SOUTHACK, CYPRIAN, cartographe, commandant de marine, membre du Conseil de la Nouvelle-Écosse, né en 1662 à Londres, Angleterre, fils de Cyprian Southack et d’Elizabeth Oakley ; il épousa Elizabeth Foy qui lui donna onze enfants ; décédé à Boston le 27 mars 1745 (ancien style).

Cyprian Southack se fit navigateur suivant en cela les traces de son père, lieutenant de marine sous Charles II. Il n’avait que dix ans lorsqu’il assista à la bataille entre la flotte anglo-française et la flotte hollandaise dans la baie de Southwold, au sud-est de l’Angleterre. Il se rendit à Boston en 1685 et ne tarda pas à s’y établir une solide renommée de cartographe et de corsaire. Il entra au service de la colonie du Massachusetts en 1690 lorsque celle-ci loua le vaisseau de ligne Mary, dont il était à la fois le commandant et le copropriétaire, pour l’utiliser lors de l’expédition contre Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.) sous les ordres de sir William Phips*. Après la chute de Port-Royal, Southack se rendit d’abord à l’île du Cap Sable où il livra combat aux Indiens alliés des Français puis à Chedabouctou (Guysborough, N.-É.) où il réduisit le fort Saint-Louis [V. Charles Duret* de Chevry] et à Terre-Neuve afin d’y attaquer les avant-postes français. Ces missions marquèrent pour Southack le début d’une longue période passée au service du gouvernement du Massachusetts.

En mars 1692, les autorités l’envoyèrent à la baie Française (baie de Fundy), avec le capitaine John Alden*, avec mission de donner la chasse à un corsaire français – il est possible que ce soit Pierre Maisonnat* – qui opérait dans ces eaux. Plus tard la même année, on lui donna l’ordre de croiser dans les eaux de la baie de Massachusetts et à l’est jusqu’à Casco (Maine) afin de protéger les navires marchands. À l’été de 1696, on le nomma commandant du premier des bâtiments qui porta le nom de Province Galley, un petit vaisseau armé de dix canons qui avait été construit en 1694, à la demande de la General Court du Massachusetts, pour s’occuper des difficultés suscitées par les Français et les Indiens. En 1705, un second Province Galley, celui-ci armé de 16 à 18 canons, vint remplacer le premier et Southack en assuma le commandement jusqu’en 1714. À titre de commandant de ces deux vaisseaux, Southack s’employa à protéger les côtes de la Nouvelle-Angleterre et son commerce maritime contre les incursions françaises ; il représenta le Massachusetts lors des pourparlers avec les Indiens qui demeuraient à la frontière septentrionale de la colonie et il essaya également de mettre un frein au commerce illégal avec les Français. En 1696, il participa à une attaque contre le quartier général du gouverneur, Joseph Robinau* de Villebon, sur la rivière Saint-Jean, attaque qui se solda par un échec. Il participa à d’autres expéditions contre l’Acadie, en 1704 et en 1707, respectivement sous les ordres de Benjamin Church* et de John March*, et joua un rôle important lorsqu’il s’agit de sauver l’établissement de Casco lors de l’attaque effectuée par les troupes françaises sous les ordres d’Alexandre Leneuf* de La Vallière, en 1703. Il commandait le Province Galley, en 1710, au moment de l’expédition victorieuse contre Port-Royal, dirigée par Francis Nicholson*. Au cours de cette période, il dressa également des cartes marines de la côte de la Nouvelle-Angleterre, de la rivière Saint-Jean et du fleuve Saint-Laurent.

