VASSAL DE MONVIEL, FRANÇOIS (François-Xavier) (les variantes Monteil et Montviel sont des erreurs), officier dans la milice et dans l’armée, fonctionnaire, juge de paix et propriétaire foncier, né le 4 novembre 1759 à Boucherville (Québec), fils de François-Germain Vassal de Monviel et de Charlotte Boucher de La Perrière ; le 18 janvier 1796, il épousa à Boucherville Louise Perrault, fille de feu Jacques Perrault*, dit Perrault l’aîné, marchand de Québec, et ils eurent au moins une fille, Charlotte, qui le 4 septembre 1821 épousa à Québec Louis-Aubert Thomas ; décédé le 25 octobre 1843 à Québec.

Le père de François Vassal de Monviel est un militaire de carrière venu au Canada avec l’armée régulière française pendant la guerre de Sept Ans. Après sa mort, survenue à la suite de la bataille de Sainte-Foy en 1760, sa femme Charlotte Boucher de La Perrière fonde un nouveau foyer pour son fils François en se remariant, en novembre 1765, avec Pierre-René Boucher de La Bruère, futur seigneur de Montarville, qui appartient, comme elle, à la noblesse canadienne. Ce milieu social encourage toujours la pratique du métier des armes. Aussi Boucher de La Bruère, lui-même ancien militaire, doit-il voir d’un bon œil la participation de François à la campagne des Britanniques contre leurs colonies américaines en révolte. Pour le jeune homme, c’est le début d’une carrière bien remplie dans la milice et dans l’armée.

Vassal de Monviel, âgé d’à peine 17 ans, joint les rangs des compagnies auxiliaires canadiennes en 1776. L’année suivante, il prend part à titre d’enseigne au siège du fort Stanwix (Rome, New York). Il est en service actif jusqu’en 1783 ; après la guerre, il fait un voyage en France pour régler des affaires de famille. En 1787, on lui reconnaît le grade d’enseigne provincial et une demi-solde. On lui accorde alors 500 arpents de terre près de la seigneurie de Beauharnois en récompense de ses services. Certains Canadiens auront la chance d’être appuyés par les autorités coloniales pour décrocher un grade d’officier dans l’armée régulière. Vassal de Monviel est sans doute l’un de ceux-là, puisqu’en 1796 il est dit lieutenant dans le 7th Foot (Royal Fusiliers), régiment en garnison au Canada de 1791 à 1802.

L’année suivante, en 1797, Vassal de Monviel obtient une commission de capitaine dans le Royal Canadian Volunteer Regiment, auquel il appartient jusqu’en 1802, date à laquelle ce corps est licencié. En décembre 1807, pendant le mandat du gouverneur sir James Henry Craig*, on le nomme adjudant général adjoint de la milice du Bas-Canada, puis le 9 octobre 1811 il accède à la position la plus importante de la milice bas-canadienne, celle d’adjudant général. Il remplace alors François Baby*, qui se fait vieux, au moment où les États-Unis menacent la colonie britannique. Cette nomination tient compte de l’expérience militaire de Vassal de Monviel, tant au Canada qu’à l’étranger. Au cours de la guerre de 1812, on lui demande même occasionnellement d’effectuer des travaux généralement confiés à l’adjudant général de l’armée britannique.

Vassal de Monviel est sûrement l’un des officiers les plus soucieux d’efficacité et les plus compétents de la milice. En 1813, il propose un plan de mobilisation massive de la milice sédentaire en cas d’invasion importante par les Américains. Ce plan révèle des considérations tantôt tactiques, notamment l’emploi des Canadiens pour mener une guerre de guérilla, tantôt pratiques, comme la formation de trois brigades composées de 5 088 miliciens sédentaires chacune et tirées des différentes divisions de la province. En octobre de la même année, 11 295 miliciens de la région de Montréal sont conscrits, en vertu d’une décision inspirée en partie de ce plan. Pour le bien du service, Vassal de Monviel aimerait également que les charges d’officiers de la milice sédentaire deviennent vénales ; à son avis, cette mesure éviterait que ces postes ne constituent le refuge des hommes qui veulent se soustraire au service actif.

Après la guerre de 1812, Vassal de Monviel demeure adjudant général jusqu’en 1841, ce qui lui rapporte annuellement pas moins de £320 à £500, parfois même davantage. Il reçoit aussi 1200 acres de terre dans le canton de Frampton en retour des services qu’il a rendus pendant le conflit, puis 1 200 autres en 1828.

