TAREHA (Atarhea, Tarrigha, Tarsha, Tharca), chef onneiout ; circa 1691–1695.

Le 10 juin 1693, d’après le père de Charlevoix*, il parvint à Montréal en compagnie de Saint-Amour, captif des Iroquois depuis quatre ans. Il voulait l’échanger contre son neveu, prisonnier à la mission Saint-François-Xavier du saut Saint-Louis (rapides de Lachine). Aussitôt, Louis-Hector de Callière* envoya Tareha à Québec, où Frontenac [V. Buade] consentit à l’échange. L’Indien avait présenté au gouverneur une lettre du père Millet*, jésuite, comme gage de sa sincérité. Il lui offrit des colliers de porcelaine au nom des plus importantes familles d’Onneiouts, et notamment de la sienne, qui avait adopté le père Millet. Il avertit Frontenac que les Français devaient se tenir aux aguets à l’époque de la moisson. Les Iroquois désiraient la paix, ajouta-t-il, et s’il réussissait à réconcilier son canton avec les Français, il viendrait passer le reste de ses jours à la mission Saint-François-Xavier. Par son entremise, le comte de Frontenac demanda aux Cinq-Nations de lui envoyer, en septembre, chacune deux ambassadeurs, parmi lesquels il désirait voir Teganissorens*, le célèbre orateur onontagué.

Vers la fin de septembre, Tareha revint à Québec accompagné seulement de Gouentagrandi, une femme de sa cabane, qui s’était toujours montrée bienveillante à l’égard des prisonniers français ; elle avait été baptisée quelques années plus tôt par le père Millet et avait reçu le nom de Suzanne. Le comte se fit assez accueillant. Tareha s’excusa de n’être pas entouré des délégués de son canton en rejetant le blâme sur les Anglais. Comme l’avait suggéré Benjamin Fletcher, gouverneur de New York, l’Indien recommanda à Frontenac de ‘se faire représenter à Albany où les Anglais voulaient, disait-on, négocier avec les Français et les Indiens. Indignation de Frontenac, qui congédia Tareha, non sans lui avoir fait les présents d’usage.

Teganissorens et huit députés parurent enfin à Québec au mois de mai 1694. Ce n’est que le 1er novembre, après la libération de Millet, que Tareha et les deux ambassadeurs onneiouts y débarquèrent ; ils furent mal accueillis par l’irritable Frontenac, qui se calma cependant sur le témoignage du jésuite, à qui Tareha avait « rendu de bons services durant sa captivité ».

Tareha, selon les Onneiouts, qui évoquèrent son souvenir en 1757, a vécu au temps de Philippe de Rigaud* de Vaudreuil, et s’est toujours montré l’allié des Français.

Henri Béchard

Correspondance de Frontenac (1689–99), RAPQ, 1927–28 : 211.— NYCD (O’Callaghan and Fernow), III.— W. M. Beauchamp, A history of the New York Iroquois, now commonly called the Six Nations (« New York State Museum Bull. », 78, Albany, 1905).— Charlevoix, Histoire de la N.-F., II.— E. J. Devine, Historic Caughnawaga […] (Montréal, 1922), 112–115.

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Henri Béchard, « TAREHA (Atarhea, Tarrigha, Tarsha, Tharca) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tareha_1F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
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