TARIEU DE LANAUDIÈRE, XAVIER-ROCH (prénommé aussi François-Xavier-Roch), avocat, fonctionnaire et officier de milice, né le 19 avril 1771 à Québec, fils de Charles-François Tarieu* de La Naudière et de Marie-Catherine Le Moyne de Longueuil ; décédé célibataire le 5 février 1813 dans sa ville natale.

Xavier-Roch Tarieu de Lanaudière, treizième d’une famille de 17 enfants, est issu de l’aristocratie seigneuriale et militaire de la colonie. De 1782 à 1787, il étudie au séminaire de Québec. En 1793, il entreprend son stage de clerc chez le notaire Pierre-Louis Deschenaux. L’année suivante, il obtient le poste de secrétaire et de traducteur du gouverneur et du Conseil exécutif, emploi qu’il partage avec Jacques-François Cugnet jusqu’au décès de ce dernier en 1797, puis qu’il assume seul. En janvier 1795, à la suite du départ de Deschenaux pour Trois-Rivières, Lanaudière poursuit sa formation de clerc auprès des avocats Pierre-Stanislas Bédard* et Alexis Caron. En 1801, deux ans après que Lanaudière eut terminé son stage, le lieutenant-gouverneur, sir Robert Shore Milnes*, lui accorde les titres d’avocat, de procureur et de conseiller. Cependant, il ne semble pas avoir pratiqué à temps complet, même s’il conserva son titre toute sa vie et qu’il agit comme procureur et fondé de pouvoir dans certaines transactions à quelques reprises.

Membre de la bonne société de Québec, Lanaudière signe, dès 1785, les adresses de bienvenue et de départ aux administrateurs coloniaux. En 1790, il signe la pétition pour l’obtention d’une université neutre à Québec [V. Jean-François Hubert*]. En 1793 et 1804, il souscrit pour venir en aide aux victimes de sinistres ; il est aussi membre de la Société du feu de Québec depuis 1799. Lanaudière fait également montre d’un attachement soutenu à la couronne britannique. En 1797, il souscrit généreusement au fonds de guerre destiné à soutenir la Grande-Bretagne contre la France. Dix ans plus tard, il visite le Royaume-Uni. Enfin, en 1809, il agit comme maître de cérémonie au cours d’un bal et d’un banquet célébrant une naissance royale.

Après avoir habité successivement les rues Sainte-Famille et Saint-Georges (côte d’Abraham), Lanaudière acquiert, en 1802, une maison au 39 de la rue Saint-Louis, moyennant la somme de £200. Il mène un assez bon train de vie, puisque sa maison compte quelques serviteurs. Lanaudière tire ses revenus principalement de sa fonction de secrétaire et de traducteur, qui lui rapporte £200 annuellement, et de la location d’une maison dans le faubourg Saint-Roch. En plus, il perçoit certains revenus comme propriétaire du huitième de la seigneurie de Saint-Vallier, hérité de ses parents en 1797, pour lequel il manifeste un vif intérêt. Ainsi, en 1810, il poursuit certains de ses censitaires qui, sans permission, ont coupé du foin sur ses propriétés.

Parallèlement à ses occupations de fonctionnaire, Lanaudière fait carrière comme officier de milice. Capitaine à partir de 1798, il est major en 1805 et lieutenant-colonel en 1810. Le 10 octobre 1811, il est nommé adjudant général adjoint de la milice du Bas-Canada. L’imminence d’un conflit avec les États-Unis exige alors une réorganisation complète des forces disponibles, en particulier des troupes de milice. Lanaudière abandonne donc temporairement sa fonction de secrétaire et de traducteur à son neveu Philippe-Joseph Aubert* de Gaspé, pour se consacrer entièrement à l’administration des troupes de miliciens de Québec. Collaborateur de l’adjudant général François Vassal* de Montviel, Lanaudière se rend à Montréal et à Chambly à la fin de 1812. Au début de 1813, il revient à Québec pour témoigner devant un comité de la chambre d’Assemblée. Peu après son retour, Lanaudière éprouve des ennuis de santé et meurt le 5 février 1813, à l’âge de 41 ans. L’inhumation a lieu trois jours plus tard dans la cathédrale Notre-Dame de Québec en présence de nombreuses personnalités civiles et militaires.

Compte tenu de son rang au sein de sa famille, Xavier-Roch Tarieu de Lanaudière n’a pu profiter des avantages conférés à un aîné. Aidé par son entourage, il a pu parvenir néanmoins à occuper des postes intéressants. Cependant, sa carrière n’a ni le lustre ni l’éclat de celle de son père ou de son demi-frère, Charles-Louis. Il reste un petit fonctionnaire dévoué aux autorités britanniques. À la suite de sa disparition, la Gazette de Québec mentionne à son sujet : « Mr. F. X. De Lanaudière étoit un de ces hommes rares dont tous les instans de la vie sont dévoués à la plus scrupuleuse exactitude de leurs devoirs [...] et personne ne la surpassé en zèle pour son Prince. »

Yves Beauregard

ANQ-Q, CE1-1, 20 avril 1771, 8 févr. 1813 ; CN1-83, 23 mars 1793 ; CN1-178, 29 mars 1798, 18 juin 1803 ; CN1-230, 14 janv. 1794, 7 janv. 1795, 7 mars 1797, 7 mai 1798, 7 oct., 21 déc. 1802, 1er avril 1809, 16 nov. 1810 ; CN1-262, 3 mars, 1er, 13 avril 1797, 19 avril 1802, 4 nov. 1803, 10 juill., 8 nov. 1804, 15 mai 1807.— « Les dénombrements de Québec » (Plessis), ANQ Rapport, 1948–1949 : 109, 173.— La Gazette de Québec, 24 nov. 1785, 13 nov., 11 déc. 1788, 15 janv. 1789, 4 nov. 1790, 18 août 1791, 28 nov. 1793, 13 févr., 10 juill. 1794, 3 déc. 1795, 27 avril 1797, 21 mars, 15 août 1799, 10 avril 1800, 14 mai, 12 nov. 1801, 26 mai 1803, 14 juin 1804, 27 juin 1805, 9 juill. 1807, 12 janv., 14 sept. 1809, 10 oct., 17 déc. 1811, 19 mars, 30 avril, 23 juill., 6 août 1812, 11 févr. 1813.— Charland, « Notre-Dame de Québec : le nécrologe de la crypte », BRH, 20 : 276.— Le Jeune, Dictionnaire, 2 : 58.— Tanguay, Dictionnaire, 7 : 262.— Caron, La colonisation de la prov. de Québec, 2.— [François Daniel], Histoire des grandes familles françaises du Canada, ou aperçu sur le chevalier Benoist, et quelques familles contemporaines (Montréal, 1867).— P.-G. Roy, La famille Tarieu de Lanaudière (Lévis, Québec, 1922).— Benjamin Sulte, Histoire de la milice canadienne française, 1760–1897 (Montréal, 1897).— P.-B. Casgrain, « Une autre maison Montcalm à Québec », BRH, 8 (1902) : 329–340.

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Yves Beauregard, « TARIEU DE LANAUDIÈRE, XAVIER-ROCH (François-Xavier-Roch) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tarieu_de_lanaudiere_xavier_roch_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    28 novembre 2024