autres ouvrages de Tupper sont répertoriés dans le « Manual of Baptist authors », W. E. McIntyre, compil. (5 vol., copie dactylographiée, 1905), déposé aux Acadia Univ. Arch., Atlantic Baptist Hist. coll.

Atlantic Baptist Hist. coll., Edward Manning corr., 1778–1859.— PANS, ms file, « Cumberland squabbles » (lettre de A. S. Blenkhorn, Minudie, au révérend Charles Tupper, concernant le vote, 25 juin 1837).— Christian Messenger (Halifax), 1863–1881.— The Acadia record, 1838–1953, Watson Kirkconnell, compil. (4éd., Wolfville, N.-É., 1953).— Eleanor Tupper, Tupper genealogy, 1578–1971 (Beverly, Mass., 1972).— I. E. Bill, Fifty years with the Baptist ministers and churches of the Maritime provinces of Canada (Saint-Jean, 1880).— T. D. Denham et al., The history of Germain Street Baptist Church, Saint John, N.B., for its first one hundred years, 1810–1910 (Saint-Jean, 1910).— A. W. H. Eaton, The history of Kings County, Nova Scotia [...] (Salem, Mass., 1910 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).— M. A. Gibson, Along the King’s highway (Lunenburg, N.-É., 1964).— G. E. Levy, The Baptists of the Maritime provinces, 1753–1946 (Saint-Jean, 1946).— R. S. Longley, Acadia University, 1838–1938 (Wolfville, 1939).— Memorials of Acadia College and Horton Academy for the half-century, 1828–1878 (Montréal, 1881).— E. M. Saunders, History of the Baptists of the Maritime provinces (Halifax, 1902).

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Barry M. Moody, « TUPPER, CHARLES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tupper_charles_11F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
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