Si ce n’est sa carrière militaire, Vassal de Monviel ne connaît pas une vie publique très chargée ou mouvementée. En 1810, il tente de se faire élire à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada, mais sans succès, et il n’est commissaire des transports du district de Québec que durant une brève période, de novembre 1812 à avril 1813. Toutefois, il obtient des commissions de juge de paix de 1813 à 1828 et est nommé, en 1815, commissaire chargé d’étudier les demandes d’indemnités des miliciens victimes de la guerre de 1812, puis commissaire responsable de la construction des églises et des presbytères, de 1816 à 1830. De plus, il est suffisamment populaire pour compter sur l’appui des citoyens de la ville de Québec, qui contribuent à la souscription organisée dans le but de lui venir en aide après l’incendie de sa maison en décembre 1824.

Vassal de Monviel semble avoir effectué consciencieusement son travail d’adjudant général, puisqu’en décembre 1829, devant le comité spécial de la chambre d’Assemblée chargé d’analyser les effets de la remise en vigueur de l’ordonnance de 1787 sur l’organisation de la milice, son témoignage ne provoque pas de remous malgré l’opposition apparente du parti patriote à cette mesure. Cependant, au début de cette année-là, il a soulevé la colère de l’administrateur sir James Kempt*, mécontent que l’adjudant général ait fait imprimer et circuler, sans le lui avoir préalablement soumis, l’état des milices précédé de la malheureuse liste des nombreuses destitutions ordonnées par lord Dalhousie [Ramsay].

L’imposante correspondance qu’entretient François Vassal de Monviel dans le cadre de ses fonctions laisse très peu de place à l’interprétation, puisqu’il ne s’y révèle pas ; il se contente d’accomplir avec soin et diligence sa besogne, qui consiste à transmettre les ordres de ses supérieurs. Doté d’un « caractère irréprochable », note la Minerve, il s’est montré capable de remplir une tâche délicate et importante, car il savait conserver à la fois la confiance des autorités et celle de ses concitoyens.

Roch Legault et Luc Lépine

ANQ-Q, P1000-102-2057.— APC, MG 24, G5 ; RG 9, I, A1, 69 : 18–19 ; 72 : 104–106 ; A3, 3 ; 5 ; RG 68, General index, 1651–1841.— ASQ, Fonds Viger-Verreau, Sér. O, 0144 : 207–209.— Bibliothèque nationale du Québec (Montréal), RES, AB, 43.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1816–1841 ; Rapport du Comité spécial auquel a été référé cette partie de la harangue de son excellence relative à l’organisation de la milice (Québec, 1829).— « Nos miliciens de 1813 », BRH, 2 (1896) : 168.— L.-J. Papineau, « Correspondance » (Ouellet), ANQ Rapport, 1953–1955 : 267–268, 352.— Recensement de Québec, 1818 (Provost), 259.— La Gazette de Québec, 8 mars 1810.— La Minerve, 2 nov. 1843.Almanach de Québec, 1795–1804.— Caron, « Inv. des doc. relatifs aux événements de 1837 et 1838 », ANQ Rapport, 19251926 : 307, 310.— Catalogue collectif des mss (Maurice ; 1975), 2 : 1276.— Historical record of the Seventh Regiment or the Royal Fusiliers [...], Richard Cannon, compil. (Londres, 1847), 34–36.— H. J. Morgan, Sketches of celebrated Canadians, 92–93.— Officers of British forces in Canada (Irving), 100.— Ouellet, « Inv. de la saberdache », ANQ Rapport, 1955–1957 : 115, 120, 123–124, 126, 128–130, 140, 143, 149–150, 153.— Michelle Guitard, Histoire sociale des miliciens de la bataille de la Châteauguay (Ottawa, 1983), 21.— Roch Legault, « les Aléas d’une carrière militaire pour les membres de la petite noblesse seigneuriale canadienne, de la Révolution américaine à la guerre de 1812 » (thèse de m.a., univ. de Montréal, 1986).— Luc Lépine, « la Participation des Canadiens français à la guerre de 1812 » (thèse de m.a., univ. de Montréal, 1986).— Sulte, Hist. de la milice, 19.— Montarville Boucher de La Bruère, « le « Livre de raison » des seigneurs de Montarville » », Cahiers des Dix, 4 (1939) : 243–270.— Philéas Gagnon, « le Club des douze apôtres », BRH, 4 (1898) : 90.— P.-G. Roy, « les Officiers de Montcalm mariés au Canada », BRH, 50 (1944) : 277–278.— Régis Roy, « Vassal de Monviel », BRH, 23 (1917) : 20.— « Le « Royal Canadien » ou « Royal Canadian Volunteers » », BRH, 7 (1901) : 372.— Benjamin Sulte, « Vassal de Monviel », BRH, 15 (1909) : 317.

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Roch Legault et Luc Lépine, « VASSAL DE MONVIEL (Monteil, Montviel), FRANÇOIS (François-Xavier) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/vassal_de_monviel_francois_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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