MARCH (Marsh, Mark ou Martch), JOHN, aubergiste, constructeur de navires et patron d’un bac transbordeur à Newbury, Mass., colonel dans la milice de la baie du Massachusetts. Il participa activement à plusieurs combats qui opposaient les Anglais aux Français et aux Indiens. Il était le quatrième enfant de Judith et de Hugh March ; né le 10 juin 1658 (ancien style) à Newbury, mort au mois de juillet 1712 à Woodbridge, N.J. Il épousa Jemima True, à Newbury, le 1er octobre 1679.

En 1690, March était capitaine d’une compagnie de volontaires qui participa à la malheureuse expédition de Sir William Phips* contre Québec. En 1692 et 1693, il termina la construction du fort William Henry à Pemaquid, et fut « commandant du fort de Leurs Majestés » jusqu’en 1695. En novembre 1694, March prit part à la capture de Bomoseen, le chef de la tribu des Canibas, quand ce dernier vint parlementer à Pemaquid. Puis, en 1697, il se mit de nouveau au service de la colonie de la baie du Massachusetts. Craignant une formidable invasion des forces maritimes et terrestres françaises, le lieutenant-gouverneur Stoughton essaya de « mettre toute la province sur le pied de guerre ». March, qui était alors major, fut envoyé avec environ 500 soldats pour prévenir toute incursion de l’ennemi le long de la frontière orientale du Maine. Le 9 septembre, il rencontra et repoussa un groupe de 200 guerriers indiens et « plusieurs Français » sur les bords de la rivière Damariscotta. Ce succès, ajouté à l’échec de la tentative du marquis de Nesmond d’envahir la Nouvelle-Angleterre par voie de mer, amena temporairement la paix aux frontières.

Emmenant sa famille et ses biens, le major March devint en 1702 « commandant et maître du troc au fort [Loyal] de la baie de Casco » (Falmouth, Portland, Maine), situé aux « avant-postes ». Lorsqu’un an plus tard le fort subit une rude attaque des Abénaquis conduits par Alexandre Leneuf de Beaubassin, March y fut blessé et perdit presque tout ce qu’il possédait. En raison de sa « défense courageuse », il fut promu lieutenant-colonel et commanda le fort de la baie de Casco jusqu’en 1707.

La même année, Joseph Dudley, gouverneur du Massachusetts, désigna le colonel March pour conduire l’expédition prévue contre Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.), le décrivant en ces termes : « Un très bon officier et si estimé que j’espère ne pas être obligé de réquisitionner des hommes ». Sous bien des rapports, ce choix s’avéra malheureux. Un vent de rébellion parmi les officiers subalternes, le manque de préparation des troupes et l’indécision de March amenèrent l’expédition à un échec. Les colonels Francis Wainwright et Winthrop Hilton reçurent le commandement de deux régiments de la milice. Ces forces comprenant plus de 1 000 hommes jetèrent l’ancre dans la rade de Port-Royal le 26 mai 1707 (6 juin, nouveau style). Les défenseurs de Port-Royal, sous le commandement de Daniel d’Auger de Subercase, ne dépassaient pas 200 hommes. Cette garnison s’était trouvée quelque peu renforcée par l’arrivée récente d’un petit détachement d’environ 60 hommes commandés par Louis Denys* de La Ronde et Amiot de Vincelotte. Quelques jours après le déclenchement du combat, Bernard-Anselme dAbbadie de Saint-Castin arriva avec un recrutement d’Abénaquis. Les forces françaises et indiennes se défendirent courageusement. Finalement, après maintes délibérations, les troupes de la Nouvelle-Angleterre rembarquèrent le 5 juin, ayant « peu [...] accompli en harcelant l’ennemi ». March se retira à Casco où il fut pratiquement relevé de son commandement par trois délégués envoyés par le gouverneur Dudley. En août, à sa deuxième tentative devant Port-Royal, la santé et le moral de March s’effondrèrent au point qu’il dut remettre son commandement au colonel Wainwright. Les forces françaises, toujours commandées par Subercase et Saint-Castin, étaient bien prêtes cette fois et résistèrent à la menace anglaise. Par la suite, ordre fut donné de constituer un tribunal militaire mais il y avait tellement d’officiers coupables d’infractions que ce tribunal ne se réunit jamais. Pour répondre aux accusations de lâcheté portées contre March par ses contemporains déçus et irrités, le jugement de Penhallow (1726) devrait suffire : March « était un homme bien courageux [...] mais la tâche qu’il entreprit était pour lui un fardeau trop lourd à porter ».

The Boston News-Letter annonça en ces termes la mort de March : « New York, 28 juillet ; la semaine dernière le colonel John March de Newbury est décédé à Woodbridge, New Jersey ».

John David Krugler

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John David Krugler, « MARCH (Marsh, Mark, Martch), JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/march_john_2F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
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