SWEATMAN, ARTHUR, ministre de l’Église d’Angleterre, professeur et archevêque, né le 19 novembre 1834 à Londres, fils de John Sweatman, médecin, et d’une prénommée Anne ; le 30 juillet 1868, il épousa à Islington (Londres) Susanna Garland, et ils eurent quatre fils et trois filles ; décédé le 24 janvier 1909 à Toronto.

Arthur Sweatman fit ses études en Angleterre, d’abord dans des écoles privées de Blackheath (Londres) et de Hampstead (Londres), puis à la University College School de Londres. Entré au Christ’s College de Cambridge en 1855, il obtint une licence en mathématiques quatre ans plus tard et une maîtrise ès arts en 1862. Il fut ordonné diacre en 1859 et prêtre l’année suivante.

Sweatman œuvra d’abord surtout auprès des jeunes. Déjà, à l’âge de 15 ans, il avait enseigné à l’école du dimanche ; à Cambridge, il était surveillant d’une école de ce genre. Après son ordination, il fut, de 1859 à 1863, vicaire à l’église Holy Trinity à Islington ; au cours de cette période, plus précisément en 1860, il fonda l’Islington Youths’ Institute, ce qui en fit un pionnier du mouvement des cercles pour garçons. Pendant qu’il était vicaire de St Stephen, à Canonbury, à compter de 1863, il enseigna à l’Islington Proprietary School. En 1865, au cours d’un voyage en Angleterre, le directeur du Huron College de London, au Haut-Canada, Isaac Hellmuth, entendit parler de son travail auprès de la jeunesse. Impressionné, il le convainquit de devenir le premier directeur d’un pensionnat anglican du diocèse de Huron, le London Collegiate Institute. Sweatman exerça cette fonction jusqu’en 1871, enseigna les mathématiques à l’Upper Canada College de Toronto en 1871–1872, fut rector de l’église Grace, à Brantford, de 1872 à 1874, puis dirigea à nouveau le Hellmuth Boys’ College (nouveau nom du London Collegiate Institute) de 1874 à 1876. Ensuite, de 1876 à 1879, il assuma la charge de l’église New St Paul de Woodstock, dont il supervisa la construction, tout en étant archidiacre de Brant.

En mars 1879, le synode du diocèse de Toronto se réunit afin d’élire le successeur de feu l’évêque Alexander Neil Bethune*. Les rivalités entre factions étaient si fortes que, au bout de cinq jours, les électeurs n’étaient toujours pas parvenus à s’entendre [V. George Whitaker*]. Finalement, ils choisirent un candidat de compromis, Sweatman, parce qu’ils lui prêtaient un tempérament conciliant. Il fut sacré le 1er mai. Au cours de sa première adresse au synode, il surprit bon nombre de ses auditeurs en proclamant son adhésion au courant évangélique de ce qu’il appela « notre Église réformée » et en critiquant ouvertement la confession régulière, le ritualisme et la doctrine de la présence réelle dans l’Eucharistie. Il s’assura ainsi la sympathie des laïques de son diocèse, qui, dans leur très grande majorité partageaient ses vues. Dans les années suivantes, cependant, il allait gagner la confiance de son clergé, généralement adepte de la Haute Église, grâce à la loyauté qu’il lui manifesta, à son amour de la règle ecclésiastique et à sa tolérance. Il reste qu’il se distingua surtout par ses qualités d’administrateur. Au fil des 28 années de son épiscopat, il allait donner à son diocèse santé financière, confiance et efficacité, alors qu’il l’avait trouvé criblé de dettes, démoralisé et mal organisé.

Sweatman procéda d’abord à des réformes financières. Le diocèse n’avait jamais reçu d’indemnités pour la perte quasi totale de ses principales sources de revenu : les réserves du clergé (et les fonds de conversion qui les avaient remplacées), les cotisations des membres de la Church Society et les donations en provenance d’Angleterre. Systématiquement, Sweatman constitua des dotations et amassa des dons auprès des laïques. En outre, il rationalisa la cotisation paroissiale, améliora la tenue des livres comptables et la gestion des finances, et affecta en 1903 un représentant diocésain auprès des missions, Hillyard Cameron Dixon. Le fait que Toronto devenait un centre financier et commercial ainsi qu’un point névralgique des réseaux de transport l’aida énormément.

