CHADWICK, EDWARD MARION, avocat, héraldiste et généalogiste, né le 22 septembre 1840 près de Jerseyville, canton d’Ancaster, Haut-Canada, troisième fils de John Craven Chadwick et de Louisa Bell ; le 28 juin 1864, il épousa à Toronto Ellen Byrne Beatty, puis le 20 février 1868, dans la même ville, Maria Martha Fisher, et ils eurent cinq fils et deux filles ; décédé à cet endroit le 15 décembre 1921.
Nord-Irlandais d’origine, John Craven Chadwick arriva dans le Haut-Canada vers 1837 et s’installa dans le canton d’Ancaster. Vers 1850, lui-même et les siens s’établirent à Guelph, où il fut juge de paix et œuvra au sein de l’Église d’Angleterre. La grande famille Chadwick possédait de vastes terres et faisait partie des notables de la région de Guelph.
Edward Marion Chadwick ne devait guère avoir dépassé l’âge minimum requis, soit 16 ans, lorsqu’il se mit à l’étude du droit à Toronto. À l’époque, la formation dans cette discipline s’acquérait surtout par un apprentissage auprès d’un praticien reconnu, mais les étudiants avaient une liste de lectures sur lesquelles la Law Society of Upper Canada leur faisait passer des examens. Chadwick et son condisciple Calvin Browne compilèrent, à l’intention des autres étudiants, un ouvrage impressionnant paru à Toronto en 1862. Ce dernier était conçu, soulignaient-ils, « pour aider [l’étudiant] à utiliser les livres sur lesquels il sera[it] interrogé, et non pour les remplacer ». Chadwick écrirait de nombreux livres et opuscules, mais ce serait son seul « livre de droit ».
Admis comme solicitor en 1862, Chadwick fut reçu au barreau l’année suivante. En février 1863, il s’associa à William Henry Beatty*, qui tirerait si bien parti de sa parenté par alliance avec les Gooderham et les Worts que, avant même la fin du siècle, leur cabinet serait le plus important au pays. Chadwick et Beatty seraient associés pendant près de 50 ans. En 1864, Chadwick épousa la sœur de Beatty, Ellen Byrne, qui mourut malheureusement en février de l’année suivante à l’âge de 21 ans, probablement pendant qu’elle accouchait.
Chadwick s’occupait surtout de transferts de propriété et de successions. Il reçut le titre de conseiller du roi en 1910, sans jamais avoir sollicité cet honneur. D’après John Beverley Robinson, qui travailla au cabinet à compter de 1918, Chadwick concevait la plupart des formules – actes divers, procurations, hypothèques et autres. En outre, il était reconnu pour éviter le verbiage et faire fi de la ponctuation, convaincu que, « si les mots ne parlaient pas d’eux-mêmes sans ponctuation, [c’était que] la rédaction de l’acte laissait à désirer ».
Très actif au sein de l’Église d’Angleterre à Toronto, Chadwick favorisait la Haute Église plutôt que l’aile évangélique. Il fut représentant au synode diocésain et au synode provincial. À compter de 1883, il joua un rôle déterminant dans un important projet dont la réalisation fut semée d’embûches : la construction de la cathédrale St Alban the Martyr juste au nord de l’endroit où se trouvaient alors les limites de la ville, dans le secteur appelé par la suite Annex. Le terrain avait appartenu à sir William Pearce Howland*, qui l’avait vendu à un syndicat d’hommes d’affaires dirigé par William Henry Beatty et son propre fils Oliver Aiken. Ensuite, le syndicat vendit quatre acres et demi au diocèse et offrit à l’évêque Arthur Sweatman* de l’aider financièrement à mettre sa cathédrale en chantier. Pour ces hommes d’affaires, celle-ci serait la pièce maîtresse d’un nouveau lotissement résidentiel. Dès que les travaux furent assez avancés, on commença à y célébrer des offices. Chadwick s’installa dans une maison de l’avenue Howland, en face de la cathédrale, où il assumait les fonctions de chanoine laïque et de trésorier. Puis des difficultés financières survinrent, et l’on se mit à lui reprocher d’être trop intervenu dans l’affaire. Non seulement s’était-il occupé du transfert de propriété et des transactions immobilières pour le syndicat, mais il avait appartenu au comité de construction de la cathédrale et exercé des pressions pour que la conception de l’édifice soit confiée à son fils William Craven Vaux, architecte. En réponse à ces attaques, il publia à compte d’auteur un opuscule où il faisait l’historique du projet et expliquait, naïvement mais sincèrement, qu’il avait agi de manière désintéressée.
