Provenance : Bibliothèque et Archives Canada/MIKAN 3431366
SCHREIBER, sir COLLINGWOOD, ingénieur et fonctionnaire, né le 14 décembre 1831 à Bradwell-on-Sea, Angleterre, quatrième fils du révérend Thomas Schreiber et de Sarah Bingham ; le 9 juillet 1856, il épousa dans le canton de Scarborough, Haut-Canada, Caroline MacLean (décédée en 1892), et ils eurent quatre filles et un fils, puis le 14 novembre 1898, à Ottawa, Julia Maude Gwynne, fille de John Wellington Gwynne* ; décédé dans cette ville le 23 mars 1918.
Après avoir reçu sa formation d’arpenteur et d’ingénieur en Angleterre, Collingwood Schreiber immigra à Toronto avec sa famille en 1852 et se joignit à l’équipe technique de la Hamilton and Toronto Railway Company. En 1856, il se lança dans la pratique privée avec Sandford Fleming ; quatre ans plus tard, il quitta ce bureau pour assumer les fonctions d’ingénieur-surintendant de la construction à la Northern Railway Company of Canada. Le 1er mai 1864, il entama sa carrière de fonctionnaire en obtenant, en Nouvelle-Écosse, un poste à temps partiel d’ingénieur divisionnaire ; il fut affecté au projet de l’Intercolonial et à l’Eastern Extension Railway, qui devait mener à Pictou. Il devint ingénieur de section à plein temps de l’Intercolonial le 1er octobre 1868 ; à ce moment-là, ce chemin de fer relevait du gouvernement fédéral et avait Fleming comme ingénieur en chef. À la fin de 1871, Schreiber accéda au poste d’ingénieur de district pour l’Intercolonial à Amherst. Son appui à Fleming, qui proposait d’emprunter le trajet du lac Folly par les monts Cobequid en Nouvelle-Écosse plutôt que le trajet par le ruisseau Madison, avantageux seulement du point de vue de la politique locale, montre que, déjà, ses décisions s’appuyaient avant tout sur des considérations techniques, comme ce serait le cas tout au long de sa carrière. En octobre 1873, Schreiber devint ingénieur en chef de tous les chemins de fer gouvernementaux en exploitation. Par ailleurs, en 1871, il avait commencé, à titre privé, à faire des travaux d’entrepreneur pour la Prince Edward Island Railway Company, dont certains en association avec Isaac Burpee*.
Schreiber se consacra ensuite au réseau ferroviaire dont rêvait le premier ministre du pays, sir John Alexander Macdonald*. Conscient des énormes défis que les montagnes de l’Ouest représentaient pour les ingénieurs, il était pourtant d’avis que le Canada ne pourrait pas prospérer sans prolonger ses voies ferrées. En juin 1880, il remplaça Fleming au poste d’ingénieur en chef de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique. Le mois suivant, il devint directeur général de tous les chemins de fer gouvernementaux en exploitation et fut affecté, à ce titre, au nouveau département des Chemins de fer et Canaux à Ottawa [V. sir Charles Tupper]. Selon lui, ses fonctions consistaient à veiller à ce que les « voies [du pays] soient exploitées de façon économique et les affaires menées promptement ». Chargé de contrôler les coûts de la construction du chemin de fer canadien du Pacifique, il joua un rôle important dans la détermination des tarifs ferroviaires et des modalités du financement gouvernemental. Par exemple, ses propositions de janvier 1884 sur un gros prêt à la compagnie ferroviaire aidèrent à protéger le gouvernement contre des pertes et à permettre à la compagnie de poursuivre les travaux. De même, par ses nombreuses tournées d’inspection, dont une de 82 milles en juin en terrain difficile au nord du lac Supérieur avec le directeur général William Cornelius Van Horne (qui devint un de ses amis intimes), il contribua à l’achèvement du chemin de fer en 1885.
À titre d’ingénieur en chef, Schreiber se distingua par son efficacité et son souci d’économie. Il n’aimait pas que les hommes politiques s’ingèrent dans les décisions d’ordre technique et tolérait mal le favoritisme. Bien qu’il ne soit pas allé jusqu’à refuser de trouver un emploi à un neveu d’une connaissance de Macdonald, il déclara clairement en 1880 devant la commission royale d’enquête sur la fonction publique que, dans son département, les promotions s’accordaient au mérite. Aux yeux de certains membres du gouvernement, dont le ministre de la Justice John Sparrow David Thompson*, Schreiber et son ministre de 1884 à 1889, John Henry Pope*, formaient un tandem caustique, autoritaire et peu disposé à dispenser des faveurs.
Lorsque Toussaint Trudeau* prit sa retraite le 1er décembre 1892, Schreiber lui succéda au poste de sous-ministre. En même temps, il assuma la direction technique des canaux et celle des chemins de fer, que le Conseil privé venait de fusionner. Cet homme à qui aucun détail n’échappait écrivait en 1892 que les fonctionnaires devaient agir « avec le souci d’épargner, sans jamais oublier que le grand art consiste à bien rendre un service, au moindre coût possible, [et qu’] administrer avec extravagance n’est pas administrer avec compétence ». Il sanctionnait jusqu’aux décisions mineures de ses subordonnés, réorganisa le département, réduisit son personnel et limita les dépenses. Cependant, de 1899 à 1903, il réclama constamment une augmentation de son personnel, car les attributions de son département augmentaient à mesure que s’étendait le réseau ferroviaire du pays. Cofondateur de la Société canadienne des ingénieurs civils en 1887, il avait reçu pour son travail le titre de compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges en 1893.