Au début de l’épiscopat de Sweatman, les anglicans du courant évangélique et ceux de la Haute Église avaient chacun leur société missionnaire, leur journal et leur programme d’écoles du dimanche. Intrigues et débats passionnés dominaient les assemblées annuelles du synode. Sweatman mit un frein à cette guerre théologique. Il encouragea les deux parties à collaborer aux œuvres du diocèse, renouvela les règles de l’administration synodale et tenta d’être équitable envers tous. À sa mort, il subsistait des dissensions théologiques, mais les factions du synode et les organisations distinctes de chaque groupe avaient disparu.

En outre, Sweatman modernisa l’administration diocésaine. Il révisa les canons et la procédure du diocèse, réorganisa et augmenta le personnel, appliqua de nouvelles méthodes de gestion et donna plus de responsabilités aux laïques. En nommant Edward Blake* au poste vacant de chancelier diocésain qu’il allait occuper de 1883 à 1890, il montra qu’il entendait exercer son autorité dans le cadre bien défini du régime synodal, et non pas user de la prérogative épiscopale. Le soutien qu’il apporta, dès le début, à des groupements féminins comme le Woman’s Auxiliary, qui devint probablement l’organisation anglicane la plus efficace du Canada, se révéla fructueux à long terme. De plus, Sweatman « ordonna » (c’était le mot qu’il employait) les premières diaconesses anglicanes du pays.

Au cours de son épiscopat, Sweatman veilla à ce que son Église prenne de l’expansion afin de répondre aux besoins d’une région en pleine croissance. Il visitait chaque coin de son diocèse aussi souvent que possible et confirma 45 000 fidèles. Il nomma 26 diaconesses et fit passer de 119 à 200 le nombre de ses ministres. De 165, le nombre d’églises fut porté à 251, et beaucoup furent reconstruites.

Sweatman connut son pire échec, et sa plus cruelle déception, avec son projet de cathédrale. Celle dont il avait hérité, St James, était simplement une église paroissiale qui servait de siège à l’autorité épiscopale en vertu d’un contrat. Il créa une fondation indépendante, St Alban, et s’en fit le doyen. Dans son esprit, la nouvelle cathédrale serait le foyer de l’œuvre éducatrice et missionnaire du diocèse, en même temps que le centre de planification de ses divers programmes. Il posa la première pierre de l’édifice en 1887, mais comme ses diocésains se gardaient bien de montrer un quelconque enthousiasme pour le projet, seul le chœur et le sanctuaire, tout à fait ordinaires d’ailleurs, furent achevés. Ces éléments forment à présent l’église St Alban the Martyr, avenue Howland, où se trouvait aussi la résidence de l’évêque.

D’un naturel réservé, Sweatman était grand et digne. Il parlait avec une certaine hésitation et un accent affecté. Ses sermons étaient raffinés et sincères, mais ternes. Il adorait se retirer dans son chalet de l’île Toronto, Happy-Go-Lucky, diriger les offices d’été dans la petite église St Andrew, tout à côté, et passer l’après-midi à faire de la voile. Il avait gardé son affection pour les enfants. Hector Willoughby Charlesworth*, qui, dans son enfance, avait vécu près de chez lui, rappelait : « Il s’arrêtait et vous tapotait la tête d’un air distrait et disait quelque chose d’assez anodin mais de très touchant. »

Bien que, en général, Sweatman ait évité la controverse, il prônait avec ardeur la tempérance et l’observance du jour du Seigneur. Il lui arriva de débattre avec John Joseph Lynch*, l’archevêque catholique de Toronto, de questions théologiques comme : Faut-il vénérer les saints ? ou : Les anglicans peuvent-ils espérer le salut ? Son attitude envers les protestants des autres Églises était beaucoup plus œcuménique que celle de ses prédécesseurs, et il militait dans la Bible Society, l’Evangelical Alliance, la Lord’s Day Alliance et le Moral Reform Council of Canada. Toute sa vie, il trouva plaisir à œuvrer auprès des jeunes ; un de ses premiers gestes, à titre d’évêque, fut de fonder la Church of England Sunday School Association. Particulièrement dévoué aux missions intérieures et étrangères, il contribua à la fondation de la Société des missions de l’Église anglicane en Canada. De plus, il présida le comité qui, en août 1890, rédigea le plan d’organisation qui visait à réunir les provinces anglicanes du Canada en une Église nationale gouvernée par un synode général.

