TROIE, NARCISSE-AMABLE, prêtre, sulpicien, professeur et supérieur, né le 3 avril 1843 à Saint-Rémi-de-La Salle (Saint-Rémi, Québec), fils d’Amable Troie, dit Lafranchise, cultivateur, et de Marie Pinsonneau (Pinsonneault) ; décédé le 15 mars 1919 à Montréal.

Après des études primaires à Saint-Rémi-de-La Salle, terminées en 1855 au petit séminaire de Montréal, Narcisse-Amable Troie poursuit à ce dernier endroit ses études classiques et entre en 1864 au grand séminaire de Montréal. En février 1867, à peine sous-diacre, il accompagne le supérieur, Joseph-Alexandre Baile*, à Paris, où il termine ses études au séminaire de Saint-Sulpice. Après une année à la Solitude d’Issy-les-Moulineaux, il est ordonné prêtre le 6 juin 1868.

Troie revient à Montréal en août et est nommé professeur de philosophie au petit séminaire de Montréal. Il enseigne aux deux groupes des aînés, dont le nombre oscillera entre 21 en 1868–1869 et 35 en 1875–1876, la philosophie scolastique à partir du manuel du sulpicien Jacques Manier, manuel en trois volumes rédigés en latin, imposé par Mgr Ignace Bourget*. En 1875, Troie devient professeur au grand séminaire et y enseigne cinq ans le dogme et cinq ans la morale. Il excelle dans l’enseignement. Malheureusement, en 1885, après 17 ans dans ce domaine, il doit abandonner à cause de maux de gorge. Il est alors nommé vicaire à la paroisse Saint-Jacques, où avec neuf autres sulpiciens il se dévoue au service des fidèles. Troie s’occupe, entre autres, de la Congrégation des hommes de l’Immaculée-Conception, confrérie rattachée à celle des jésuites de Rome, et dirige aussi quelques congrégations de langue anglaise. En 1894, il devient curé de Saint-Jacques.

Le 12 mars 1895, Troie accède à la cure de Notre-Dame de Montréal, desservie par les sulpiciens depuis 1657. C’est une paroisse densément peuplée, où les commerces se multiplient lentement. Comme à Saint-Jacques, Troie regrette que l’administration l’éloigne de la population. Il a dix vicaires ou chapelains qui l’assistent, et ce nombre croît jusqu’à 15 en 1913. Les vicaires enseignent le catéchisme dans les écoles primaires, dirigent des confréries, visitent les malades et aident les pauvres. Deux prêtres assurent le service à la chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours, érigée par Marguerite Bourgeoys* en 1675. Troie représente Saint-Sulpice au conseil de l’université Laval à Montréal. Comme ses deux prédécesseurs, Benjamin-Victor Rousselot* et Léon-Alfred Sentenne, le curé Troie entretient et augmente les bâtiments réservés au culte, achète quatre autres domaines à Côte-des-Neiges et construit des chemins d’accès aux tombeaux du cimetière Notre-Dame-des-Neiges. C’est un administrateur particulièrement prudent. À son arrivée, il a trouvé une dette de 203 000 $. La fabrique dépense 416 000 $ durant les 18 ans où il est curé et, à son départ en 1913, il ne laisse qu’une dette de 111 000 $.

Troie, malade, prend sa retraite en 1913. Toutefois, quatre ans plus tard, même si sa guérison n’est pas complète, il est élu supérieur du séminaire de Saint-Sulpice de Montréal ; il devient le premier Canadien à occuper ce poste. Âgé de 74 ans, Troie est très surpris de ce choix, mais il se met résolument à la tâche. Le séminaire de Saint-Sulpice s’est profondément modifié depuis les années 1860. Sous Louis-Frédéric Colin*, supérieur de 1881 à 1902, les relations avec l’archevêque de Montréal, Édouard-Charles Fabre*, sont devenues cordiales. Tandis que, durant tout le xixe siècle, Saint-Sulpice a compté une majorité de sulpiciens français, situation qui n’était pas sans provoquer un malaise chez les sujets canadiens, en 1900 la communauté regroupe 38 Canadiens et 34 Français. En 1915, les Canadiens sont au nombre de 45, et les Français toujours de 34. Troie s’efforce avec succès de maintenir des relations harmonieuses au sein de la communauté de Montréal. Sa santé cependant se détériore et il meurt presque subitement d’une crise du cœur le 15 mars 1919.

Henri-Pierre Garriguet, supérieur général de Saint-Sulpice, trace ce portrait de Narcisse-Amable Troie au lendemain de sa mort : « C’était une physionomie singulièrement attachante dès le premier aspect, par sa belle couronne de cheveux blancs, son port de tête majestueux, la finesse de ses traits, le son grave de sa voix [... il avait] un esprit clair et précis, un cœur incliné à la bonté mais sans faiblesse. » Il fut regretté dans tous les milieux où Saint-Sulpice avait de l’influence.

Bruno Harel

ANQ-M, CE1-32, 3 avril 1843.— Arch. du séminaire de Saint-Sulpice (Montréal), Carnets de N.-A. Troie, 1906–919 [comme Troie a numéroté toutes les pages, on constate qu’il en a supprimé plusieurs où l’on trouve des questions controversées. b. h.].— [Pierre] Boisard, la Compagnie de Saint-Sulpice ; trois siècles d’histoire (s.l., s.d.).— Le Diocèse de Montréal à la fin du dix-neuvième siècle [...] (Montréal, 1900).— [J.-L.-]O. Maurault, la Paroisse : histoire de l’église Notre-Dame de Montréal (Montréal et New York, 1929) ; Saint-Jacques de Montréal : l’église, la paroisse (Montréal, 1923).

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Bruno Harel, « TROIE, NARCISSE-AMABLE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/troie_narcisse_amable_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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