Comme Chadwick était le cofondateur d’une firme dans laquelle les relations familiales comptaient beaucoup, on ne doit peut-être pas se surprendre qu’il ait été un généalogiste réputé. Sa surdité progressive l’amena à se consacrer de plus en plus à la recherche généalogique. Inspiré en partie par le centenaire de la fondation de la province, il écrivit Ontarian families (Toronto, 1894–1898), ambitieuse étude en deux volumes sur les familles souches, loyalistes notamment. De 1898 à 1901, il poursuivit ses travaux en collaborant à un trimestriel, l’Ontarian Genealogist and Family Historian. En outre, il réalisa une étude généalogique sur sa propre famille, The Chadwicks of Guelph and Toronto […], publiée à compte d’auteur en 1914.
Chadwick était l’un des plus grands héraldistes du Canada. D’ailleurs, Ontarian families contient de nombreuses armoiries étudiées par lui et dessinées de sa main. Il prenait une part active à des débats sur des questions comme : existe-t-il des lois sur l’acquisition et la réglementation des armoiries ? (Il croyait que non). En 1901, il publia Ye armiger, la première étude héraldique écrite dans une perspective canadienne. Partisan de l’utilisation de la flore et de la faune du pays en héraldique, il contribua au choix de la feuille d’érable comme symbole national. En outre, il dessina l’écusson de la Saskatchewan en 1905, les armoiries du synode général de l’Église d’Angleterre au Canada en 1908 et un ajout à l’écusson de l’Ontario en 1909.
Ayant grandi à proximité de la réserve Six-Nations, Chadwick s’était pris d’intérêt et de sympathie pour les nations autochtones du Canada et en était venu à compter beaucoup d’amis amérindiens. Les Mohawks le nommèrent chef honoraire du clan de la Tortue. Le nom Shagotyohgwisaks, c’est-à-dire « celui qui cherche à rassembler les gens », lui fut donné parce qu’il avait préconisé la formation d’un régiment de miliciens des Six-Nations. (Lui-même officier des Queen’s Own Rifles de 1866 à 1882, il détenait le grade de major au moment de sa retraite.) Les insignes autochtones qu’il collectionnait se trouvent maintenant au Musée royal de l’Ontario. On lui doit aussi un livre sur les Iroquois, leur généalogie, leurs symboles et leurs coutumes, The people of the longhouse, paru à Toronto en 1897.
Edward Marion Chadwick mourut chez lui à Toronto le 15 décembre 1921. Son service funèbre, présidé par l’évêque James Fielding Sweeney*, eut lieu à St Alban, l’église à la construction de laquelle il avait contribué. On l’inhuma au cimetière St James.
Le guide pour les étudiants en droit qu’Edward Marion Chadwick a rédigé avec Calvin Browne a paru sous le titre Osgoode Hall examination questions ; given at the examinations for call with and without honours, and for certificates of fitness, with concise answers [...] (Toronto, 1862). Son plaidoyer en faveur du projet (non réalisé) de cathédrale a été publié à compte d’auteur sous le titre Monograph of the Cathedral of St. Alban the Martyr, 1920–21 (Toronto, 1921 ; exemplaire à l’Église anglicane du Canada, Diocese of Toronto). L’ouvrage de Chadwick intitulé Ontarian families : genealogies of United-Empire-Loyalist and other pioneer families of Upper Canada (2 vol., Toronto, 1894–1898) a fait l’objet d’un certain nombre de réimpressions, dont la plus récente date de 1972. Pour avoir plus de détails sur les éléments mentionnés dans le texte et sur d’autres écrits de Chadwick, voir ICMH, Répertoire, et R. M. Black, cité plus bas. Le 22 mai 1908, Chadwick a fait don au gouvernement de l’Ontario d’un manuscrit en trois volumes intitulé « An ordinary of arms borne in the province of Ontario ». L’original ainsi qu’une copie sur microfiches sont conservés à l’Ontario Legislative Library, Toronto.
Arch. du Barreau du Haut-Canada (Toronto), 1-5 (Convocation, rolls), barristers’ roll, 1863, 1880.— Église anglicane du Canada, Diocese of Toronto Arch., St Alban-the-Martyr (Toronto), records.— Fasken Martineau DuMoulin Arch. (Toronto), J. B. Robinson, mémoires ; coupure de journal non identifiée collée dans l’exemplaire du livre de Chadwick appartenant au bureau et intitulé Ontarian families, qui concerne les obsèques de Chadwick : « Honored in death : Bishop Sweeney pays high tribute at service in St. Alban’s ».— Irish Law Soc. Arch. (Dublin), E. M. Chadwick à Violet Baker, 23 sept. 1921 (copie aux Fasken Martineau DuMoulin Arch.).— Globe, 16 déc. 1921.— Toronto Daily Star, 17 déc. 1921.— R. M. Black, « Shagotyohgwisaks : E. M. Chadwick and Canadian heraldry », l’Héraldique au Canada (Ottawa), 24 (1990), nº 3 : 2–17.
C. Ian Kyer, « CHADWICK, EDWARD MARION », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/chadwick_edward_marion_15F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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