Schreiber resta sous-ministre et ingénieur en chef lorsque les libéraux dirigés par Wilfrid Laurier prirent le pouvoir en 1896. Au début, ses relations avec le nouveau premier ministre semblèrent tendues, mais elles s’améliorèrent à mesure qu’augmentait la participation du gouvernement au financement et à la construction du chemin de fer national transcontinental [V. Charles Melville Hays]. Le 1er juillet 1905, Matthew Joseph Butler* succéda à Schreiber aux postes de sous-ministre et d’ingénieur en chef. Ainsi, Schreiber, alors âgé de 73 ans, put assumer un poste spécial de fonctionnaire, celui d’ingénieur-conseil auprès de la Grand Trunk Pacific Railway Company, qui était la division ouest du chemin de fer national transcontinental. Encore une fois, dans l’exercice de ces fonctions, il privilégierait le faisable plutôt que le convenable et contrôlerait attentivement les investissements gouvernementaux. En 1905–1906, un différend l’opposa aux administrateurs de la Grand Trunk Pacific Railway Company à propos du trajet par les Rocheuses. Il fut aussi dur dans ses rapports avec la Canadian Northern Railway Company, qui construisait un transcontinental concurrent. Peu porté à la sympathie envers les entrepreneurs, il était déçu par la lenteur des travaux du Grand Trunk Pacific et par le peu d’ouvriers bien disposés, et il favorisa l’importation de main-d’œuvre de couleur pour hâter l’achèvement du chemin de fer. De même, il se montra critique envers les syndicats. Pendant un arrêt de travail au Grand Trunk Pacific en 1912, tant les ouvriers de la construction que la presse de l’Ouest le blâmèrent pour sa mauvaise compréhension des enjeux du conflit. Après l’ouverture du Grand Trunk Pacific au trafic transitaire en 1914, il resta employé du gouvernement en tant qu’ingénieur-conseil général.
Schreiber était un homme de forte stature dont l’âge ne sembla jamais entamer la vigueur. En octobre 1913, il avait entrepris une tournée d’inspection du Grand Trunk Pacific au cours de laquelle il franchit une distance de 214 milles entre deux tronçons au moyen de trois petits bateaux et d’un boghei. Dans ses mémoires parus en 1914, sir Charles Tupper, qui en tant que ministre des Chemins de fer et Canaux avait travaillé avec Schreiber à la construction du chemin de fer canadien du Pacifique, déclara : « dans toute ma carrière, jamais je n’ai rencontré personne qui ait eu un tel amour du travail – ou une telle capacité de travail ». Créé en 1916 chevalier commandeur de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges, Schreiber s’occupa activement des chemins de fer gouvernementaux jusqu’à la fin de sa vie. Il mourut d’un cancer en 1918 à Elmsleigh, sa maison d’Ottawa.
Ingénieur et administrateur compétent, sir Collingwood Schreiber accéléra l’achèvement du chemin de fer canadien du Pacifique et du Grand Trunk Pacific. Sa contribution à la. réalisation du rêve national constitue son principal apport au développement économique et régional du pays.
AN, MG26, A ; D ; F ; G ; H ; MG28, III 20, registre des lettres de Van Horne ; RG 11, B1(d) ; B2 ; RG 43, AIII, l ; BIV, 2, particulièrement vol. 1835 : 739 ; RG 55, 20011 : 145–146.— AO, F 647, MU 2664, 2669, 2678, 2685–2688, 2720–2722 ; RG 22-354, no 8628 ; RG 80-5-0-266, no 3972 ; RG 80-8-0-659, no 12700.— Essex Record Office (Chelmsford, Angleterre), T/R 56 (RBMS, Bradwell-on-Sea), 14 janv. 1832 (transcription).— Globe, 15 juill. 1856.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1867–1919, liste civile, 1885–1918 ; rapports du ministre des Travaux publics, 1866–1879, et du dép. des Chemins de fer et des Canaux, 1880–1918.— Canada, prov. du, Parl., Doc. de la session, 1861–1866, rapports du commissaire des Travaux publics, 1860–1865.— Canada’s smallest province : a history of P.E.I., F. W. P Bolger, édit. (Charlottetown, 1973).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— Correspondence between the provincial government, Messr Schreiber & Burpee, contractors for building the Prince Edward Island Railway and Thomas Swinyard [...] (Charlottetown, 1875).— CPG, 1887, 1897.— Sandford Fleming, The Intercolonial : a historical sketch of the inception, location, construction and completion of the line of railway uniting the inland and Atlantic provinces of the dominion (Montréal et Londres, 1876).— Lorne Green, Chief engineer : life of a nation builder – Sandford Fleming (Toronto, 1993).— H. A. Innis, A history of the Canadian Pacific Railway (Toronto, 1923 ; réimpr., Toronto et Buffalo, N.Y., 1971).— Frank Leonard, A thousand blunders : the Grand Trunk Pacific Railway and northern British Columbia (Vancouver, 1996).— Railway and Shipping World (Toronto), l (1898) : 113.— T. D. Regehr, The Canadian Northern Railway, pioneer road of the northern prairies, 1895–1918 (Toronto, 1976).— H. G. Schreiber, « Schreiber pedigree » (texte dactylographié, [Toronto], 1960 ; exemplaire conservé au DBC).— G. R. Stevens, Canadian National Railways (2 vol., Toronto et Vancouver, 1960–1962).— Charles Tupper, Recollections of sixty years in Canada (Toronto, 1914).— Waite, Man from Halifax.
Sean Gouglas, « SCHREIBER, sir COLLINGWOOD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 nov. 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/schreiber_collingwood_14F.html.
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 28 novembre 2024 |