Arthur Sweatman eut une attaque d’apoplexie en 1905 et subit une intervention chirurgicale, mais, malgré une période de convalescence et le fait que la maladie le frappa encore, il continua à exercer son ministère. Le 16 janvier 1907, la province ecclésiastique anglicane du Canada l’élut métropolitain, donc archevêque de Toronto. Le synode général de l’Église d’Angleterre au Canada, qui se réunit au même moment, l’élut primat de l’Église canadienne à la suite de William Bennett Bond. Il mourut de broncho-pneumonie deux ans plus tard. Pendant son épiscopat, plusieurs universités lui avaient décerné des diplômes honorifiques : Cambridge un doctorat en théologie en 1897, le Trinity College de Toronto un doctorat en droit civil en 1882 et un doctorat en théologie en 1907, Durham un doctorat en droit civil en 1897 et Oxford un doctorat en théologie la même année.

Alan L. Hayes

Une modeste collection des papiers d’Arthur Sweatman se trouve aux EEC, Diocese of Toronto Arch., PI-1, Swt. Ses principaux écrits sont ses rapports annuels, parus dans Église d’Angleterre au Canada, Diocese of Toronto, Journal of the synod, 1879–1907. Ses publications comprennent aussi deux sermons, A sermon preached in Grace Church, Brantford, on Sunday morning, November the 10th, 1872 [...] (Brantford, Ontario, 1872), et A farewell sermon preached in St. Paul’s Church, Woodstock, on Sunday evening, 13th April 1879 ([Woodstock, Ontario ?, 1879], des exemplaires sont conservés aux EEC, General Synod Arch. (Toronto) ; et Charge of the bishop of Toronto to the synod : report of the Church Association and meeting of the Protestant Episcopal Divinity School of Toronto, 1879 (Toronto, 1879), dont des extraits ont été publiés à titre posthume sous le titre de The Church of England in Canada ; extracts from the first charge of his grace the late Archbishop Sweatman, delivered by him at Toronto, June 10, 1879, called by him « My declaration of faith » and by evangelicals « Our magna carta » ([Toronto, 1910 ?]) ; et A sketch of the history of the parish of Woodstock ([Wood stock, Ontario, 1902 ?]). Il est aussi co-auteur, avec William Clark, de « History of the Church of England in Ontario » dans Canada, an encyclopœdia (Hopkins), 2 : 327–335. Des exemplaires d’une lettre pastorale publiée par Sweatman, Cathedral of St. Alban the Martyr, Toronto : its origin, purpose, and present position ; a pastoral from the lord bishop of the diocese (Toronto, 1886), se trouvent dans ses papiers aux archives du diocèse de Toronto et à la MTRL ; elle est aussi disponible sur microfiche, Répertoire de l’ICMH.

GRO-L, Marriage certificate, Holy Trinity (Islington [Londres]), 30 juill. 1868.— Daily Mail and Empire, 25–28 janv. 1909.— Globe, 25–28 janv. 1909.— Toronto Daily Star, 25–28 janv. 1909.— Canadian Churchman, 26 janv. 1909.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— Charlesworth, Candid chronicles.— The clergy list [...] (Londres), 1860–1909.— W. G. Cooke, « The diocese of Toronto and its two cathedrals », Canadian Church Hist. Soc., Journal (Toronto), 27 (1985) : 98–115.— Crockford’s clerical directory [...] (Londres), 1860–1909.— Cyclopœdia of Canadian biog. (Rose), 1.— William Dendy, Lost Toronto (Toronto, 1978).— Dominion Churchman, 20 déc. 1888.— W. McG. Eagar, Making men : the history of boys’ clubs and related movements in Great Britain (Londres, 1953), 160–165.— Église d’Angleterre au Canada, General Synod, Year book and clergy list (Toronto), 1892–1909.— A. L. Hayes, « Repairing the walls : church reform and social reform, 1867–1939 », By grace co-workers : building the Anglican diocese of Toronto, 1780–1989, A. L. Hayes, édit. (Toronto, 1989), 43–95.— The roll of pupils of Upper Canada College, Toronto, January, 1830, to juin, 1916, A. H. Young, édit. (Kingston, Ontario, 1917).— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell).— G. J. Stortz, « Archbishop John Joseph Lynch and the Anglicans of Toronto, 1860–1888 », Canadian Church Hist. Soc., Journal, 27 (1985) : 3–17.

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Alan L. Hayes, « SWEATMAN, ARTHUR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/sweatman_arthur_13F.html.

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Auteur de l'article:    Alan L. Hayes
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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