En 1711, quand s’organisa l’expédition contre Québec, sous la direction de sir Hovenden Walker*, on demanda à Southack, probablement à cause de son expérience de cartographe et de navigateur, de servir de guide pour la remontée du Saint-Laurent. Pendant qu’à Boston on appareillait les navires, Walker logea avec Southack afin de profiter de la connaissance que ce dernier avait du fleuve jusqu’à Québec. Southack, toutefois, hésitait à accompagner l’expédition, malgré les vives instances de Walker. Par la suite, on l’envoya à Annapolis Royal pour y prendre des hommes, des vivres et des munitions. Il devait se joindre à l’expédition lorsqu’elle serait en route vers Québec mais il en fut empêché, ayant été retenu à Annapolis. À la fin de la guerre de la Succession d’Espagne, en 1713, on dépêcha Southack en Nouvelle-Écosse, avec mission d’informer les corsaires français que la guerre était terminée. Sa démarche se solda par la perte de son sloop d’une valeur de £200, aux mains des corsaires, soit à l’île du Cap Sable, soit à Port La Tour. Au cours des quelques années qui suivirent, il fit partie de plusieurs missions gouvernementales. Il accompagna Thomas Smart* à l’île Royale (île du Cap-Breton) en 1718, afin de conférer avec le gouverneur français, Saint-Ovide [Monbeton], au sujet de l’empiétement des Français sur les pêcheries de Canseau (Canso). La même année, il était à Québec en qualité de commissaire, pour tenter de régler la querelle des frontières de la Nouvelle-Écosse. Au début de 1720, il chercha à obtenir un renouvellement de sa charge de commissaire des frontières et sollicita une pension en reconnaissance des services rendus.

En avril 1720, Southack fut nommé au premier Conseil de la Nouvelle-Écosse. Il assista aux premières réunions du conseil cette année-là puis retourna en mer. En août 1721, il commanda le William Augustus qui servit à amener le gouverneur Richard Philipps et Paul Mascarene à Canseau. Le printemps suivant, on utilisa le William Augustus pendant dix jours pour effectuer le relevé hydrographique de la côte au nord de Canseau mais on ne sait pas si Southack fit personnellement le relevé. Ce travail fut repris plus tard la même année, mais des difficultés avec les Indiens vinrent l’interrompre ; il est possible que les vaisseaux de pêche anglais aient été l’objet d’attaques. Southack reprit la mer en 1723 mais le William Augustus fut désarmé plus tard la même année. En 1724, le major Lawrence Armstrong* demanda que Southack et plusieurs autres membres absents fussent remplacés au Conseil de la Nouvelle-Écosse.

Il semble qu’en 1724 Southack s’était déjà retiré de la vie publique et il se peut qu’il ait alors limité son activité à ses entreprises commerciales par ailleurs fort étendues. À ses débuts, en 1690, il était copropriétaire d’un vaisseau corsaire et améliora sa situation en se dirigeant du côté des pêcheries et, en une circonstance au moins, il s’occupa de la vente de matériaux de construction. Toutefois, pratiquer la pêche au large de la Nouvelle-Écosse était alors une entreprise non exempte de risques. En 1715, la vie de Southack fut mise en péril par des Indiens alors qu’il pêchait à Port Roseway (Roseway, N.-É.), et il dut prendre la fuite, subissant des pertes s’élevant à £600. En 1718, il possédait un sloop de pêche estimé à £300 que des Indiens incendièrent lorsque l’embarcation échoua sur le rivage. Il prétendit cette année-là avoir perdu en tout, au cours des années, dix sloops d’une valeur totale de £6 000. Il avait aussi des intérêts dans les établissements de pêche de Canseau ; il possédait des biens à cet endroit en 1725 et probablement avant.

On sait peu de chose des activités de Southack après 1724. Il semble qu’il ait continué à s’occuper de King’s Chapel à Boston, au moins jusqu’en 1739 ; cette date marque le terme de son mandat comme membre du conseil de l’église et aussi la fin d’une longue période consacrée au service de son Église, période qui avait débuté vers 1702. En 1733 un comité formé de membres du conseil municipal de Boston lui ordonna d’effectuer des réparations à sa propriété en raison des dangers qu’elle pouvait comporter pour le public. Cela ne signifie aucunement qu’il était pauvre car à sa mort, en 1745, il laissait une succession de plus de £3 600.

Donald F. Chard

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Donald F. Chard, « SOUTHACK, CYPRIAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/southack_cyprian_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
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